Les entreprises du Vieux Continent se montrent vertueuses dans l’électrification de leurs flottes automobiles. Et, sans surprise, les pays d’Europe du Nord font la course en tête. Les sociétés suédoises et finlandaises caracolent en tête avec un taux d’adoption respectif de 37 % et de 30 %. Elles sont suivies de près par les néerlandaises (27 %), les luxembourgeoises (25 %) et les belges (23 %).

Le Plat Pays affiche même un record : les immatriculations de voitures électriques y ont été deux fois plus importantes que celles des diesels en 2023 – sachant que 90 % appartenaient à des sociétés. Deux mesures expliquent cet engouement : la suppression des subventions aux hybrides rechargeables et un tour de vis législatif qui impose aux entreprises des parcs automobiles 100 % à batterie à partir de 2026. Le bâton ne va cependant pas sans carottes. D’ores et déjà, les professionnels bénéficient d’une déduction fiscale de 100 % lors de l’achat. Cette déductibilité s’applique également à l’entretien et l’assurance, et cela que le véhicule soit acquis en propre ou en location avec option d’achat. Enfin, ultime coup de pouce, les entreprises peuvent déduire de leurs impôts 75 % de la facture d’électricité utilisée pour le rechargement.

Deux autres décisions devraient encore accélérer la transition des flottes. Dès 2030, les diesels seront bannis de la ville de Bruxelles et les essences le seront à leur tour à partir de 2035. Pour sa part, le gouvernement flamand tolérera après 2029 dans la région qu’il administre uniquement les ventes de modèles électriques, y compris pour les camionnettes.

En Allemagne, le gouvernement s’est montré plus coercitif encore. Dès décembre 2023, avec un an d’avance sur le calendrier prévu, il a brutalement mis fin à la prime écologique de 4 500 euros qui était versée jusque-là. Une mesure qui touche plus d’une centaine de modèles, pour moitié des SUV. Les clients qui avaient passé commande en comptant sur la prime se retrouvent en carafe. Déjà, en septembre, le bonus avait été sabré pour les voitures commerciales. De fait, les experts du CAM, l’institut scientifique de l’automobile allemand, redoutent un recul des ventes compris entre 50 000 à 100 000 unités pour cette année.

Une croissance de… 102 % au Portugal !

Longtemps à la traîne, la péninsule ibérique rattrape son retard. En Espagne, les immatriculations de voitures électriques ont bondi de 69,4 % et celles des hybrides de 30 % en 2023 grâce à l’instauration de primes s’élevant à 7 000 euros pour les premières et de 5 000 euros pour les secondes, accordées aux véhicules dont le prix ne dépasse pas 45 000 euros. Chez son voisin portugais, les véhicules zéro émission ont enregistré une croissance de… 102 % la même année et constituent désormais 15 % des flottes. Les motorisations mixtes rechargeables ont également progressé. Elles ont représenté 31,8 % des ventes et s’arrogent une part de marché de 13,6 %, contre 10,2 % en 2022.

Pour sa part, l’Italie s’est enfin décidée à accélérer la reconversion de son parc automobile, l’un des plus vétustes du Vieux Continent. En février, le gouvernement a déclaré vouloir consacrer 950 millions d’euros pour soutenir l’électrification du parc d’ici à 2030. Cette somme fait partie d’un budget plus large de 8 milliards d’euros dans lequel est inclus le développement des infrastructures de recharge. Les aides s’étalent de 4 000 à 13 700 euros pour des véhicules dont le prix n’excède pas 35 000 euros et concernent dans un premier temps les versions au gaz GPL ou GNV. Les primes sont également accordées aux hybrides rechargeables de moins de 45 000 euros.

De quoi penser qu’en dépit d’un environnement économique assez perturbé, l’électromobilité continue à se déployer en Europe.

Un article du dossier spécial “Automobile” de L’Express, paru dans l’hebdo du 18 avril.