Un “gendre idéal” au “discours rassis” : quand Jordan Bardella intrigue nos voisins

Un “gendre idéal” au “discours rassis” : quand Jordan Bardella intrigue nos voisins

Alors que l’échéance des élections européennes approche, le “phénomène Bardella” semble une nouvelle fois dépasser les frontières de l’Hexagone. En 2019 déjà, le jeune homme intriguait la presse internationale. “L’enfant de la banlieue qui a remis Le Pen sur les rails”, titrait alors le quotidien italien Corriere della serra. Depuis, le poulain a été propulsé à la tête du Rassemblement national (RN), “premier parti de France”, selon la formule des frontistes. D’après les derniers sondages, sa liste caracole à plus de 30 %, loin derrière celle de Valérie Hayer (Renaissance), qui touche du bout des doigts les 20 % d’intentions de vote. Et à seulement 28 ans, le jeune espoir des nationalistes se classe parmi les 50 personnalités préférées des Français, selon le baromètre du Journal du Dimanche.

À l’étranger comme en France, la fulgurance de son ascension fascine autant qu’elle interroge. En Suisse, la RTS dépeint le président du parti frontiste comme la “nouvelle idole des jeunes Français”. Le quotidien libéral-conservateur allemand Die Welt va plus même plus loin, n’hésitant pas à convoquer des références bibliques : Jordan Bardella ? “Il est jeune, intelligent, et semble actuellement pouvoir marcher sur l’eau aux yeux de ses partisans”.

“L’enfant prodige de la droite (qui) imite Chirac et fait de l’ombre à Le Pen”, renchérit La Repubblica. Dans la presse étrangère, le terme “Bardella-mania” est régulièrement cité, comme dans La Stampa. Le périodique transalpin nuance toutefois : “Le “bardellisme” n’existe pas encore.” Reste que sa jeunesse, sa dextérité et sa popularité ont largement aidé le RN à faire peau neuve. “Il est le visage de la normalisation de l’extrême droite française”, martèle La Repubblica.

Hier fils d’immigré, aujourd’hui “entrepreneur à la Macron”

Jordan Bardella, pièce maîtresse de l’entreprise de dédiabolisation de l’extrême droite française ? Un leurre pour El País. Le président du RN porte le “discours rassis de toujours”. “La stratégie du jeune faucon, fils d’immigré, semble fonctionner, puisque sa popularité ne cesse de croître dans les sondages”, concède toutefois le quotidien espagnol.

La Repubblica revient notamment sur ses origines sociales : “Sa mère Luisa est née à Turin et a émigré avec son mari dans les années 1980 à Drancy, une banlieue ouvrière et défavorisée au nord de la capitale”. Aujourd’hui député européen en passe d’être réélu, Jordan Bardella rêverait de ressembler à Emmanuel Macron, selon El País. “Son image d’homme moderne et dynamique, […] de défenseur de l’IA et du monde de la tech, est bien loin de l’idéal poussiéreux du leader RN”.

Outre-Quiévrain, la RTBF voit en Jordan Bardella un Tom Van Grieken (le patron du parti nationaliste belge Vlaams Belang) français. Arborant une “tête de “gendre idéal”, les deux hommes auraient contribué à “une sorte de lissage du discours d’extrême droite”, estime la RTBF. De son côté, Bild se passionne pour le “duel de l’année”. Celui qui oppose le “mini-Macron au petit-Le Pen” dans le cadre du scrutin européen. Comprendre Gabriel Attal contre Jordan Bardella, assimilés à “deux stars de cinema” par le tabloïd allemand.

Un “futur chef d’Etat” ?

Une image bien éloignée de celle de Valérie Hayer. Le Daily Telegraph l’a bien compris, la tête de liste macroniste souffre d’un déficit de notoriété. “Certains s’interrogent sur le fait qu’une femme politique peu connue telle que Mme Hayer puisse avoir une chance face au très médiatique Jordan Bardella”, souligne le quotidien britannique. Davantage encore, lorsque le président du RN est […] considéré comme un futur chef d’Etat dans un pays de plus en plus à droite”, rappelle le Daily Telegraph. Une petite musique qui fait écho à l’hypothèse de Gavin Mortimer. Dans les colonnes du Spectator, l’écrivain britannique estime que “la marionnette [NDLR : Jordan Bardella] pourrait bien se retourner contre son maître [NDLR : Marine Le Pen] d’ici les élections de 2027”, élude-t-il…

Une hypothèse d’autant plus plausible que Jordan Bardella dipose d’un certain nombre d’atouts, longtemps recherchés au sein du parti d’extrême-droite fondé en 1972. Primo, “le talent oratoire” dont n’est pas dotée Marine Le Pen, juge Gavin Mortimer. La cheffe de file des députés RN serait selon lui “une mauvaise communicante et une politique timorée”. “Elle a tendance à devenir irritable et sarcastique pendant les interviews, alors que Bardella est froidement confiant. Il est suave et bien habillé, conscient de l’importance de l’image pour l’électeur français moyen”, observe l’auteur britannique.

Deusio, le privilège de la jeunesse. Sa principale “différence avec Marine et Jean-Marie le Pen”, observe La Stampa. Tertio, Jordan Bardella n’est pas un Le Pen. De quoi tordre le coup au népotisme interne, sujet aux critiques. Vite dit. Car si la presse française ne fait pas grand cas de la vie privée du jeune loup nationaliste, les médias étrangers semblent s’intéresser à sa relation supposée avec la nièce de Marine Le Pen, Nolwenn Olivier. “La famille Le Pen aurait ainsi deux fois plus de pouvoir”, glisse le tabloïd allemand Bild. Le quotidien britannique The Guardian met lui aussi en garde : Jordan Bardella constitue “un danger imminent”.

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