Agriculteurs : blocages, “contre-salon”… Une semaine à haut risque pour l’exécutif

Agriculteurs : blocages, “contre-salon”… Une semaine à haut risque pour l’exécutif

Après un repli début février, le mouvement des agriculteurs s’apprête-t-il à renaître de ses cendres ? Possible, si l’on en croit les récentes déclarations du président de la FNSEA. “Ce n’est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations que le sujet est terminé”, a prévenu Arnaud Rousseau ce lundi 19 février au micro d’Europe 1. Une mise en garde lancée une première fois le 13 février sur TF1 : les agriculteurs sont “prêts à repartir à l’action” si les réponses ne sont “pas au niveau des attentes, qui sont très fortes”.

Possible également, si l’on regarde du côté des Hautes-Pyrénées, où plusieurs manifestants ont bloqué dans la nuit du 18 au 19 février l’accès à un supermarché à Ibos. Dans les Bouches-du-Rhône également, certains ont décidé de joindre le geste à la parole. À l’aube de ce lundi, une cinquantaine de tracteurs ont ainsi commencé à converger vers Marseille avec pour objectif d’atteindre la préfecture.

“Il y a trois semaines, quand les différents ministres nous ont demandé de nous asseoir à la table des négociations pour faire des propositions de mesures concrètes, on a accepté. Aujourd’hui, il n’y a rien qui avance, en tout cas pas au bon rythme”, s’agace Romain Blanchard, président de la FNSEA des Bouches-du-Rhône et agriculteur à Puyricard, au micro de RMC.

Rémunération, pesticides, accords de libres-échanges…

Ainsi, si les mesures annoncées par le Premier ministre début février ont largement contribué à freiner la mobilisation, elles pourraient toutefois se révéler insuffisantes pour empêcher sa résurgence. Et pour cause, partout en France, les agriculteurs restent dans l’attente de nouveaux arbitrages. Sur le revenu paysan, notamment, mais également sur les normes quant à l’usage des pesticides ou encore les accords de libre-échange. Autant de revendications qui encouragent le secteur à ne pas relâcher la pression sur l’exécutif.

D’autant plus à la veille du Salon de l’agriculture, qui sera inauguré samedi 24 février par le président de la République, comme le veut la tradition. Un véritable jeu d’équilibriste pour Emmanuel Macron qui va devoir se confronter pour la septième année consécutive à la colère d’une profession à bout, et dont les attentes après la mobilisation du début de l’année sont grandes. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau doit s’entretenir avec le chef de l’État dans l’après-midi du mardi 20 février.

Le principal syndicat veut constater les premiers résultats des mesures annoncées et attend la levée de ce qu’elle considère comme des freins à la production (interdiction de pesticides, concurrence déloyale, surabondance de normes et de paperasserie…).

Opération de boycott du Salon de l’agriculture

Le ministre de l’Agriculture est lui aussi attendu Porte de Versailles. Exercice qu’il ne compte pas esquiver, malgré des risques de débordements. “Je ne dis pas forcément que le salon va se passer dans les conditions de sérénité”, a notamment admis Marc Fesneau sur les ondes de France Inter ce dimanche. “Quand on est responsable public, il faut accepter aussi de se confronter à ce que sont parfois des querelles et des gens qui viennent nous rappeler à des promesses ou nous rappeler à des exigences.”

En effet, les organisateurs du salon redoutent l’irruption de manifestants. La sécurité sera portée “au maximum”, a indiqué Arnaud Lemoine, le directeur du Ceneca, l’organisation propriétaire de l’événement, le 15 février sur BFMTV. “Évidemment, c’est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications […] et les manifestations. Mais les manifestations, [c’est] pas au salon”, a-t-il plaidé. “Le salon doit rester malgré tout une belle fête”, a-t-il insisté, soulignant que “c’est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles. Et donc on se doit de les accueillir convenablement, normalement.”

Cette année toutefois, le gouvernement ne s’attend pas à un bain de foule record. Face à ce contexte de tension, certains agriculteurs ont en effet pris le parti de boycotter l’événement en organisant un contre-salon de l’agriculture, baptisé “Salon à la ferme”. Une idée de la Confédération paysanne, qui permet aux agriculteurs d’ouvrir les portes de leur exploitation au public du 15 au 25 février.

“Les visiteurs ne vont pas au salon, mais à la ferme, c’est une autre manière de se faire rencontrer le public et le monde agricole. On veut rompre avec la vitrine à Paris”, a expliqué à nos confrères de France 3 Régions Laurence Lyonnais-Meslob, porte-parole de la Confédération paysanne du Doubs et du Territoire-de-Belfort, qui l’assure : les Français ont “envie de comprendre le monde de l’agriculture”.

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