Le mobilier design, un placement plaisir qui peut rapporter gros

Le mobilier design, un placement plaisir qui peut rapporter gros

Depuis la pandémie de Covid, le confort de notre intérieur est devenu une priorité. Cette recherche du “home sweet home” explique en partie le succès fulgurant du mobilier design français des années 1950 à 1980. Si l’on y ajoute la modernité des formes et l’enthousiasme des grands décorateurs qui font la pluie et le beau temps en matière de goût, on ne peut plus parler d’une mode fugace mais plutôt d’un engouement durable, confinant parfois à la folie pour certains créateurs. Ainsi, en mars dernier, chez Christie’s New York, une paire de fauteuils et un canapé Ours Polaire de Jean Royère (1902-1981) ont trouvé preneur pour… 3,4 millions de dollars. En juin 2022, deux grandes tables de Jean Prouvé (1901-1984), destinées au réfectoire d’une résidence universitaire, se sont vendues, elles, 3,8 millions d’euros.

A moins d’avoir d’importants moyens, il est quasi impossible d’acheter les pièces iconiques de ces designers. Inutile d’espérer dénicher à bon prix un fauteuil Œuf de Jean Royère ou une bibliothèque colorée de Jean Prouvé conçue pour les chambres d’étudiants. Ces musts du design se négocient plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour autant, cela ne signifie pas qu’il faut renoncer au mobilier de ces deux maîtres, ainsi qu’à celui conçu par Charlotte Perriand (1903-1999) et Pierre Jeanneret (1896-1967), ces quatre artistes étant considérés comme les plus brillants des Trente Glorieuses. On peut encore trouver à un prix relativement raisonnable certaines de leurs pièces. Ainsi, la maison de ventes Tajan a adjugé au printemps dernier un bahut de Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret pour 19 680 euros. Début octobre, Piasa vendait quatre chaises Ondulation de Jean Royère 44 200 euros, et un tabouret de Charlotte Perriand 5 200 euros.

Etoiles montantes

Pour espérer de meilleures affaires, l’amateur a intérêt à se tourner vers des designers moins célèbres sur le plan international, encore accessibles, mais dont la cote monte régulièrement. Citons par exemple Audoux & Minet – maison active de 1929 à 1965 -, Robert Guillerme (1913-1990) & Jacques Chambron (1914-2001) pour la société Votre Maison, Mathieu Matégot (1910-2001), Louis Sognot (1892-1970), Joseph-André Motte (1925-2013), Pierre Guariche (1926-1995), Pierre Chapo (1927-1987) ou Pierre Paulin (1927-2009).

Ce dernier est connu pour avoir décoré, à la demande du président Georges Pompidou, plusieurs pièces de l’Elysée. Ses meubles les plus célèbres, comme le fauteuil Mushroom ou la table basse Elysée, restent abordables. Un modèle de cette dernière s’est ainsi vendu 5 464 euros chez Piasa. Le mobilier du duo Guillerme & Chambron ornait les intérieurs de la bonne bourgeoisie du Nord de la France. Totalement oublié, il est sorti du purgatoire quand des créateurs comme Philippe Starck l’ont utilisé dans des rénovations d’hôtels de prestige. Il reste bon marché : les fauteuils se vendent entre 2 000 et 5 000 euros, les buffets moins de 5 000 euros et les petites tables gigognes entre 1 500 et 3 000 euros. Et l’on peut faire le même constat pour les autres designers, Pierre Guariche et Pierre Chapo restant parmi les plus chers puisqu’il faut compter 10 000 euros pour une belle pièce.

Enchères, braderies ou brocantes

Il n’est pas particulièrement difficile de trouver ces pépites, à condition de prendre son temps. Tout d’abord, il faut repérer les ventes aux enchères de design qui se tiennent tout au long de l’année, partout en France, en lisant par exemple La Gazette Drouot. Certaines maisons comme Piasa à Paris sont spécialisées dans ces ventes. On se doit aussi de surveiller les sociétés de province car si vous appréciez Guillerme & Chambron, les ventes ont souvent lieu dans les Hauts-de-France, région dans laquelle on trouve l’essentiel de leur mobilier.

Autres pistes à privilégier, les Puces de Saint-Ouen et du design à Paris, ou du canal à Lyon-Villeurbanne, les bonnes brocantes ainsi que la braderie de Lille ou la Grande réderie d’Amiens, où l’on peut découvrir de belles pièces. Enfin, ceux qui ont les moyens, car les prix y sont élevés, se rendront au PAD – Paris Art Design -, au printemps prochain, ce salon de prestige réunissant tous les grands galeristes spécialisés.

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