Au Pérou, ce scandale du “Rolexgate” qui fait vaciller le gouvernement

Au Pérou, ce scandale du “Rolexgate” qui fait vaciller le gouvernement

La présidente du Pérou, Dina Boluarte, assure avoir les “mains propres”. Qu’en est-il de ses poignets ? La cheffe de l’Etat se retrouve au cœur d’un scandale, baptisé “Rolexgate”. Comme son nom l’indique, cette affaire fait référence à des montres de luxe que la présidente est soupçonnée de ne pas avoir mentionnées dans sa déclaration de patrimoine.

Samedi 31 mars, son domicile a été perquisitionné par une quarantaine de policiers et de magistrats, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour des faits présumés d’enrichissement illicite. Deux jours plus tard, lundi 1er avril, six des 18 ministres du gouvernement péruvien annonçaient leur démission. A commencer par le ministre de l’Intérieur, Victor Torres, en poste depuis novembre. “Je pars parce que je lui ai demandé et Madame [Boluarte] a accepté”, a-t-il affirmé, invoquant des problèmes familiaux. Quelques heures plus tard, les ministres de l’Education, de la Femme, du Développement agraire, de la Production et du Commerce extérieur ont également annoncé leurs départs, sans fournir de raison. Leurs remplaçants ont d’ores et déjà prêté serment.

“Pas de place pour la corruption”

L’affaire, dont les conséquences sont explosives pour la vie politique péruvienne, est pour le moins rocambolesque. Le scandale éclate le 15 mars, quand le média La Encerrona dévoile une série de photos montrant Dina Boluarte avec, au poignet, différentes montres de luxe alors qu’elle était ministre de l’Inclusion sociale et vice-présidente, entre juillet 2021 et décembre 2022.

La présidente assure qu’elle a acquis ces biens avec ses propres deniers. “Il n’y a pas de place pour la corruption dans mon ADN”, insiste-t-elle, tout en soutenant qu’elle travaille depuis l’âge de 18 ans pour faire face à ses propres dépenses.

Mais, toujours selon La Encerrona, la cheffe de l’Etat était fonctionnaire avant d’entrer au gouvernement. Avec un salaire annuel qui ne dépassait pas les 54 000 soles (environ 13 500 euros), difficile d’acquérir une quinzaine de Rolex, dont une est estimée à 17 565 euros, d’après Le Monde.

Un étui et un porte-cartes Rolex

Lors de la perquisition à son domicile, les enquêteurs n’ont pas trouvé de Rolex. En revanche, selon le journal péruvien Ojo, un étui de la “Casa Banchero” – un distributeur de bijoux haut de gamme, incluant la marque Rolex – ainsi qu’un porte-cartes Rolex contenant le code du modèle “DateJust” ont été retrouvés sur les lieux. Le parquet a sommé Dina Boluarte de présenter les montres en sa possession lors d’une convocation, prévue vendredi 5 avril.

Sous les projecteurs, la présidente fait depuis plusieurs semaines l’objet de nombreuses enquêtes au niveau local. Ainsi, les journalistes du quotidien El Comercio ont notamment révélé l’existence d’un rapport de l’Unité d’intelligence financière datant de 2022. Ce dernier fait référence à des sommes d’argent d’origine inconnue que Dina Boluarte aurait perçues entre 2016 et 2022.

Selon le rapport, cité par le quotidien péruvien, les opérations bancaires de Dina Boluarte “pourraient relever du délit de blanchiment d’argent”. En cas de poursuites, la présidente péruvienne ne pourra pas, en vertu de la Constitution, être jugée avant juillet 2026, date de la fin de son mandat.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *