Coronavirus : les promesses d’un vaccin expérimental face aux futures pandémies

Coronavirus : les promesses d’un vaccin expérimental face aux futures pandémies

Mieux vaut prévenir que guérir. Des scientifiques ont donc créé un vaccin qui a le potentiel de protéger contre un large éventail de coronavirus, y compris des variétés dont l’existence n’est même pas encore connue. Ce lundi 6 mai, les détails de ces travaux, une collaboration entre les universités de Cambridge et d’Oxford et le California Institute of Technology, ont été publiés dans Nature Nanotechnology. D’après l’étude, le vaccin expérimental a déjà été testé sur des souris.

Selon le journal britannique, The Guardian, cette information marque un changement de stratégie vers une “vaccinologie proactive”, où les vaccins sont conçus et préparés avant même que l’agent pathogène à l’origine de la maladie n’apparaisse. “C’est un pas en avant vers notre objectif de créer des vaccins avant qu’une pandémie ne commence”, a déclaré au Guardian Rory Hills, chercheur diplômé à l’Université de Cambridge et premier auteur du rapport. Le Covid-19 – qui a officiellement coûté la vie à 7 millions de personnes et fait disparaître 2 000 milliards de dollars de l’économie mondiale – a questionné notre capacité de gestion et de prévention des épidémies.

Mais comment les scientifiques ont-ils réussi ce tour de force ? Le nouveau vaccin “Quartet Nanocage” est basé sur une structure appelée nanoparticule – une boule de protéines maintenues ensemble par des interactions incroyablement fortes. Des chaînes de différents antigènes viraux (substance repérée par le système de défense de l’organisme) sont attachées à cette nanoparticule à l’aide d’une nouvelle “superglue protéique”. Plusieurs antigènes sont inclus dans ces chaînes, ce qui entraîne le système immunitaire à cibler des régions spécifiques partagées par un large éventail de coronavirus. Résultat : le vaccin pourrait être efficace contre les virus connus et inconnus d’une famille.

Une réponse immunitaire contre le Sars-Cov-1

Par ailleurs, le nouveau vaccin est de conception beaucoup plus simple que d’autres largement protecteurs, actuellement en développement. Les chercheurs estiment que cela devrait accélérer son passage aux essais cliniques. Les tests ont montré que le vaccin induisait une large réponse immunitaire contre les coronavirus, y compris le Sars-Cov-1, l’agent pathogène à l’origine de l’épidémie de Sars en 2003, même si les protéines de ce virus n’étaient pas ajoutées aux nanoparticules du vaccin.

Et ensuite ? Si le vaccin s’avérait sûr et efficace chez l’homme, une option serait de l’utiliser comme rappel de Covid avec l’avantage supplémentaire de protéger contre d’autres coronavirus. Une fois que les vaccins auront été fabriqués et approuvés, plusieurs pays du monde pourraient détenir des stocks de flacons qui permettraient d’anticiper une éventuelle pandémie. “La diminution de la protection vaccinale, l’émergence continue de nouveaux variants et l’efficacité incertaine des traitements thérapeutiques signifient que de nouvelles stratégies vaccinales restent nécessaires de toute urgence”, souligne l’étude britanno-américaine.

Anticiper les futures pandémies

Les chercheurs citent aussi d’autres coronavirus zoologiques identifiés également comme un potentiel pandémique. A noter également que la technologie sous-jacente développée par les chercheurs pourrait également être utilisée dans le développement de vaccins pour protéger contre d’autres problèmes de santé.

Et si l’on apprenait enfin des erreurs du passé ? Déjà en décembre 2021, des négociations intergouvernementales avaient été entamées entre 194 des 196 pays du monde pour parvenir à un accord international visant à éviter que des pandémies ne puissent à l’avenir se propager. Depuis, l’Organisation mondiale de la Santé débat sur un texte contraignant qui permettrait de mieux se préparer à une future pandémie. Les discussions sur ce thème pourraient aboutir d’ici l’Assemblée mondiale de la santé fin mai.

“Une nouvelle menace pandémique émergera ; nous n’aurons aucune excuse si nous ne sommes pas prêts. Il est donc impératif de mettre sur pied une approche efficace […] de la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies”, assurait l’OMS dans une publication datant du 20 mars 2024. Reste à savoir si ces paroles seront suivies des faits.

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