Européennes et RN : les avertissements des alliés de la majorité

Européennes et RN : les avertissements des alliés de la majorité

“Amis de Poutine”, “fantômes” de Bruxelles… Réuni à Lille, ce samedi 9 mars, pour lancer la campagne des européennes, le camp d’Emmanuel Macron s’est largement appliqué à critiquer son principal adversaire, le Rassemblement national (RN), donné favori du scrutin.

La candidate Valérie Hayer, dont c’était la première grande exposition publique, a appelé au “sursaut” pour “déjouer le scénario du pire”, “face à ceux qui veulent abattre” l’Europe, alors que la majorité est distancée de 10 points dans les sondages par le RN de Jordan Bardella. Même ton offensif pour le Premier ministre Gabriel Attal, qui a fustigé la “vaste tromperie” du “clan Le Pen” dont les votes au Parlement européen sont “une litanie de trahisons contre les intérêts des Français”.

Le “message n’est plus audible”

Une stratégie dont il ne faudrait pas abuser, selon certains alliés de la majorité. Le camp d’Emmanuel Macron ne doit pas “faire du Rassemblement national le seul sujet” de la campagne des européennes, a mis en garde ce dimanche François Bayrou, sur le plateau de BFMTV. “Je ne crois pas que la solution soit de faire du Rassemblement national le seul sujet de la campagne électorale. Je pense que d’une certaine manière, c’est lui faire un cadeau”, a-t-il estimé. “D’habitude, les élections européennes, c’est de la politique. C’est-à-dire des rapports de force, des discours, des promesses, des critiques”. Mais “ce n’est pas du tout la situation aujourd’hui”, a jugé le patron du MoDem, également maire de Pau.

Le 24 février, le maire Horizons de Reims, Arnaud Robinet, avait déjà reproché à l’exécutif de se focaliser sur la lutte contre le Rassemblement national au détriment du débat d’idées. “Aujourd’hui, le seul argument de la majorité à laquelle j’appartiens, c’est qu’il faut combattre le RN. Mais ce message n’est plus audible pour nos concitoyens. Moi, ce que j’attends de l’élection européenne, c’est un programme, une vision de l’Europe”, disait-il sur le plateau de Public Sénat.

Nombre de sièges et pays représentés par les deux groupes politiques d’extrême droite au Parlement européen, à date de mars 2024

Quelques jours plus tôt, le député européen Gilles Boyer, également proche de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, s’en était également inquiété dans un entretien accordé au Figaro : “Combattre les extrêmes est important, mais on fait campagne pour quelque chose, pas contre quelqu’un !”

“Obsession maladive”

Après le premier meeting de la majorité ce samedi, Jordan Bardella a aussitôt dénoncé sur le réseau social X une “obsession maladive (de la majorité) pour le RN”. “Rien sur l’Europe, rien sur la France, rien pour les Français”, a ajouté l’eurodéputé, qui avait lancé sa campagne dimanche dernier à Marseille en axant son discours sur l’immigration et en s’en prenant à Emmanuel Macron, accusé d’être le “grand effaceur” de la France en Europe.

A droite, la tête de liste LR François-Xavier Bellamy est “resté stupéfait devant le discours” de Valérie Hayer. “Cette élection n’est pas le 2e tour de l’élection présidentielle. C’est passé. Nous sommes dans une élection européenne, le sujet c’est l’Europe”, a-t-il réclamé sur BFMTV.

A gauche, le socialiste Olivier Faure s’est étonné que Gabriel Attal “rejoue le barrage” contre l’extrême droite, alors que le gouvernement a offert une “victoire idéologique sans précédent au RN”, en décembre, lors du vote du projet de loi immigration.

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