Israël : écarter Netanyahou du pouvoir ? Pas si simple…

Israël : écarter Netanyahou du pouvoir ? Pas si simple…

La pression monte sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, de plus en plus isolé. Pour la première fois depuis le début du conflit au Moyen-Orient, il y a plus de cinq mois, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution exigeant un “cessez-le-feu immédiat” à Gaza. Un camouflet pour Israël car cette fois, le fidèle allié américain n’a pas bloqué le vote.

Son abstention, qui a provoqué une réaction outragée de “Bibi”, confirme la volonté de l’administration Biden de prendre ses distances avec lui. L’exaspération était palpable ces dernières semaines à Washington. Tandis que le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, appelait à de nouvelles élections en Israël, Joe Biden, qui a perdu du crédit politique, en pleine année électorale, en se liant à la droite et à l’extrême droite israéliennes, déclarait que Netanyahou causait “plus de tort que de bien” à l’Etat hébreu.

La crispation américaine se focalise désormais sur l’offensive que Tsahal compte mener à Rafah, dans le sud de Gaza, où se concentrent plus d’un million de personnes. Craignant de lourdes pertes civiles supplémentaires et un désastre humanitaire, Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, n’a pas caché son hostilité envers cette opération.

Le “dilemme de Netanyahou”

Pour l’heure, Netanyahou s’arc-boute sur sa stratégie. Dès le lendemain du vote, l’armée israélienne lançait de nouveaux raids contre Gaza. En réalité, “seule la suspension de l’aide militaire américaine acterait une crise et ferait véritablement pression”, souligne Jean-Loup Samaan, chercheur au Middle East Institute de l’université de Singapour.

Aux Etats-Unis, certains se prennent à rêver d’un départ du président du Likoud. Mais se débarrasser de ce redoutable animal politique ne sera pas une mince affaire – et ne modifierait pas forcément la position israélienne. “Deux paramètres favorisent le statu quo : d’une part, l’opinion publique israélienne reste divisée sur l’idée de forcer un changement politique en plein conflit ; d’autre part, la coalition gouvernementale, alignée sur la guerre, tient encore”, résume Jean-Louis Samaan.

Tant que la guerre dure, Netanyahou peut s’accrocher au pouvoir, malgré son impopularité. Un cessez-le-feu ferait imploser son alliance avec l’extrême droite, surtout si les otages ne sont pas libérés. Le chef du gouvernement le sait et ne se prive pas d’agiter le spectre de l’instabilité s’il quittait le pouvoir. Pour le conserver, doit-il préserver son alliance avec l’extrême droite ou avec l’administration Biden ? Le “dilemme de Netanyahou” pourrait vite devenir insoluble.

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