Cadres : le télétravail, l’argument choc pour rester fidèle à son entreprise

Cadres : le télétravail, l’argument choc pour rester fidèle à son entreprise

Lancer sa machine à laver entre deux réunions, préparer le déjeuner de ses enfants… De nombreux actifs se sont parfaitement accommodés à ce nouveau modèle. Au risque de ne pas pouvoir faire marche arrière ? Le télétravail régulier est “désormais bien installé dans l’organisation du travail des cadres”, selon une étude de l’Apec publiée mardi 12 mars. On découvre que près d’un cadre sur deux (45 %) démissionnerait si l’accès au télétravail était supprimé. L’enquête de l’Association pour l’emploi des cadres rapporte qu’aucun “retour en arrière n’est envisageable pour les cadres” et ajoute que 69 % seraient mécontents en cas de réduction du télétravail (82 % en cas de suppression).

Actuellement, 67 % des cadres déclarent désormais travailler à distance contre 63 % en 2021. Et la pratique se répand en dehors des grandes entreprises. Deux tiers des cadres interrogés télétravaillent au moins un jour par semaine, dont un quart plus de deux jours par semaine, preuve de l’essor considérable du télétravail dans cette catégorie professionnelle depuis quelques années et la pandémie de Covid-19.

“On aurait pu penser qu’au fil du temps nous assisterions à un mouvement de reflux, et bien pas du tout, c’est le contraire qui se produit”, soutient à nos confrères du Monde, Gilles Gateau, directeur général de l’Apec, mardi 12 mars. Un cadre sur deux (51 %) considère même que le recours au télétravail n’est plus une option mais un acquis, rejoindre une entreprise sans accès au télétravail étant devenu rédhibitoire.

Cette pratique permet à sept cadres sur dix d’organiser leurs tâches en fonction du lieu de travail, favorisant la venue sur site pour les tâches collectives (61 %) et optant davantage pour le travail à domicile pour les tâches individuelles (51 %). Le télétravail, c’est aussi plus de flexibilité dans les horaires, ce qui peut être utile pour jongler avec une vie de famille. Autre avantage, le travail à distance permet de déménager dans une région parfois moins chère et donc d’économiser sur le prix du loyer.

Un confort qui a ses limites

Les cadres identifient toutefois certains points de vigilance pour optimiser la pratique du travail hybride : ils pointent notamment une moindre intégration des nouveaux salariés dans l’équipe (48 %), un brouillage des frontières entre vie personnelle et professionnelle (40 %) ou encore la peur de rater des communications importantes (39 %). Il y a aussi moins d’interactions avec le collectif de travail et les syndicats quand ils sont présents.

Ces limites du télétravail sont ressenties en particulier par les cadres les plus jeunes, plus concernés par les enjeux d’intégration et d’évolution professionnelle, selon l’étude. Cependant, la volonté de pérenniser la pratique du télétravail n’est pour autant pas remise en cause et sept cadres sur dix jugent que le télétravail présente plus d’avantages que d’inconvénients. L’étude repose sur des enquêtes en ligne réalisées auprès d’un échantillon de 1 000 cadres en novembre 2023 et janvier 2024 et auprès de 2 000 cadres en décembre 2023.

Et du côté des entreprises ? Il y a quelques mois, de grands groupes, comme Orange ou Vinci avait décidé d’imposer un cadre clair en matière de télétravail. Au forum de Davos, le DG de L’Oréal, Nicolas Hieronimus, a même martelé à quel point il était “vital d’être au bureau” à ses yeux, afin de pouvoir continuer à “rencontrer des gens”. D’autres industries, comme BlaBlaCar, ont bien l’intention de conserver ce modèle attractif pour les futurs talents : “Le télétravail fonctionne si on y met les moyens”, répond dans les colonnes de L’Express, Albane Hussenet, talent acquisition manager. La nouvelle France de l’après-Covid a encore de beaux jours devant elle.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *