La Russie a-t-elle utilisé des armes chimiques en Ukraine ? Ce rapport américain qui l’affirme

La Russie a-t-elle utilisé des armes chimiques en Ukraine ? Ce rapport américain qui l’affirme

L’accusation des Etats-Unis est formelle. La Russie aurait eu recours à une arme chimique suffocante datant de la Première guerre mondiale dans son invasion de l’Ukraine. La chloropicrine, agent chimique dit “d’étouffement”, est utilisée contre les forces ukrainiennes en violation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un rapport du département d’Etat publié le mercredi 1er mai.

Un agent formellement interdit par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) basée à La Haye, créée pour mettre en œuvre et surveiller le respect de cette Convention qui date de 1993.

Provoque des œdèmes aux poumons

“L’utilisation de ces produits chimiques n’est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille”, affirme le département d’Etat. Aujourd’hui principalement employée comme traitement fongicide et insecticide pour stériliser le sol et les semences, la chloropicrine a été utilisée comme arme chimique asphyxiante pendant la Première guerre mondiale, mélangée à de la “moutarde au soufre” pour abaisser son point de congélation.

Cet agent chimique provoque des lésions des voies pulmonaires, qui, dans le cas d’une inhalation sévère, peuvent entraîner des œdèmes aux poumons provoquant la mort. Dans les cas les moins graves, le produit provoque une irritation des poumons, des yeux, de la peau ou encore des nausées, vomissements et diarrhées qui peuvent durer plusieurs semaines.

Ce n’est pas tout : selon le rapport du département d’Etat, l’armée de Vladimir Poutine a également fait usage ces derniers mois de gaz antiémeutes comme arme à l’encontre des soldats ukrainiens. Une méthode également interdite par la CIAC, parce que ces gaz présentent des risques d’étouffement lorsqu’ils sont utilisés dans des espaces fermés, comme des tranchées ennemies, forçant les soldats ukrainiens à fuir sous le feu ennemi. Plus tôt dans le conflit, l’armée ukrainienne avait déjà rapporté l’usage de grenades chargées des gaz lacrymogènes CS et CN, selon Reuters.

Les soldats ukrainiens rapportaient ainsi au début du mois d’avril des attaques “quasiment quotidiennes” aux gaz lacrymogènes pour les déloger de positions enclavées, selon The Guardian. Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux en mars, les forces armées ukrainiennes avaient déjà déclaré avoir enregistré plus d’un millier d’incidents au cours desquels la Russie avait utilisé “des munitions lacrymogènes équipées de produits chimiques toxiques interdits pour la guerre”, avec 250 cas rien qu’en février, rapporte CNN.

Nouvelle vague de sanctions des États-Unis

Dès mars 2022, un mois après le début de guerre, Washington avait promis une réponse sévère si la Russie franchissait le pas extrême de violer la Convention des armes chimiques (CIAC), rappelle CNN. Ce mercredi, Washington a ainsi annoncé en parallèle de cette accusation formelle une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l’effort de guerre russe dans l’invasion de l’Ukraine. Outre des entreprises russes de la Défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d’armes chimiques et biologiques russes. La Russie, elle, a déclaré par le passé ne plus posséder d’arsenal chimique militaire.

“Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s’inscrit dans la même logique que les opérations d’empoisonnement d’Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok”, poursuit le département d’Etat dans son communiqué.

L’empoisonnement fait notoirement partie des techniques d’assassinat spectaculaires du pouvoir russe, et a, à de nombreuses reprises, attiré l’attention de la communauté internationale ces dernières années : récemment, Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d’un grave empoisonnement qu’il avait attribué au Kremlin. L’ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient aussi été empoisonnés en Angleterre en 2018.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *