Entre Israël et l’Iran, la tension ne cesse de s’amplifier

Entre Israël et l’Iran, la tension ne cesse de s’amplifier

La tension monte d’un cran entre Israël et l’Iran. Les forces spéciales maritimes des Gardiens de la révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique, ont saisi ce samedi 13 avril un porte-conteneurs “lié” à Israël dans le détroit d’Ormuz, dans le Golfe, a annoncé l’agence officielle Irna. “Un porte-conteneurs baptisé MCS Aries a été saisi par les forces spéciales maritimes” au cours “d’une opération menée avec un hélicoptère près du détroit d’Ormuz”, a indiqué Irna.

Vingt-cinq membres d’équipage se trouvent à bord de ce navire saisi par l’Iran, a indiqué l’armateur italo-suisse MSC. “Nous avons le regret de confirmer que le MSC Aries, propriété de Gortal Shipping Inc, qui est affilié à Zodiac Maritime, et affrété par MSC, a été arraisonné par les autorités iraniennes par hélicoptère” et “il y a 25 membres d’équipage à bord”, a indiqué à l’AFP Mediterranean Shipping Company (MSC), dont le siège est à Genève.

Peu avant l’annonce de la saisie de ce porte-conteneurs, toujours ce samedi, les pays du G7 ont indiqué avoir institué une “table ronde permanente” sur les attaques des rebelles houthis contre des navires marchands en mer Rouge, a annoncé le ministre italien des Transports Matteo Salvini, dont le pays assure la présidence du G7 en 2024. Dans le communiqué, le G7 appelle “les Houthis à cesser immédiatement leurs attaques sur des navires marchands” et “l’Iran à s’abstenir de fournir un soutien aux Houthis et de permettre de telles attaques”.

L’Iran “subira les conséquences”

La saisie du navire par Téhéran est le dernier acte survenu dans un contexte de vives tensions entre Israël et l’Iran. Ces tensions sont montées d’un cran avec l’attaque meurtrière menée le 1er avril contre le consulat iranien à Damas, en Syrie, imputée à Israël, faisant selon une ONG 16 morts parmi lesquels deux généraux des Gardiens de la Révolution. Téhéran a menacé de “punir” Israël après la destruction de son consulat. Israël est fréquemment décrit comme “le régime sioniste” en Iran, un pays qui ne reconnaît pas Israël et qui est l’allié du Hamas.

L’Iran “subira les conséquences de son choix d’aggraver davantage la situation”, a mis en garde ce samedi l’armée israélienne. “Nous avons renforcé notre préparation pour protéger Israël d’une nouvelle agression iranienne. Nous sommes également prêts à réagir”, a ajouté le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, dans une déclaration publiée après que l’Iran a annoncé avoir saisi un navire “lié” à Israël dans le Golfe.

Yahya Rahim Safavi, conseiller de l’ayatollah Ali Khamenei, cité par l’agence Isna, s’est de son côté félicité de “la panique totale” qui a saisi Israël dans l’attente de la riposte annoncée par Téhéran. “Cette guerre psychologique, médiatique et politique est pour eux plus terrifiante que la guerre elle-même, car ils attendent une attaque chaque nuit et beaucoup d’entre eux ont fui et se sont réfugiés dans des abris”, a ajouté le conseiller du Guide suprême iranien.

Une frappe sur Israël d’ici quelques jours ?

Sur fond de crainte d’une riposte de l’Iran contre Israël, des troupes américaines sont en route ce samedi vers le Moyen-Orient. “Nous envoyons des moyens supplémentaires dans la région pour soutenir les efforts de dissuasion régionale et accroître la protection des forces américaines”, a déclaré vendredi soir un responsable du ministère de la Défense américain à Washington.

Alors que les médiateurs – Qatar, Egypte, Etats-Unis – attendent des réponses d’Israël et du mouvement islamiste palestinien Hamas à leur dernière proposition de trêve, les craintes d’une régionalisation du conflit ne font que s’accentuer. Le président américain Joe Biden a affirmé vendredi qu’il s’attendait à ce que l’Iran passe “bientôt” à l’action. Selon John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, les menaces d’attaque iranienne contre Israël sont “crédibles” et “réelles”. Un responsable américain a déclaré vendredi au Wall Street Journal que les rapports des services de renseignement américains indiquent désormais une frappe de représailles iranienne d’ici quelques jours, “peut-être sur le sol israélien”, par opposition aux intérêts israéliens ailleurs. Selon ce responsable, l’attaque pourrait avoir lieu dans les prochaines 24 à 48 heures et Israël se prépare à une éventuelle frappe soit sur le sud, soit sur le nord du pays.

Dans ce contexte, Joe Biden a envoyé le chef du commandement central américain, le général Michael Kurilla, en Israël pour des entretiens. Dès mercredi, Joe Biden avait indiqué que l’Iran “menace de lancer une attaque importante contre Israël”, assurant son allié de son soutien “inébranlable”, en dépit des tensions entre les deux pays autour de la conduite de l’offensive israélienne contre le Hamas. En guise de “précaution”, et signe des tensions, les Etats-Unis ont annoncé jeudi restreindre les mouvements en Israël de leur personnel diplomatique et des membres de leur famille.

Paris déconseille de se rendre au Liban et en Israël

De son côté, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné “recommande aux Français de s’abstenir impérativement de se rendre dans les jours qui viennent en Iran, au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens”, a indiqué ce vendredi son entourage à l’AFP. ll aussi demandé le “retour des familles des agents diplomatiques de Téhéran”, ainsi que l’interdiction des missions de fonctionnaires français dans ces pays. Ce samedi, la carte de sécurité réalisée par le Quai d’Orsay plaçait tout le Liban en rouge (formellement déconseillé) ou en orange (déconseillé sauf raison impérative).

Par ailleurs, la compagnie aérienne australienne Qantas a annoncé ce samedi qu’elle allait dévier ses vols long-courriers entre Londres et Perth afin d’éviter l’espace aérien iranien. Un porte-parole de Qantas a précisé à l’AFP que la compagnie allait temporairement modifier les trajectoires de vol en raison de “la situation dans certaines parties du Moyen-Orient”.

La liaison Perth-Londres – normalement un vol direct d’une durée de plus de 17 heures – va dorénavant comprendre une escale à Singapour pour se réapprovisionner et permettre d’emprunter une trajectoire alternative. Le vol retour Londres-Perth continuera à être sans escale, sur une trajectoire également modifiée mais bénéficiant de vents favorables. Les autres vols de la compagnie ne sont pas concernés par cette mesure de précaution. La compagnie aérienne allemande Lufthansa et sa filiale autrichienne Austrian Airlines ont de leur côté annoncé vendredi la suspension de leurs vols de et vers Téhéran jusqu’au jeudi 18 avril, et ne plus emprunter l’espace aérien iranien.

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