Benoît Grisoni (BoursoBank) : “La clientèle patrimoniale nous intéresse”

Benoît Grisoni (BoursoBank) : “La clientèle patrimoniale nous intéresse”

Avec 6 millions de clients, BoursoBank fait la course en tête parmi les établissements bancaires en ligne. La filiale de la Société générale ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Les explications de son directeur général, Benoît Grisoni.

L’Express : Quelle a été la dynamique pour BoursoBank en 2023 ?

Benoît Grisoni : Nous sommes restés sur un rythme de conquête très élevé, supérieur même à celui de l’année précédente, puisque nous avons recruté plus de 1,4 million de nouveaux clients en brut, et 1,2 million en net, pour atteindre 6 millions de clients début 2024. Notre taux d’attrition est assez bas : autour de 3,5 % par an, alors que ce chiffre tourne plutôt autour de 5 % dans les établissements traditionnels. Si certains craignaient que le digital ne conduise à une forme d’instabilité chez les clients, ce n’est pas du tout ce que l’on constate. Nous continuons notre trajectoire avec pour objectif d’atteindre 8 millions de clients d’ici à 2026. Nous voulons aussi être très rentables, avec un objectif de 300 millions d’euros de résultat net à cette même échéance.

Combiner forte croissance et rentabilité, n’est-ce pas contradictoire ?

Il ne faut pas les opposer ! Ces dernières années, en parallèle de notre croissance, nous avons développé nos revenus, qui proviennent des commissions financières sur les produits d’épargne et de la marge d’intérêt sur les dépôts et le crédit. Ainsi, nous avons multiplié par 7 le nombre de clients au cours des sept dernières années, et nos en-cours ont été multipliés par 4,5 sur la même période.

La différence s’explique par le fait qu’une grande partie de nos clients sont arrivés au cours des deux dernières années. Or la banque est un métier de stock et de durée, car les clients s’équipent au fur et à mesure de leurs besoins. En outre, nos nouveaux clients n’ont pas le même profil que ceux des débuts. Nous avons attiré des personnes plus jeunes, avec moins de moyens. L’an dernier, 50 % des nouveaux clients avaient moins de 25 ans.

Après une période peu favorable liée au contexte de taux, l’environnement est beaucoup plus porteur désormais. Enfin, pour être rentable, il faut être très efficace sur les coûts. C’est notre obsession à BoursoBank !

Vous proposez un spectre de produits inégalé pour un acteur en ligne. Pourquoi ?

Nous avons 45 produits et nous pensons qu’il en manque encore quelques-uns, triés sur le volet. Notre philosophie est la suivante : ce n’est pas parce que les gens n’achètent pas tout le premier jour qu’il n’est pas fondamental de tout proposer dès le premier jour. Pour garder ses clients, il est indispensable d’avoir une offre concentrée mais complète, et qui s’améliore en permanence. Si nous n’avions pas mis à disposition le livret Bourso+ fin 2022 et les comptes à terme début 2023, nous n’aurions jamais réalisé une collecte de 5 milliards d’euros l’an dernier.

Les produits plus sophistiqués, comme le crowdfunding immobilier ou le private equity, répondent davantage à un besoin de diversification. Nous cherchons alors à proposer une offre différenciante. Par exemple, dans le cas du crowdfunding immobilier, en l’intégrant dans le PEA-PME, ce qui est une vraie innovation.

Votre catalogue peut-il encore s’étoffer ?

Nous réfléchissons à mieux accompagner la clientèle patrimoniale, qui dispose de 100 000 à 500 000 euros d’avoirs. Cela peut passer par des produits adaptés à ces profils mais aussi par des services, avec un accès facilité à un conseiller, par exemple. Notre volonté est de mieux répondre aux attentes de cette clientèle, qui nous intéresse, sans dénaturer notre modèle.

Comptez-vous revenir sur le crédit immobilier cette année ?

Oui, car le crédit immobilier est un point de fixation de la relation avec le client. Nous restons toutefois sélectifs. Le crédit n’a jamais été un outil de conquête pour nous, et nous ne le proposons aujourd’hui qu’à nos clients existants. Nous privilégions, en outre, les profils les plus matures dans la banque. Notre production de crédit repart depuis l’automne dernier très progressivement. Notre trajectoire est assez ambitieuse, mais la dynamique de marché n’est pas très positive actuellement. Nous constatons toujours un niveau d’activité nettement plus faible que celui de fin 2021.

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