“Du coup”, “impacter”, “contre-intuitif”… L’enfer des tics de langage

“Du coup”, “impacter”, “contre-intuitif”… L’enfer des tics de langage

Lorsque quelque chose vous chagrine, autant s’en amuser. D’où ce petit exercice effectué sur un article lambda, en l’occurrence, le mien, consacré précédemment au nouveau roman de Tatiana de Rosnay, Poussière blonde (Albin Michel). Avec un peu d’imagination, malheureusement pas si ample que cela, voilà ce que cela pourrait donner.

“Eté 1960, nous sommes sur Reno, dans le Nevada. Pauline, 21 ans, l’héroïne du nouveau roman porté par Tatiana de Rosnay, est une fille-mère. Elle a été séduite par le cynique Spencer, directeur adjoint de l’hôtel phare de la cité, le Mapes Hotel, qui, du coup, lui a trouvé un travail sur son établissement : elle est en responsabilité du ménage des toilettes pour dames. Une situation qui impacte le moral de celle qu’on appelle la Frenchie – née sur Paris, elle a débarqué ici avec sa mère mariée à un GI mécanicien originaire vous de cette ville du Nevada connu pour ses divorces systémiques. Mais une rencontre va radicalement percuter la vie de Pauline, dont le rêve, en première intention, était de devenir vétérinaire équin.

Par une belle journée, en effet, on lui demande de prioriser la suite 614. Elle est en capacité et s’acquitte de sa tâche, effrayée par le “foutoir” régnant – en clair, des monceaux de bouteilles d’alcool vides et de flacons de pilules. Elle tombe sur une femme hagarde, aux yeux rougis et au teint blafard, une certaine Mrs Miller. Elle ne la capte pas – la situation est contre-intuitive – mais, pas de souci, Marilyn Monroe, c’est bien elle, ne lui en veut pas. En vrai, elle est venue tourner sous la direction de John Huston ce qui sera son dernier film, Les Désaxés, l’adaptation des Misfits, d’Arthur Miller, son mari, avec lequel les relations sont des plus houleuses. Au final, une véritable amitié va s’instaurer entre Pauline et la star, aussi désaxée que la Roslyn du film mythique, qui partira deux ans plus tard, à l’âge de 36 ans. Voilà pour le narratif et les éléments de langage de Poussière blonde.”

Mais arrêtons là cette parodie de critique politico-médiatico-populo-jeuno et ces éléments de langage charabiesques sur ce roman.

On aurait aimé pouvoir citer aussi “scorer”, “trou dans la raquette”, “typiquement”, “avec plaisir”, “hors-sol”, etc. Vous avez mal aux yeux ? C’est aux oreilles, que l’on souffre tous les jours, dans la rue, à la radio, à la télévision… Alors, bonnes gens de la politique, donnez l’exemple, démarquez-vous de la vulgate langagière, usez de la juste préposition, cherchez le synonyme, puisez dans notre belle langue française. Un espoir demeure : les modes ne sont pas éternelles. Aussi arrêtera-t-on un jour de voler au-dessus de Reno, de Paris ou d’un établissement. L’on ne sera alors peut-être plus impacté, à défaut d’être touché, concerné, affecté, marqué, bouleversé… par ces pratiques linguistiques et l’on arrêtera de se faire du souci à tort et à travers. Quoique ! Une mode chasse l’autre, on le sait bien.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *