Golfe de Gascogne : pourquoi les pêcheurs vont rester à quai pendant un mois

Golfe de Gascogne : pourquoi les pêcheurs vont rester à quai pendant un mois

Chez les pêcheurs du golfe de Gascogne, le moral est en berne. Et pour cause : quelque 450 navires français seront cantonnés au port à partir de ce lundi 22 janvier, jusqu’au 20 février inclus, dans cette zone de l’Atlantique allant du nord de l’Espagne jusqu’à la Bretagne.

Cette mesure inédite vise à réduire le nombre de décès de dauphins pris accidentellement dans les filets. Le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (Ciem), l’organisme scientifique de référence, estime que 9 000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française.

Ce constat n’a pas manqué de faire réagir le Conseil d’État, saisi par trois associations de défense de l’environnement. En mars dernier, la haute juridiction administrative a enjoint le gouvernement à “fermer des zones de pêche dans le golfe de Gascogne pour des périodes appropriées”. Cette interdiction, dit-elle, permettra de “garantir un état de conservation favorable du dauphin commun, du grand dauphin et du marsouin commun”.

Ainsi, les bateaux de plus de huit mètres, français et battant pavillon étranger, sont concernés par cette mesure, qui sera reconduite pour un mois en 2025 et 2026. Si les associations de défense de l’environnement estiment que cette fermeture est une décision “historique”, les pêcheurs y voient, eux, un “désastre pour l’ensemble de la filière”, selon les mots du président du comité national, Olivier Le Nézet.

Indemnisations des pêcheurs et des mareyeurs

Les pertes financières sont estimées à des dizaines de millions d’euros. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a toutefois assuré sur TF1 que les pêcheurs seront indemnisés “entre 80 et 85 %” de leur chiffre d’affaires. Ces aides seront versées “aussi rapidement que possible”, a-t-il promis, soulignant que le gouvernement avait “saisi la Commission européenne qui nous a donné un accord de principe”.

Par ailleurs, les mareyeurs, qui transforment le poisson frais débarqué dans les criées et qui estiment leurs pertes à plus de 60 millions d’euros, percevront également une aide calculée sur la base de leur excédent brut d’exploitation. Ces indemnités iront “jusqu’à 75 % de leurs pertes”.

“On veut garder une filière de pêche française, et la concilier avec des impératifs de préservation de la biodiversité”, insiste le ministre. Néanmoins, pour les principaux concernés, ces deux objectifs semblent inatteignables. “On est aujourd’hui à 80 % de poisson importé dans l’assiette des Français, s’est indigné Olivier Le Nézet. Est-ce qu’on veut passer sous les 20 % d’apport de la pêche française, pour importer plus de poissons capturés dans des conditions indignes à l’autre bout du monde ?”

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *