2026, les chars russes entrent en Estonie et en Lituanie : “La zone est un point faible de l’Otan”

2026, les chars russes entrent en Estonie et en Lituanie : “La zone est un point faible de l’Otan”

En 2013, qui aurait pu imaginer Daech, l’invasion de l’Ukraine, l’assaut du Capitole ? Pour parer aux menaces même les plus surprenantes, le ministère des Armées a demandé aux chefs d’état-major, dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire, de détailler les dangers qui pèsent sur notre pays. En clair, de proposer des scénarios crédibles justifiant le recours à la force. En toute indépendance, L’Express a souhaité développer ses propres “scénarios noirs” afin d’interroger la préparation, les éventuelles failles de la défense française, et alimenter ainsi le nécessaire débat public sur ces questions à 60 milliards d’euros l’année.

Une quarantaine d’experts – chercheurs, généraux, diplomates, anciens cadres de la DGSE – ont été sollicités pour livrer leurs analyses des principales menaces qui guettent la France d’ici à 2030. La trame de ces sept scénarios a été élaborée à partir d’une tension géopolitique réelle, à laquelle on a intégré, sur les suggestions de nos grands témoins, la loi de Murphy, lui-même militaire américain : “Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal.” Russie, Chine, cyber, djihadisme… La majorité de ces hypothèses recoupent celles sur lesquelles travaillent les armées. Ces scénarios ne constituent aucunement des prévisions. Les militaires, en envisageant par principe le pire, sont les premiers à le savoir : celui-ci n’est jamais sûr. Surtout si on s’y prépare.

Scénario 2 : 2028, Madagascar reprend les îles Eparses à la France, la Chine tire les ficelles

Scénario 3 : 2026 : quatre missiles hypersoniques chinois font couler le porte-avions Charles-de-Gaulle

Scénario 4 : 2024, le Mali tombe aux mains des djihadistes : “Un nouveau Daech pourrait voir le jour”

Scénario 5 : 2027 : une cyberattaque majeure plonge Paris dans le noir pendant sept heures

Scénario 6 : 2028 : la Turquie d’Erdogan attaque les îles Imia, la France vole au secours de la Grèce

Scénario 7 : 2029 : la France et l’Algérie se fâchent, Alger demande de l’aide à la Russie

Scénario 1 : La Russie attaque les pays baltes

Mars 2026. La Russie a lancé son “opération militaire spéciale” en territoire ukrainien depuis quatre ans et le conflit n’a toujours pas trouvé son issue. Depuis plus de deux ans, les positions sont stabilisées sur le front. Aucun cessez­-le-­feu n’a été signé mais la situation s’enlise, à tel point qu’un accord diplomatique est parfois évoqué par certains dirigeants européens. Mais cette solution est rejetée, à toute force, par l’Ukraine. A mesure que le soutien occidental se refroidit, des campagnes de propagande anti-Otan sont diffusées sur les réseaux sociaux des pays baltes. “Si l’Otan apparaît à un moment ou un autre comme faible, on peut imaginer que des fermes à troll russes soient missionnées pour marteler le message que l’Alliance est faible et ne protège pas réellement les populations baltes”, pointe Yohann Michel, chercheur à l’International institute for strategic studies.

Accaparés par des déclarations inquiétantes de Recep Tayyip Erdogan, les médias européens s’intéressent peu au renforcement des forces russes à la frontière estonienne. Le 15 mars, Vladimir Poutine condamne la répression de la minorité russophone en Estonie. Le soir même, des chars et des avions russes pénètrent en territoire estonien tandis que plusieurs bataillons biélorusses, positionnés en continu à la frontière, font de même côté lituanien. il s’agit cette fois d’”assurer la sécurité” de Minsk face aux “élans belliqueux de l’Otan”, déclare, Alexandre Loukachenko, le président de la Biélorussie. “On part du principe qu’on verra forcément les troupes russes arriver, car il y aura des mouvements à la frontière. Mais évidemment, eux essayeront de jouer sur l’effet de surprise”, analyse le général Jean­-Paul Paloméros, ancien chef d’état­-major de l’armée de l’air et ex­-commandant suprême Transformation de l’Otan.

Nous sommes en 2026, et la Russie a décidé d’envahir les pays baltes.

“Les deux ou trois premiers jours seront décisifs”

Les forces alliées positionnées à Tapa, en Estonie, bloquent l’avancée russe à Rakvere, à 100 kilomètres de Tallinn, la capitale. Cinq militaires français sont tués dans les premiers combats. L’article 5 de l’Otan est immédiatement invoqué mais les Etats-­Unis indiquent, par la voix de leur président républicain Ron DeSantis, fidèle à la ligne isolationniste de Donald Trump, qu’ils n’interviendront pas. “Les Etats­-Unis qui se retirent, ce serait le vrai scénario noir pour l’Europe”, s’inquiète le général Michel Yakovleff, ex-­n° 4 de la chaîne de commandement de l’Otan. En l’absence des Américains, ce sont les Français qui mènent la coalition alliée. “On attendrait de nous que nous fournissions une division [environ 25 000 hommes]”, estime le général Yakovleff, qui précise que “les deux ou trois premiers jours seront décisifs”.

La situation géographique pose des problèmes à la France, éloignée du théâtre des opérations. “Cette zone est un potentiel point faible pour l’Otan, car la Russie y dis­pose de l’enclave de Kaliningrad tandis que le corridor de Suwalki peut couper l’Europe en deux si les Russes bloquent les accès”, note Zivile Kalibataite, analyste à l’Institut des hautes études de défense nationale.

Dans les premières heures, des missiles lancés depuis Kaliningrad entravent la progression des navires alliés. L’aviation de l’Alliance, arrivée en quelques minutes, domine rapidement ses adversaires, mais cet avantage n’est pas décisif, étant donné l’efficacité des missiles sol-­air russes. Au sol, l’armée de l’Otan inflige de lourds dégâts à son vis­-à-­vis, puis entame une contre­-offensive le 22 mars. “Le conflit en Ukraine montre que nos forces sont a priori supérieures, mais nous essuierons des pertes. Notre opinion publique est­-elle préparée à cela ? Sans compter qu’il faudra tenir dans la durée”, prévient le général Yakovleff.

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