Coût des JO : de 5 à 8,8 milliards… le flou s’intensifie

Coût des JO : de 5 à 8,8 milliards… le flou s’intensifie

8,8 milliards d’euros par-ci, 5 milliards par là… À l’approche du lancement des Jeux olympiques de Paris, beaucoup de chiffres circulent, mêlant le coût total des JO à la facture de l’Etat. Les montants s’accumulent, les tentatives de justifications aussi. Et pourtant, le flou s’intensifie autour de la somme réellement dépensée.

Devant les députés, ce mardi 2 avril, la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra, a assuré qu’il n’y avait “pas de coût caché ni de dérive budgétaire”. “Ces JO sont les moins coûteux depuis Sydney”, en 2000, se félicite-t-elle. Pour l’heure, l’exécutif avance une facture totale de 8,8 milliards d’euros, alors que le budget initialement prévu s’élevait à 6,3 milliards.

Une première enveloppe de 4,4 milliards d’euros est prise en charge par le comité d’organisation et se compose des recettes de billetterie, de la contribution du CIO et des recettes de sponsors. Sur son site, Paris 2024 affirme que le budget d’organisation des JO est “financé en quasi-intégralité (96 %) par des recettes privées”. Une manière de rassurer l’opinion, alors que les JO étaient accusés de “dilapider l’argent public” dans une tribune d’intellectuels publiée dans Le Monde dès septembre 2020.

2,44 milliards d’euros d’investissements publics

Seulement voilà : cette justification n’est valable que si l’on prend en considération un seul des deux volets de l’organisation des JO. Historiquement, les Jeux fonctionnent en effet avec deux budgets distincts. L’un concerne le Comité d’organisation des JO (Cojop). L’autre, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo).

4,4 milliards d’euros sont officiellement alloués aux infrastructures. D’après la dernière feuille de route financière datée du 19 juillet 2023 que L’Express a pu consulter, on peut lire que l’Etat a abondé les comptes de la Solideo pour près de 1,3 milliard d’euros. A cela s’ajoutent des sommes dépensées par les collectivités locales – la Mairie de Paris, la Région Île-de-France, la ville de Marseille (où se déroulent les épreuves de voile)…

Ainsi, dans des documents publiés avec le projet de loi de finances pour 2024, consultés par Le Monde, le gouvernement table sur 2,44 milliards d’euros d’investissements publics liés à l’accueil des JO (dont 1,3 milliard pour l’Etat ou encore 260 millions pour la ville de Paris). Il établit également une liste d’”autres catégories de dépenses”, dont l’addition se chiffre à plus de 270 millions d’euros.

Une facture impossible à définir

Avec ces 2,7 milliards d’argent public, on semble se rapprocher de la facture évoquée par le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, en janvier. À cette date, il misait sur un total de 3 milliards d’euros. Problème, le 26 mars dernier, Pierre Moscovici a semblé revoir sa copie. “Ces Jeux devraient coûter entre 3, 4, 5 milliards, nous verrons bien”, a-t-il balayé, au micro de France Inter. Et de poursuivre : “On ne connaît pas encore le coût des JO. La Cour des comptes va l’auditer” à l’issue de l’événement.

En effet, la facture publique précise est impossible à définir en l’état car tous les coûts ne sont pas connus. Il faut, entre autres, ajouter les primes de 1 900 euros données aux policiers ou de 1 500 euros pour les agents publics, qui pourraient grever la facture publique de 500 millions d’euros.

Par ailleurs, deux postes de dépense – et pas des moindres – ne figurent pas dans les documents publiés par l’exécutif : la sécurité et la santé. Toutes les dépenses de sécurité hors des sites sportifs, et notamment pendant la cérémonie d’ouverture, seront en effet assurées par l’Etat.

A l’Assemblée nationale, Amélie Oudéa-Castéra a assuré qu’un “travail fin d’évaluation” était en cours, ministère par ministère, pour ce qui est des dépenses de l’Etat. A vos calculatrices.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *