Chine : l’inquiétante étude sur ces nombreuses villes qui s’affaissent

Chine : l’inquiétante étude sur ces nombreuses villes qui s’affaissent

Près d’une ville chinoise sur deux est menacée par l’affaissement des sols : c’est ce que révèle une étude publiée jeudi 18 avril dans la revue Science. Une équipe de chercheurs de plusieurs universités chinoises ont mesuré, grâce aux données des satellites européens Sentinel-1, la déformation des terres à travers le pays, entre 2015 et 2022. Au total, sur les 82 grandes villes étudiées, 40 % connaissent un affaissement modéré à grave.

“Parmi les terrains urbains examinés, 45 % s’affaissent à une vitesse supérieure à 3 millimètres par an, et 16 % d’au moins 10 millimètres par an, touchant respectivement 29 et 7 % de la population urbaine”, indiquent les auteurs de l’étude. Autrement dit, 67 millions de Chinois vivent ainsi dans des zones qui s’affaissent rapidement, précise le site de la BBC.

Epuisement des nappes phréatiques

Parmi les principales raisons évoquées, outre les facteurs géologiques, ce phénomène est provoqué par l’épuisement des nappes phréatiques, utilisées pour alimenter les populations locales en eau, et le poids des constructions. “L’équipe de recherche a associé l’extraction de l’eau de plus de 1 600 puits à des niveaux croissants d’affaissement des sols” dans les mêmes zones, est-il écrit.

Pékin est l’une des villes qui s’enfonce le plus vite : au cours du siècle passé, elle a ainsi baissé de 3 mètres. Le média hongkongais HK01 rappelle également que la ville de Tianjin, dans le Nord, qui abrite une population de 15 millions d’habitants, est parmi les plus touchées. “En juin de l’année dernière, le sol s’est fissuré et affaissé […] et 3 000 habitants ont dû être évacués”.

L’exploitation minière renforce aussi le phénomène : la région nord de Pingdingshan, connue pour l’extraction de charbon, connaît ainsi des rythmes d’affaissement plus rapide, de l’ordre 109 millimètres par an, rapporte le site de la chaîne britannique. “Les gouvernements locaux sont souvent contraints d’injecter du béton dans les mines en ruine pour renforcer les terres”, ajoute HK01.

Risques d’inondations

Ces zones urbaines sont ainsi plus exposées aux risques d’inondations, en raison de la montée des eaux. “D’ici 2120, 22 à 26 % des terres côtières de la Chine auront une altitude relative inférieure au niveau de la mer”, indiquent les chercheurs. En 2020, ces chiffres s’élevaient à 6 %. Et ce alors que la Chine connaît déjà, ces dernières années, d’importantes inondations en raison des phénomènes climatiques extrêmes, comme les fortes pluies.

Ce dimanche 21 avril, un média d’Etat chinois a d’ailleurs annoncé que de graves inondations devraient frapper certaines régions du sud en raison d’importantes précipitations, rapporte l’AFP. Des pluies torrentielles ont touché des pans entiers de la province de Guangdong (autour de Canton) depuis jeudi, gonflant les cours d’eau dans le delta de la Rivière des Perles – l’une des régions les plus densément peuplées. Des alertes météorologiques ont été lancées dans cette province et le bureau national de météorologie a mis en garde contre des tempêtes importantes dans les zones côtières, dimanche soir et lundi.

Les chercheurs, cependant, ne sont pas entièrement catastrophistes. S’appuyant sur des cas d’autres villes asiatiques ayant connu des problèmes similaires d’affaissement des sols, ils estiment qu’il est possible de ralentir le phénomène en luttant contre l’assèchement des nappes phréatiques. Robert Nicholls, directeur du Tyndall Centre for Climate Change Research, explique ainsi auprès de la BBC : “Au XXe siècle, Tokyo s’est affaissé autour de sa zone portuaire, jusqu’à cinq mètres […] Mais dans les années 1970, ils ont commencé à fournir de l’eau courante provenant d’autres régions et ont interdit l’utilisation de l’eau de puits, ce qui a essentiellement stoppé l’affaissement.” Le phénomène ne touche pas que la Chine. Dans le monde, 6,3 millions de km2 de terres sont menacées d’affaissement, notamment en raison de la montée des eaux, rappelle le quotidien hongkongais HK01.

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