Macron et Xi Jinping : le programme d’une visite d’Etat très scrutée

Macron et Xi Jinping : le programme d’une visite d’Etat très scrutée

Soixante ans après l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, le président Emmanuel Macron va recevoir son homologue Xi Jinping, lors d’une visite d’Etat les 6 et 7 mai. De retour pour la première fois en Europe depuis 2019, le numéro un de la superpuissance asiatique a organisé sa tournée sous le sceau de l’équilibre diplomatique : après la visite d’Etat en France, qui lui demande depuis un an d’user de son influence pour ramener la Russie à la raison, il se rendra en Serbie et Hongrie, deux pays restés proches de Moscou.

Ce lundi, le couple présidentiel chinois sera accueilli en fin de matinée par Emmanuel et Brigitte Macron au palais de l’Elysée, où une réunion trilatérale est prévue en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Peu avant 15 heures, les deux chefs d’Etat se rendront à l’Hôtel national des Invalides pour une cérémonie officielle avec hymnes nationaux et revue des troupes, avant de retourner à l’Elysée, pour un entretien en tête à tête. La seconde journée de cette visite d’Etat prendra la forme d'”une séquence personnelle”, selon l’Elysée : les deux couples présidentiels iront dans les Hautes-Pyrénées, au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où Emmanuel Macron veut partager un moment plus intime avec son homologue.

Au cours de ces deux jours, “le président de la République évoquera les inquiétudes que l’on peut avoir sur l’activité de certaines entreprises chinoises qui pourraient participer directement ou contribuer de manière significative à l’effort de guerre russe”, a précisé l’Elysée auprès du Monde. Alors que la Chine a réaffirmé, le 18 février, dernier ne pas avoir vendu d’armes létales à la Russie, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, les livraisons de machines-outils et de composants pour la production de ces armes, elles, se sont poursuivies, permettant à Moscou de redresser son industrie et de prendre l’avantage dans le conflit.

“Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais d’un plan stratégique complet mis en œuvre par la Chine et la Russie. Cela a eu un énorme impact. Nous pensons que cela a contribué à aider la Russie à reconstruire ses capacités militaires”, observait devant quelques journalistes le secrétaire d’Etat adjoint des Etats-Unis, Kurt Campbell, de passage à Paris, jeudi 2 mai.

Mais Xi Jinping n’aurait aucun intérêt à changer son fusil d’épaule, selon le sinologue Alain Wang, interrogé par Europe 1. “La Chine est quand même au cœur de plusieurs organisations internationales qui rassemblent, au-delà de la Russie, la Corée du Nord et l’Iran. Donc, elle est tout à fait dans une opposition de valeurs et de pensées par rapport aux valeurs occidentales et aux valeurs européennes”, assure-t-il.

Concurrence déloyale

Autre sujet probable de discussion entre Macron et Xi Jinping : les subventions étatiques chinoises octroyées à plusieurs secteurs industriels, notamment les véhicules électriques, accusées de fausser la concurrence. L’Union Européenne a récemment lancé des enquêtes pour faire la lumière sur ces aides, dont les conséquences pourraient être une majoration des droits de douane comme le font les États-Unis.

Les pays membres de l’UE étudient également une taxe carbone à leurs frontières sur les produits importés qui ne sont pas fabriqués selon les normes environnementales exigées aux entreprises européennes. En rétorsion, la Chine a d’ores et déjà menacé de taxer certains produits, notamment français, du secteur alcools et spiritueux comme le cognac.

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, participera donc à la rencontre avec le leader chinois lundi. Pour éviter également la cacophonie européenne, Emmanuel Macron a dîné le 2 mai avec le chancelier Olaf Scholz afin d’aligner leurs positions. À la différence de la France, l’économie allemande est très dépendante de la Chine, quatrième destination de ses exportations et première provenance de ses importations. Dans un entretien à La Tribune Dimanche ce 5 mai, Emmanuel Macron a d’ailleurs expliqué la difficulté à trouver un consensus européen, car “certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiellement un marché de débouchés, alors qu’elle exporte massivement vers l’Europe.”

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