En Floride, l’IVG interdit après six semaines de grossesse : la fin d’un Etat refuge

En Floride, l’IVG interdit après six semaines de grossesse : la fin d’un Etat refuge

C’est un nouveau coup dur pour les Américaines. Ce mercredi 1er mai, une loi extrêmement restrictive sur l’avortement est entrée en vigueur en Floride, interdisant désormais toute interruption volontaire de grossesse après six semaines, contre quinze semaines auparavant. Cet Etat du sud-est américain, aux mains des conservateurs, faisait auparavant figure de refuge pour les femmes de la région, où les interdictions ou restrictions se sont multipliées depuis deux ans.

“Nous espérons que non seulement les chiffres des avortements en Floride chuteront profondément, mais que cela aura également des implications nationales”, a déclaré Andrew Shirvell, fondateur et directeur exécutif de Florida Voice for the Unborn, un lobby anti-avortement ayant soutenu la mesure. Le gouverneur républicain Ron DeSantis, lui, a expliqué qu’il ne voulait pas que la Floride reste une “destination touristique liée à l’avortement”.

Cet Etat, contrairement à une grande partie du Sud, compte en effet depuis longtemps de nombreuses cliniques d’avortement : plus de 50, réparties sur tout le territoire. L’année dernière, les cliniques de Floride ont pratiqué environ 86 000 interruptions volontaires de grossesse, – dont 9 000 concernaient des patientes venues d’autres Etats -, derrière celles de la Californie, de New York et de l’Illinois, selon les estimations de l’Institut Guttmacher. Avec cette nouvelle législation, les Américaines qui souhaiteraient avorter devront parcourir de nombreux kilomètres pour trouver d’autres cliniques – plus de 1 000 pour les résidentes de Miami -, et ce alors que le temps d’attente actuel pour obtenir un rendez-vous est d’une semaine ou plus, rappelle le New York Times. “Davantage de personnes devront traverser de plus grandes distances si elles ont les ressources financières pour le faire, et de nombreuses personnes seront obligées de rester enceintes”, a déploré Stephanie Loraine Piñeiro, directrice exécutive du Florida Access Network, qui aide les femmes de Floride à payer leurs avortements et leurs déplacements vers les cliniques.

Pourcentage de femmes du Sud vivant à moins de 160 km d’une clinique proposant des avortements après 6 semainesPourcentage de femmes du Sud vivant à moins de 480 km d’une clinique proposant des avortements après 6 semainesEn août 202193 %moins de 1 %En mars 202438 %35 %Depuis la loi entrée en vigueur en Floride21 %57 %

Un sujet brûlant

L’interruption volontaire de grossesse est depuis toujours ou presque un sujet politiquement brûlant aux Etats-Unis, mais encore plus dans le contexte politique actuel. En juin 2022, la Cour suprême américaine, à laquelle Donald Trump avait donné une composition très conservatrice, avait renversé l’arrêt Roe v. Wade qui garantissait la protection du droit à l’avortement au niveau fédéral, renvoyant la responsabilité aux Etats. Interrogé par le Time pour savoir s’il mettrait son veto à une telle loi en cas de réélection, le magnat de 77 ans, visé par de nombreuses poursuites pénales, a botté en touche. “Je n’ai pas à mettre de veto parce que maintenant tout est revenu aux Etats”, a-t-il notamment souligné lors d’un entretien publié mardi 30 avril.

De son côté, Joe Biden avait assuré le 23 avril que “les électeurs [allaient] demander des comptes à Trump”, après une visite en Floride où le candidat républicain avait obtenu la majorité des suffrages lors des deux dernières élections présidentielles. Ce 1er mai, la vice-présidente Kamala Harris est également attendue dans l’Etat du sud-est des Etats-Unis, afin d’”évoquer le mal fait par les interdictions de l’avortement au niveau des Etats, et marteler que “c’est Trump qui a fait ça””, a fait savoir l’équipe de campagne du président américain et de sa colistière. Selon les sondages, la majorité des Américains est favorable à l’avortement.

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