Les défaillances d’entreprises au plus haut depuis neuf ans

Les défaillances d’entreprises au plus haut depuis neuf ans

Un contexte toujours difficile pour les entreprises en ce premier trimestre 2024. Après un exercice 2023 très difficile, avec une explosion du nombre de faillites, la dynamique semble se poursuivre en ce début d’année. 17 088 procédures de défaillances ont ainsi été ouvertes entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, soit le plus haut niveau sur cette période depuis 2015, selon une étude du groupe Altares publiée ce mercredi 10 avril.

Les défaillances ont augmenté de 19,4 % au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023. “Avec plus de 17 000 défauts, sur les trois premiers mois 2024, la moyenne de la décennie pré-Covid pour un premier trimestre est dépassée (16 700)”, observe Thierry Millon, directeur des études d’Altares, qui ajoute que “la barre symbolique des 60 000 défauts sur douze mois a été franchie en février pour la première fois depuis l’été 2016”.

Ce dernier se veut néanmoins positif. “Une lente amélioration se dessine, à la faveur d’un mois de mars mieux orienté” explique-t-il, évoquant de “premiers signaux d’accalmie”.

Des disparités par secteur…

Au niveau des secteurs, si la tendance reste à la hausse des défaillances un peu partout, on remarque néanmoins des dynamiques différentes selon les activités. Ainsi, la construction est particulièrement touchée, avec une hausse de 30,8 % des défaillances par rapport à l’année dernière. Il en va de même pour les activités d’assurances et financières (+40,2 %) – en réalité largement tirées les défaillances de ces dernières (+61,5 %), alors que les assurances se portent mieux (-21,4 %) -, ou encore les entreprises du transport et de la logistique (+29,6 %). Au contraire, certains secteurs se portent un peu moins mal, comme l’information et la communication (+ 6,8 %) ou encore l’industrie (+ 9,5 %).

Quand on rentre encore plus dans le détail, certaines activités sont particulièrement en difficulté. C’est notamment le cas de l’immobilier : le nombre de défaillances d’agences immobilières a quasiment doublé (+ 95 %) ce trimestre, par rapport au trimestre 2023. Mais on retrouve également d’autres activités, comme la fabrication de vêtements (+58 % de défaillances), le transport routier de marchandises (+ 33,9), les pharmacies (+78 %) ou encore le commerce de détail de meubles (+96 %).

Certaines activités voient au contraire le nombre de défaillances baisser, explique Altares. C’est notamment le cas des boulangeries, avec une baisse de 12 % des défaillances sur le premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023. Mais aussi des boucheries (-25 %), des centres ou clubs de sports (-27 %) ou encore des entreprises de programmation informatique (-13 %).

… et par taille

Sans surprise, en volume, ce sont bien les plus petites entreprises qui représentent la grande majorité des défaillances, pesant à elles seules pour 92 % des défauts. Néanmoins, le rythme se ralentit, avec 19 % d’augmentation contre plus de 42 % au premier trimestre 2023.

La dynamique est surtout “particulièrement tendue” pour les grosses PME (entre 50 et 200 salariés), dont le nombre de défauts a augmenté de près de 60 %, détaille Altares, qui pointe que 154 d’entre elles ont fait “l’objet d’une procédure collective, un nombre au plus haut depuis plus de dix ans (156 au premier trimestre 2013)”.

Des éléments d’espoir ?

Des point positifs restent néanmoins à noter. Les plus jeunes entreprises – créées depuis 2022 – résistent de leur côté mieux en ce début d’année 2024, avec une augmentation des défaillances limitée à 5,9 %. “Ces structures ne portent pas la charge d’une dette liée au Covid”, avance Altares comme piste d’explication, précisant néanmoins que celles-ci subissent tout de même “les effets d’une conjoncture défavorable”.

Mais c’est justement à ce dernier sujet qu’Altares se veut plus optimiste pour la suite. “A l’instar de l’inflation, le rythme des défaillances semble lui aussi vouloir ralentir à l’entame du printemps”, explique le groupe. Si la conjoncture poursuit sur une dynamique plus accommodante, l’année 2024 “s’achèverait sur un nombre de défaillances, sauvegardes comprises, en hausse de 10 %, proche donc des 64 000 procédures. Soit “un nombre élevé mais pas un mur de faillites”, conclut le groupe.

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