Ventes de livres : la revanche de l’art et de la poésie

Ventes de livres : la revanche de l’art et de la poésie

Tout le monde ne connaît peut-être pas Thomas Schlesser, historien de l’art, directeur de la Fondation Hartung-Bergman, à Antibes, mais tout le monde va bientôt connaître ce spécialiste de Courbet à en croire sa spectaculaire arrivée dans notre palmarès des fictions. Son premier roman, Les Yeux de Mona (Albin Michel), surgit en effet à la 3e place. Il n’y est question de Hartung, de Courbet mais aussi d’une cinquantaine d’autres artistes, présents dans différents musées parisiens, du Louvre à Beaubourg en passant par Orsay. L’idée est astucieuse : une petite fille de 9 ans va perdre la vue dans cinquante-deux semaines et, avant qu’il ne soit trop tard, son grand-père lui fait découvrir 52 toiles, une par semaine donc, pour lui transmettre ses émerveillements et lui faire comprendre combien les artistes éclairent la vie. En France, Les Yeux de Mona emballe la presse, célébré, joli grand écart, aussi bien par BFMTV que par Arte TV, et à l’étranger il affole les éditeurs – ils sont déjà plus de 25 à avoir acquis les droits.

Elle aussi, Camille de Peretti, nous parle d’art dans son 9e roman, L’Inconnue du portrait, et plus précisément d’un tableau de Klimt, Portrait d’une dame, peint en 1910 et remanié (un repeint) en 1917. Un tableau qui réserve bien des mystères. Qui est cette jeune femme au chignon sage ? Pourquoi l’artiste autrichien l’a-t-il remanié ? Par qui cette toile a-t-elle été volée en 1997 avant de réapparaître vingt ans plus tard ? Autant de questions auxquelles l’imagination de Camille de Peretti fournit des réponses fort romanesques et appréciées par un public qui la place au 16e rang des best-sellers de la semaine.

Le regretté poète et écrivain Christian Bobin (1951-2022), a connu, lui, son premier succès littéraire en 1991 avec Une petite robe de fête (Gallimard) suivi du Très-Bas, en 1992, prix des Deux Magots. Son tout dernier ouvrage, posthume, donc, vient d’être publié sous le titre Le Murmure. Commencé chez lui, au Creusot, en juillet 2022, poursuivi sur son lit d’hôpital durant les deux mois précédant sa mort, le 23 novembre 2022, Le Murmure est “la trace d’une course entre l’amour et la mort” et chemine entre “le merveilleux et l’obscur”, comme l’écrit joliment son éditeur, Gallimard. Christian Bobin y célèbre la beauté des choses, le son d’un piano, les vers de Rimbaud, les vitraux de l’abbatiale de Conques, son amour pour Lydie, sa femme… Les nombreux lecteurs de son œuvre ont accouru, propulsant cette ultime ode aux beautés simples à la 7e place.

Du côté des essais, on signalera l’ouvrage posthume d’un autre auteur fort regretté, l’économiste Daniel Cohen (décédé en août 2023), dont l’éditeur Albin Michel publie Une brève histoire de l’économie, qui brosse avec une grande clarté et un souci pédagogique certain l’histoire de l’économie de l’aube de l’humanité à nos jours. Ont également débarqué dans le palmarès Thomas Misrachi (Le Dernier Soir, Grasset), Anthony Bourbon, (Forcez votre destin. Résilience, ambition, passion : toutes les clés pour réussir, Michel Lafon), Alain Bauer (Tu ne tueras point. La globalisation piteuse (t. II), Fayard), Annette Wieviorka (Anatomie de l’Affiche rouge, Seuil), et Christophe Dechavanne (Sans transition, Flammarion). On vous en parlera plus longuement prochainement.

NEW3789 PALMARES

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