Conférence sur la Palestine : pourquoi l’université de Lille annule l’évènement avec Mélenchon

Conférence sur la Palestine : pourquoi l’université de Lille annule l’évènement avec Mélenchon

Des conditions qui ne sont “plus réunies pour garantir la sérénité des débats”, notamment en raison de la “montée préoccupante des tensions internationales au cours des derniers jours”. C’est pour ces raisons que l’université de Lille a annoncé ce mercredi 17 avril l’annulation d’une conférence prévue ce jeudi dans ses murs, en présence du leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon et de la militante palestinienne et candidate LFI aux élections européennes Rima Hassan. Avec pour thème “l’actualité en Palestine“.

Cette conférence, organisée par l’association étudiante “Libre Palestine”, avait été “autorisée en fin de semaine dernière”, conformément au code de l’Education garantissant le cadre de “la liberté d’information et d’expression”, précise l’université de Lille. Elle devait avoir lieu dans un amphithéâtre de l’un des campus, à Villeneuve-d’Ascq.

Mais l’organisation de cet événement n’a pas plu à tous, loin de là. La députée Renaissance du Nord Violette Spillebout, candidate malheureuse à la mairie de Lille en 2020, avait ainsi appelé à annuler “cette conférence de propagande”. “Il est urgent de faire cesser la tragédie à Gaza, mais ce n’est pas avec ceux qui représentent l’antisémitisme le plus violent et la volonté de destruction d’Israël que les débats progresseront vers la paix”, s’était-elle insurgée sur X.

#ANTISEMITISME #LILLE : En pleine campagne #européenne, alors que les débats se radicalisent, j’interpelle le Président de l’Université de Lille @bordet_regis pour lui demander l’annulation de cette conférence de propagande, comme l’a fait Rennes ou Bordeaux.
𝐎𝐮𝐢 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭… pic.twitter.com/uCHiInbG9B

— Violette Spillebout (@VSpillebout) April 15, 2024

Même mot d’ordre pour le président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, mettant notamment en cause l’association organisatrice, “Libre Palestine”. “Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de la France Insoumise, de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan qui, à travers le logo ‘Libre Palestine’, nient l’existence de l’Etat d’Israël”, avait-il fustigé.

L’association “Libre Palestine” sous le feu des critiques

Au centre de cette passe d’armes figure donc l’association Libre Palestine, créée en novembre 2023 à l’université de Lille dans la foulée des attaques du 7 octobre et de la riposte d’Israël à Gaza. Son logo, plus particulièrement, représentant une carte regroupant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza sous la dénomination “Libre Palestine”, a engendré de vives critiques jusqu’aux rangs du PS, anciens partenaires de LFI au sein de la Nupes. “Quand on est un parti politique, on ne s’affiche pas avec des logos qui nient l’existence de l’Etat d’Israël. C’est aussi simple que ça”, avait estimé sur TF1 Raphaël Glucksmann, tête de liste des socialistes aux élections européennes.

Le député socialiste Jérôme Guedj, parmi les plus sévères dans son camp à l’encontre de LFI depuis le 7 octobre, s’était également montré très critique à l’encontre de ce choix de logo. “En bas à droite de cette affiche pour ce meeting, il y a un petit logo avec une carte d’Israël avec écrit dessus “Palestine libre”. Je ne suis pas parano, mais quand j’entends des gens qui expliquent qu’il faut la Palestine libre de la mer à la rivière, ça veut dire quoi du devenir de l’Etat d’Israël ?”

Dans un communiqué transmis à l’AFP par LFI, l’association Libre Palestine a indiqué que son logo “ne nie en aucun cas l’existence d’Israël”. “Nous avons simplement mobilisé une carte qui représente une région du monde traversée par un processus de colonisation indéniable et dont la définition des frontières est un enjeu de luttes non stabilisées”, a-t-elle précisé, ajoutant n’avoir “jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites”.

LFI dénonce une “censure” et reprogramme la conférence

La France insoumise n’a en tout cas pas tardé à s’insurger à la suite de l’annonce de l’annulation de sa conférence à Lille. Dans un communiqué titré “Stop à la censure”, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une “instrumentalisation par des partisans du soutien inconditionnel au gouvernement Netanyahou”, taclant particulièrement “l’impulsion du député PS Jérôme Guedj”. LFI souligne également que l’association Libre Palestine est “enregistrée en préfecture et agréée par l’université”, et que la conférence était organisée “dans le strict respect des règles établies par les universités françaises”. Avant de charger la direction de l’université, qu’elle accuse de s’être montrée “incapable de résister aux pressions qui s’attaquent à la liberté d’expression, mettent à mal les libertés universitaires et académiques et visent à faire taire les voix de la paix au Proche-Orient”.

Les Insoumis ne comptent pas pour autant s’arrêter là : le mouvement, qui a fait de la dénonciation de l’offensive israélienne à Gaza l’un des principaux thèmes de sa campagne pour les élections européennes, a annoncé que sa conférence sur la Palestine se tiendrait toujours bien à Lille ce jeudi, mais dans un “nouveau lieu”. “Nous ne tairons pas”, insiste le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.

Une nouvelle passe d’armes entre LFI et le reste du spectre politique donc, avec au centre du jeu, l’enseignement supérieur public. L’université de Lille semble d’ailleurs avoir assez peu apprécié d’être pris à partie de façon virulente par les deux camps. “On ne peut que regretter, dans ce contexte, la pression exercée sur l’autonomie pédagogique et scientifique des établissements d’enseignement supérieur”, écrit-elle dans son communiqué, affirmant qu’elle “continuera à défendre les valeurs de la science, du débat intellectuel et de l’écoute, loin des caricatures et des idées reçues”. Avant de conclure en appelant “chacune et chacun à la mesure dans les propos qui seront tenus”.

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