La France, nouveau “punching-ball” de la Russie : jusqu’où ira l’escalade ?

La France, nouveau “punching-ball” de la Russie : jusqu’où ira l’escalade ?

La Russie mène à la France une guerre des mots presque quotidienne. L’instrumentalisation de l’échange téléphonique avec le ministre de la Défense français par son homologue russe est le dernier exemple en date. Le 3 avril, Sébastien Lecornu propose à Sergueï Choïgou de reprendre avec la Russie la coopération antiterroriste contre l’organisation État Islamique (EI), laquelle a revendiqué le pire attentat terroriste commis sur le sol russe (le 22 mars) depuis longtemps. Bilan : plus de 150 morts dans la méga salle de spectacle du Crocus City Hall, à Moscou. En dépit des bonnes intentions affichées par le Français, le compte rendu de l’appel téléphonique donné par le ministère russe des Affaires étrangères est bien différent. Selon celui-ci, Sergueï Choïgou aurait dit à Sébastien Lecornu : “Nous espérons que les services français ne sont pas derrière l’attentat.” Moscou et la diplomatie russe continuent d’accuser l’Ukraine d’avoir fomenté l’attaque terroriste. Selon la version des Russes, “l’Ukraine ne fait rien sans l’aval de ses superviseurs occidentaux”. Dans un exercice de mauvaise foi absolu, Moscou a réussi le tour de force de connecter l’EI, la France et l’Ukraine ! Mieux encore : Choïgou affirme que la France s’est portée volontaire pour un dialogue avec la Moscou sur l’Ukraine, ce que dément Emmanuel Macron. “Des commentaires baroques et menaçants”, a cinglé le président français.

L’Hexagone serait-il devenu la cible préférée du Kremlin dans sa croisade contre l’Occident ? Multiplication de sites Internet de propagande prorusse en français inondant les réseaux sociaux ; rumeurs sexistes sur la première dame Brigitte Macron propagées dans les médias russes ; cyberattaques à répétition sur des ministères français : les opérations de déstabilisation en provenance de Russie s’intensifient.

Depuis ce début d’année, cette “guerre hybride” prend une nouvelle ampleur. Elle n’est plus seulement menée par les propagandistes du Kremlin les plus radicaux ; aujourd’hui, les officiels russes eux-mêmes sont mis à contribution pour relayer des fausses informations sur la France. En janvier, ils prétendaient que des “mercenaires français” étaient présents en Ukraine, en relayant les affirmations de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova. En mars, c’étaient soi-disant 2 000 militaires français qui s’apprêtaient à aller se battre sur le front ukrainien – une fausse information lancée par le directeur des renseignements extérieurs Sergueï Narychkine. Autant de “fake news” que le Quai d’Orsay se voit contraint de démentir à chaque fois. “Un cap a été franchi, les échanges avec Moscou se tendent réellement”, confiait récemment une source diplomatique française.

Les services français ont constaté l’aspect systématique de l’affaire. Chaque offensive informationnelle contre la France arrive à la suite d’annonces françaises de soutien à l’Ukraine. Livraison de missiles Scalp en janvier, déclaration de Macron sur la possibilité d’envoyer des soldats français en Ukraine en février, accord bilatéral de sécurité signé avec Kiev en mars : Moscou répond à chaque fois par une opération de déstabilisation. Le Kremlin n’apprécie guère le raffermissement de la position pro-ukrainienne de la France, surtout au moment où l’aide occidentale devient un enjeu crucial pour la résistance ukrainienne.

Reste à savoir jusqu’où ira cette montée des tensions. Sur ce point, les Jeux olympiques à Paris cet été cristallisent les craintes. Sachant qu’une menace terroriste plane sur les J.O. 2024, Moscou pourrait choisir d’amplifier les peurs afin de saboter l’événement, et éreinter l’image de la France. Officiellement bannie des épreuves sportives, la Russie a tout de même choisi de disputer la compétition de boxe. En faisant de la France son “punching-ball”.

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