Von der Leyen empêtrée dans le “Piepergate” : ces noms qui circulent déjà pour la remplacer

Von der Leyen empêtrée dans le “Piepergate” : ces noms qui circulent déjà pour la remplacer

La conversation reste informelle et discrète, mais les dirigeants des 27 pays de l’Union s’interrogent sur la reconduction d’Ursula von der Leyen pour un second mandat à la tête de la Commission européenne. Il faut dire que l’étoile de l’ex-ministre allemande de la Défense a un peu pâli ces derniers mois. Ses prises de position atlantistes ou pro-israéliennes font grincer des dents sur le continent tout comme sa gouvernance, jugée trop solitaire. Rebaptisée “Piepergate”, la nomination de Markus Pieper, un eurodéputé de la CDU, au poste bien rémunéré d’envoyé de l’Union européenne pour les PME n’en finit pas de faire des vagues. Le propre camp de “VDL” peine à digérer son grand œuvre, le Pacte vert pour l’environnement. Le parti populaire européen (PPE) a d’ailleurs validé sa nouvelle candidature sans grand enthousiasme lors de son congrès de Bucarest début mars.

Même si ses chances restent sérieuses, ce faisceau d’éléments vient nourrir les spéculations. D’autres noms circulent, notamment à droite, car traditionnellement, la présidence de la Commission européenne revient au parti qui arrive en tête aux élections. Et cette fois encore, le PPE devrait s’imposer. Déjà intéressé par le poste il y a cinq ans, le Premier ministre croate Andrej Plenkovic demeure sur les rangs, mais les scandales de corruption qui marquent son exercice du pouvoir dans son pays inquiètent. Le président roumain Klaus Iohannis s’est lui positionné ouvertement pour le secrétariat général de l’Otan, poste pour lequel ses chances sont minces. Les observateurs y ont donc vu une façon détournée de manifester son intérêt pour un poste européen. Kyriakos Mitsotakis, le chef du gouvernement grec, figure également parmi les “papables”. “Il est fort, c’est le plus charpenté du trio, politiquement et intellectuellement”, souffle une source.

Quoi qu’il en soit, les dirigeants en exercice restent la plupart du temps dans l’ombre, pour ne pas prendre le risque d’un échec public. “En réalité, les Premiers ministres préfèrent le rôle de Président du Conseil européen, persifle un fin connaisseur de la politique européenne. Tout comme Matignon, la Commission est une boîte à problèmes. En plus, le prochain Parlement européen va être très difficile à manœuvrer”.

“Plan B maltais”

Toujours chez les conservateurs, le nom de l’actuelle Présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, revient régulièrement. “Elle ferait un parfait plan B à von der Leyen”, estime un observateur d’une autre famille politique. Les dirigeants des 27 ont appris à la respecter lors des sessions qu’ils tiennent avec elle à chaque sommet. “C’est toujours très politique, un vrai débat, elle a acquis plus de légitimité que ses prédécesseurs”, confirme un diplomate.

Enfin, certains jouent avec l’idée d’un patron de la Commission moins politisé. “Celui qui peut mettre le bazar, c’est Macron” s’inquiète une source au PPE. Membre de la famille centriste de Renew, le président français a critiqué implicitement la campagne menée par Ursula von der Leyen sous les couleurs du PPE. Il estime que le poste nécessite de s’élever “au-dessus des partis et des pays”.

Un sage nommé Draghi

Selon la presse italienne, le locataire de l’Elysée a testé l’hypothèse Mario Draghi auprès de certains interlocuteurs. L’ancien patron de la BCE est resté très populaire à Bruxelles. A 76 ans, l’homme qui a sauvé l’euro en 2012 fait figure de grand sage et doit présenter dans les prochains jours un rapport très attendu sur la compétitivité de l’Union européenne. Il est en bons termes avec sa successeure à la Présidence du Conseil italien. De fait, Giorgia Meloni pourrait voir son intérêt à placer l’un de ses compatriotes à un poste aussi stratégique. “Les dirigeants ne nommeront jamais quelqu’un qui pense par lui-même”, tente néanmoins de se rassurer un autre membre de la “famille PPE”.

Nouveau profil ou renouvellement de von der Leyen, tout se jouera en tout cas dans les jours suivant le scrutin. Les dirigeants se retrouveront pour un premier dîner d’analyse des résultats le 17 juin, avant de se réunir formellement pour prendre des décisions à la fin du mois. “N’oubliez pas que les noms déjà sortis sont souvent les premiers balayés” sourit une source au cœur des discussions.

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