Déjeuner des best-sellers de L’Express : de l’art délicat de composer des plans de table

Déjeuner des best-sellers de L’Express : de l’art délicat de composer des plans de table

L’événement date de 1999, L’Express, riche de ses palmarès des meilleures ventes fournis par Edistat (et fidèle à son excellence, ayant publié un palmarès dès novembre 1959 (1)), organisait alors son premier déjeuner des best-sellers littéraires. Une époque où régnaient déjà les grandes maisons (le fameux “Galligraseuil”, Albin Michel, etc.), mais où le cénacle des happy écrivains était très masculin et où l’on pouvait fumer dans les restaurants. Le palmarès de cette première ? Philippe Delerm, Martin Winckler, Michel Houellebecq, Françoise Chandernagor, Paule Constant, Claude Michelet, Jean-Christophe Grangé ou encore (en essais) Tahar Ben Jelloun, Barbara,Serge Halimi, Aldo Naouri, Umberto Ecco, Paulo Coelho, Pierre Bourdieu…

Puis l’événement est devenu tradition, migrant, au gré des années, du Procope au Café de la paix, du Lutetia au Fouquet’s et au Royal Monceau, pour s’installer durablement, depuis 2020, dans ce dernier palace parisien de l’avenue Hoche. Autre grande constante de ces agapes, la présence depuis l’an 2000 d’Amélie Nothomb, venue fêter son premier best-seller, Stupeur et tremblements, et qui, pour cause de succès répétés, ne rata plus un seul de nos rendez-vous – tout comme son “confident” le regretté Jean d’Ormesson, jusqu’à sa disparition, en 2017. C’est qu’on s’y amuse bien, à ces déjeuners entre écrivains (et éditeurs) heureux bruissant de bons mots et de rumeurs.

En revanche, il est de plus en plus délicat de composer les plans de tables. Imaginez un mariage croisé entre les O’Hara, les O’Timmins, les Jets et les Sharks : en effet, si les écrivains cohabitent généralement plutôt bien, beaucoup des éditeurs conviés se regardent en chiens de faïence, les sources de récriminations s’étant accrues ces derniers temps, entre jeu de chaises musicales (pas toujours consenti) au sein des grands groupes et détournements d’auteurs à succès ou à fort potentiel. Aussi ne faut-il pas faire d’impair au risque de mécontenter les convives les plus susceptibles – n’insistez pas, nous ne donnerons pas de noms. Nous ne vous révélerons pas non plus ici les primés de l’année (mais dès le 9 février sur le site et dans notre prochain numéro du 15 février), sauf à vous dire que le Goncourt 2023 et une certaine “A. N.” participeront au déjeuner du 7 février.

(1) Nous ne résistons pas à vous donner le premier “palmarès” de L’Express publié donc en novembre 1959

Les succès d’octobre 1959

Titres Auteurs

1. Le Salut, par Charles de Gaulle

2. Le Dernier des Justes, par André Schwarz-Bart

3. Aimez-vous Brahms, par Françoise Sagan

4. L’Amant de cinq jours, par Françoise Parturier

5. Le Bûcher de Montségur, par Zoé Oldenbourg

6. Victoire sur l’espace, par Albert Ducrocq

7. La Vie quotidienne en Grèce, par Robert Flacelière

8. Le 18-Brumaire, par Albert Ollivier

9. L’An V de la Révolution algérienne, par Frantz Fanon

10. Dans le labyrinthe, par Alain Robbe-Grillet

Dernier clin d’oeil, cette liste avait été établie avec la collaboration des librairies (parisiennes) suivantes :

Au Chariot d’or, 14 bis, avenue Bosquet. Cidini, 43, avenue Secrétan. Max Ph. Delatte, 113, rue de la Pompe. Flammarion, 25, boulevard des Italiens.

Galignani, 224, rue de Rivoli.

Joie de lire, 40, rue Saint-Séverin.

Julliard, 229, boulevard Saint-Germain.

Raymond Mangaud, 128, boulevard Haussmann.

Robert Marin, 18, boulevard Haussmann.

Librairie de Paris, 7-9-11, place Clichy.

Presses universitaires de France, 49, boulevard Saint-Michel. Stock, place du Théâtre-Français.

Lettre ouverte, 213, rue de la Convention. Tschann, 84, boulevard du Montparnasse.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *