Sur le marché de l’art, l’attrait retrouvé des oeuvres du Moyen Age

Sur le marché de l’art, l’attrait retrouvé des oeuvres du Moyen Age

Qui aurait imaginé que la littérature d’heroic fantasy, les jeux vidéo, le film Dune ou la série Game of Thrones auraient un impact sur le marché de l’art du Moyen Age, jusqu’alors un segment confidentiel ? Réservée à des amateurs savants et souvent avancés en âge, la Haute Epoque – expression employée par les professionnels pour qualifier les créations artistiques réalisées de l’ère mérovingienne jusqu’à la fin du Moyen Age et pendant la Renaissance – est redevenue tendance. Et ce mouvement s’amplifie encore avec la restauration de Notre-Dame de Paris, qui suscite un regain d’intérêt pour ces siècles lointains. Une nouvelle clientèle, plus jeune, moins érudite, biberonnée à l’esthétique moyenâgeuse des jeux vidéo, s’y intéresse et achète, en salles de ventes ou dans les galeries, sculptures, objets décoratifs et livres enluminés.

Des prix encore sages

Ce secteur longtemps poussif reprenant du poil de la bête, on aurait pu craindre une flambée des prix. Ce n’est heureusement pas le cas. Ils restent même plutôt sages si on les compare à d’autres secteurs spéculatifs du marché de l’art comme le design ou l’art moderne. En fait, mais ce n’est pas une nouveauté, seules les œuvres des grands artistes de la Renaissance, plus particulièrement les Italiens, affolent les compteurs. Un bronze de Giambologna, artiste né à Douai mais dont la carrière est italienne, se négocie aisément plusieurs millions d’euros. Quant aux grands peintres, rappelons que le Salvator Mundi de Léonard de Vinci s’est vendu pour la bagatelle de 450 millions de dollars. Des exceptions.

Pendant plus de mille ans, l’art est essentiellement religieux et cet aspect a certainement contribué à éloigner les amateurs. Il s’agit de représenter le Christ, la Vierge, Jésus et d’illustrer les Evangiles. Ce n’est qu’à l’époque du gothique flamboyant (à partir du XIVe siècle) et pendant la Renaissance que les représentations profanes (portraits, scènes du quotidien ou de la vie de cour, d’amour courtois, de guerre, illustrations de légendes et contes) prennent de plus en plus d’importance.

Retables, petites sculptures et vitraux

Les statues et les retables, diptyques ou triptyques, en bois ou en pierre, dont certains ont conservé leur polychromie d’origine, sont les plus recherchés. Si vous visez des chefs-d’œuvre dignes d’institutions comme le musée Cluny à Paris ou The Cloisters à New York, ensemble de quatre cloîtres médiévaux regroupant les collections du Moyen Age du Metropolitan Museum, il faut investir au moins 50 000 euros et souvent plus de 100 000 euros. Il a fallu ainsi dépenser 106 000 euros pour une Vierge à l’Enfant, dite Sedes Sapientiae, sculpture du dernier tiers du XIIe siècle, 104 000 euros pour une Vierge à l’Enfant hispano-malinoise vers 1500, ou 180 320 euros pour un Christ descendu de la Croix par les anges, œuvre des Pays-Bas méridionaux de la seconde moitié du XVe siècle. Heureusement pour des sommes inférieures à 10 000 euros, voire entre 2 000 et 5 000 euros, on trouve des merveilles. Vous pourrez ainsi acheter des petites sculptures ou éléments de retables, des plaques en ivoire, des éléments de vitraux, des pages de livres d’heures aux riches enluminures et de nombreux objets du culte ou de la vie quotidienne en laiton, en cuivre ou en émaux champlevés, une technique de travail de l’émail propre au Moyen Age.

Ne pensez pas dénicher ces objets dans les brocantes. Les trouvailles y sont très rares. Il faut suivre les ventes aux enchères, certaines sociétés proposant tous les ans des ventes dédiées à la Haute Epoque. C’est le cas des maisons Coutau-Bégarie et Giquello, à l’Hôtel Drouot, à Paris, ou Prunier à Louviers, en Normandie. Les ventes généralistes proposent aussi assez régulièrement quelques lots Haute Epoque. Il faut donc consulter La Gazette Drouot pour en avoir connaissance. A Paris, de nombreux antiquaires situés dans le VIIe arrondissement sont des spécialistes reconnus. Citons Brimo de Laroussilhe, Gabrielle Laroche, Alexandre Piatti et, pour la seule sculpture, la galerie Sismann.

Un dernier conseil si vous vous découvrez une passion pour l’art du Moyen Age. Fréquentez assidûment les musées. Vous vous y ferez l’œil et deviendrez ainsi un vrai médiéviste.

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