Formations à distance : ces écueils à éviter

Formations à distance : ces écueils à éviter

Qui n’a jamais pensé tout plaquer pour changer de métier ? Parfois subie, souvent choisie, la reconversion n’a jamais autant taraudé les Français, surtout après la pandémie de Covid-19. Pour donner du sens à leur quotidien, mieux gagner leur vie ou tout simplement changer d’air. Voici les clefs pour réussir ce tournant vital. La formation à distance peut se révéler un choix judicieux.

Présentée par certains comme la pierre philosophale de la reconversion professionnelle, capable de transmuer les chômeurs en travailleurs et les démotivés en passionnés, la formation à distance est auréolée de nombreuses vertus. Signe du dynamisme du secteur, plusieurs salons lui sont consacrés. Learning Technologies a fermé ses portes en janvier, Innovative Learning les ouvrira du 19 au 21 mars à Paris. L’événement – une centaine d’exposants cette année, quand ils étaient 28 en 2001 – fera la part belle aux innovations au service d’un apprentissage “hors les murs”. Les vedettes de la porte de Versailles seront le digital, l’immersive, l’adaptive, le social ou encore le rapid learning. Toutes ces modalités de formation, dopées à l’intelligence artificielle pour certaines, entendent maintenir l’attractivité du distanciel. Pourtant, pour la première fois depuis 2020, la popularité de celui-ci marque le pas, reculant de quatre points. Le baromètre 2024 de l’ISTF, l’institut des métiers du digital learning, précise : “En reprenant quatre points au distanciel, le présentiel redevient le plus standard des dispositifs pédagogiques.”

Du courage pour repartir à zéro

Voilà qui ne surprendrait pas Sylvain Tillon, le cofondateur du Bahut. Cette école, à la belle réputation, forme des digital learning managers (entendez des concepteurs de formations distancielles)… en présentiel. Un paradoxe ? Non, une évidence pour l’entrepreneur. “Nos étudiants en reconversion ont 35 ans en moyenne. A cet âge, il faut un sacré courage pour changer de vie et repartir de zéro. Ceux qui s’engagent dans cette démarche peuvent le faire à la suite d’un problème personnel ou professionnel – management toxique, licenciement mal compris… Au fil de leur parcours, ils auront des moments de doute, craindront parfois de se noyer. Nous sommes là pour les repêcher, leur redonner confiance. Et, pour y parvenir, rien ne vaut le présentiel.” Le Bahut se fait fort de créer une synergie au sein de ses promotions. Jérôme Lacquemant, un ancien, témoigne : “Nous avons commencé la formation en faisant une visite de Lyon et un escape game. En une semaine, malgré mon naturel introverti, l’esprit de groupe était là.”

Souple, mais pas simple

L’isolement de l’apprenant reste le talon d’Achille du 100 % distanciel. France Travail invite toutefois à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain en rappelant que 43 % des 25 700 demandeurs d’emploi ayant suivi une formation à distance en 2022 ont retrouvé un poste dans les six mois. Des personnalités suffisamment assurées, autonomes et persévérantes pour boucler leur parcours malgré l’absence d’interactions entre pairs. Les centres de formation à distance essaient bien de créer des communautés virtuelles, avec Workplace ou Slack par exemple. Mais les échanges entre apprenants peuvent vite se limiter à la portion congrue s’il n’y a pas un réel animateur de communauté. Une alternative pour briser l’isolement consiste à mettre en place un tutorat. Un système encouragé par l’ISTF, dont le baromètre précise que 53 % des dispositifs non tutorés sont suivis jusqu’à leur terme par moins de 20 % des apprenants.

Enfin, autre écueil du distanciel, il ne permet pas toujours de développer son réseau professionnel, à moins d’opter pour l’alternance ou pour une formation stage compris. Le Centre national d’enseignement à distance (Cned), acteur historique du secteur, a systématisé les périodes de formation en entreprise. Pour Lionel Madec, son directeur du développement commercial et du marketing, il s’agit “d’un facteur déterminant d’employabilité”. Un critère à vérifier impérativement avant de s’engager.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *