Israël, l’heure de la riposte contre l’Iran ? Récit d’une nuit où tout s’est emballé

Israël, l’heure de la riposte contre l’Iran ? Récit d’une nuit où tout s’est emballé

Depuis plusieurs jours, Israël réfléchissait à la réponse qu’elle adresserait aux centaines de missiles et drones tirés par l’Iran sur son territoire le week-end dernier. Ce vendredi 19 avril au matin, le Moyen-Orient s’est finalement réveillé avec la nouvelle d’une potentielle riposte de l’Etat hébreu à l’encontre de la République islamique.

Selon plusieurs médias américains, Israël serait responsable d’une attaque de drones, non revendiquée pour l’instant, lancée sur la province abritant des installations nucléaires d’Ispahan, dans le centre de l’Iran.

Plusieurs médias iraniens ont finalement confirmé trois explosions près d’une base militaire, sans toutefois accuser Israël, faisant craindre que ce nouvel événement n’enfonce la région un peu plus profondément encore dans le conflit, alors que l’Iran avait déjà prévenu que toute nouvelle attaque connaîtrait une réponse “immédiate et maximum”.

4h20 : activation des boucliers antiaériens en Iran

Vers 4h20 du matin (heure française), l’information est donnée par l’agence iranienne FARS, rapidement relayée par les chaînes américaines en pleine édition du soir. “Une explosion a été entendue dans la ville iranienne de Ghahjaworstan, située au nord-ouest de la ville d’Ispahan”. La zone est sensible : cette province centrale de la République islamique abrite plusieurs installations nucléaires, ainsi que huit bases militaires de l’armée aérienne iranienne.

Les liaisons aériennes au-dessus des villes de Téhéran, Ispahan et Shiraz sont immédiatement suspendues. Dans les minutes qui suivent, l’Iran annonce avoir activé son système de défense aérienne dans plusieurs villes du pays.

5h30 : trois explosions confirmées près des bases militaires

Une heure plus tard, l’agence FARS confirme finalement que trois explosions ont été entendues près d’une des bases militaires où sont stationnés des avions de combat ainsi qu’un radar aérien de l’armée, dans la province d’Ispahan. Une attaque, “probablement de drones” est alors évoquée par l’agence. Mais “la cause des explosions n’est pas encore connue”, affirme le média à ce stade.

6h : l’attaque vient d’Israël, selon les médias américains

Aux alentours de 6h (heure française), les chaînes américaines CNN et NBC, en pleine édition du soir, annoncent avoir été informées par une source officielle américaine qu’”Israël a conduit une frappe aérienne contre l’Iran”. “La cible n’est pas nucléaire”, indique la source aux deux médias, qui assure que l’attaque n’est pas non plus dirigée contre les civils.

Dans la foulée, l’agence nationale de l’espace iranienne (IRNA) assure qu’aucun dégât majeur n’est à signaler. Le média d’État iranien Tsanim, quant à lui, confirme rapidement que les installations nucléaires d’Ispahan sont “complètement en sécurité”. Un constat partagé depuis par l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU. Interrogée, l’armée israélienne assure alors ne pas “pas avoir de commentaire” concernant des explosions en Iran, selon CNN, ne revendiquant ainsi pas officiellement l’attaque.

Quelques heures plus tôt, le ministre iranien des affaires étrangères, Amir-Abdollahian, menaçait encore ouvertement Israël. “Au cas où le régime israélien se lance à nouveau dans l’aventurisme et prend des mesures contre les intérêts de l’Iran, la prochaine réponse de notre part sera immédiate et au niveau maximum”, a-t-il déclaré dans une interview en direct sur CNN.

6h15 : les États-Unis savaient mais “n’ont pas approuvé”

Peu après, nouvelle révélation : Israël avait prévenu les Etats-unis de son attaque, indiquent finalement des sources officielles américaines sur CNN. “Mais nous n’avons pas approuvé la réponse” d’Israël à la précédente attaque iranienne, indique alors le responsable américain.

Une potentielle riposte d’Israël était effectivement attendue : Benyamin Netanyahou avait prévenu qu’il répondrait à l’attaque de l’Iran ayant lancé des centaines de drones (majoritairement interceptés) sur le territoire hébreu le week-end dernier. Cette même attaque avait déjà été déclenchée en représailles à un raid contre le consulat iranien à Damas, en Syrie, imputée à Israël.

Selon un communiqué du Pentagone, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est également entretenu jeudi 18 avril avec le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, au sujet des “menaces régionales et des actions déstabilisatrices de l’Iran au Moyen-Orient”.

7h : “Pas de frappes ou d’explosion de grande échelle”

Vers sept heures du matin, la république islamique annonce finalement ne pas avoir subi de “frappe ou explosion à grande échelle”.

“Trois drones ont été “abattus avec succès par la défense aérienne du pays, aucune attaque de missile n’a été signalée pour l’instant”, déclare alors le porte-parole du Centre national du cyberespace iranien, Hossein Dalirian, sur la plateforme sociale X.

9h : “Aucune attaque de l’étranger”

Mais très rapidement, l’Iran tente de démentir cette attaque. L’agence de presse d’Etat Tsanim affirme que “contrairement aux rumeurs et aux affirmations faites par les médias israéliens”, il “n’y a aucune information faisant état d’une attaque de l’étranger contre la ville centrale d’Ispahan ou toute autre partie du pays”, alors qu’aucun dirigeant iranien n’a publiquement commenté ces explosions. Selon Tsanim, “des unités de défense aérienne” ont été activées dans certains endroits à cause de la “grande sensibilité des systèmes de défense aérienne en raison de la situation actuelle et à la possibilité de détecter certains petits drones”. L’agence de l’espace IRNA quant à elle, a précisé qu'”aucune information faisant état de tirs de systèmes de défense antimissile” n’avait été reçue.

Après trois heures de chaos, les vols ont depuis repris depuis les aéroports de Mehrabad et Imam Khomeini, les deux principaux aéroports de la capitale iranienne. Sur les chaînes de télévision d’état, des images de calme dans les grandes villes du pays sont diffusées, y compris à Ispahan, montrant des passants se baladant librement dans la ville et signalant une circulation normale dans la ville.

Malgré l’apparent retour au calme, les experts s’inquiètent d’une escalade du conflit, tandis que l’interminable échange de représailles semble s’emballer entre les deux pays. Plusieurs pays, dont la France et l’Italie, ont appelé ce vendredi matin à la désescalade et à la retenue.

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