Entre l’Iran et Israël, ces signes qui laissent présager une désescalade

Entre l’Iran et Israël, ces signes qui laissent présager une désescalade

Et si on calmait le jeu ? C’est l’option que semble avoir choisie l’Iran et Israël. Les autorités iraniennes, ont minimisé, ce samedi 30 avril, l’attaque de la veille imputée à Tel Aviv dans la région d’Ispahan, assurant qu’il n’y aurait pas de représailles. Elles se sont contentées d’affirmer que “plusieurs” petits drones ont été “abattus avec succès” par le “système de défense antiaérienne” du pays. L’opération n’a fait aucun dégât important, précise Téhéran.

“Il s’agissait de deux ou trois drones quadrirotor, comme ceux avec lesquels les enfants jouent en Iran”, a ironisé le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans un entretien accordé à la chaîne américaine NBC, ajoutant que “tant qu’il n’y aura pas de nouvelle aventure (offensive militaire, NDLR) au nom du régime israélien contre les intérêts de l’Iran, nous ne répliquerons pas”. Même son de cloche chez le député iranien Seyed Nezamedin Moussavi, qui a qualifié cette frappe de “ridicule”, estimant qu’elle montrait qu’Israël “était satisfait de ces actions inefficaces”. De son côté, un ancien ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, va même jusqu’à comparer cette attaque à un “feu d’artifice”.

Si l’Iran laisse planer des zones d’ombre sur cette attaque – pas un mot dans la presse nationale – des images satellites révèlent tout de même qu’un radar de la base aérienne d’Ispahan a été endommagé ou détruit. Nos confrères du Monde précisent qu’il s’agissait d”un élément d’un système de défense S-300 fourni par la Russie à Téhéran”.

Si Israël n’a pas confirmé être l’auteur de l’attaque, des médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains, avaient affirmé qu’il s’agissait d’une opération israélienne menée en représailles à l’offensive iranienne inédite du 13 avril. Ce jour, Téhéran avec lancé plus de 300 drones et missiles sur l’Etat hébreu lors d’une opération baptisée “Promesse honnête”, après une frappe israélienne meurtrière le 1er avril sur son consulat à Damas (Syrie).

Des attaques d’une basse intensité

Pour la première fois, les deux mastodontes du Moyen-Orient se rapprochaient d’une guerre directe. Mais les faits semblent plutôt montrer que les ennemis se maintiennent dans une logique de dissuasion. Alors qu’Israël avait promis de riposter, les frappes signalées dans la nuit du jeudi au vendredi sont restées de très basse intensité. L’idée ? Montrer que l’Etat hébreu peut atteindre le cœur de l’ennemi iranien, sans pour autant franchir la ligne rouge. Le choix de la base militaire aérienne d’Ispahan n’est pas anodin : elle est la huitième du pays et avait accueilli, en septembre 2023, des avions d’entraînement russes Yak-130.

Aussi, le petit type de drone choisi par Israël – possiblement lancés à l’intérieur de l’Iran – montre que “les Israéliens ne voulaient pas commettre de dégâts irréversibles”, estime Guillaume Ancel, chroniqueur militaire, sur France 24. Le spécialiste parle d’un “message stratégique” envoyé aux Iraniens.

Cette réaction modérée, imputée à Israël, est un signe que les rivaux cherchent une désescalade. Ni l’Iran, ni Israël n’ont voulu engendrer de trop grosses pertes à l’ennemi. En ce sens, les deux attaques sont symétriques. “Il semble que nous soyons hors de la zone de danger et, comme la frappe israélienne a été limitée, elle a permis aux deux pays de reculer pour l’instant”, a déclaré au New York Times Sanam Vakil, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Chatham House.

Des appels répétés à la retenue

Les deux ennemis semblent avoir tenu compte des appels mondiaux à la retenue. Il faut dire que les plus grandes puissances du monde étaient au diapason. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait souligné que “l’objectif” de son pays et des autres membres du G7, réunis à Capri, en Italie, était “la désescalade”. De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait fait état de contacts avec l’Iran et Israël. “Nous avons dit aux Israéliens que l’Iran ne veut pas d’escalade”, précisait-il.

Pour l’expert politique iranien Hamid Gholamzadeh, “l’incident d’Ispahan est un acte de sabotage très insignifiant”. Avec cette action, Benyamin Netanyahou montre que son vrai sujet de préoccupation n’est que Gaza, où il entend continuer son opération. Outre le lourd bilan humain et les destructions, les quelque 2,4 millions d’habitants du petit territoire sont menacés de famine, selon l’ONU, qui exhorte à l’entrée de plus d’aide humanitaire.

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