Niger : des soldats russes s’installent dans la base hébergeant les derniers militaires américains

Niger : des soldats russes s’installent dans la base hébergeant les derniers militaires américains

C’est tout un symbole de la bascule en cours au Sahel. Des soldats russes se sont installés dans une base aérienne au Niger abritant les dernières troupes américaines, dans la capitale Niamey, a indiqué ce jeudi le ministre américain de la Défense Lloyd Austin. Une annonce qui fait suite aux demandes pressantes de la junte militaire nigérienne, issu d’un coup d’Etat perpétré le 26 juillet 2023, qui a exigé ces dernières semaines que les Etats-Unis retirent du pays leurs dernières forces militaires.

Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse jeudi, Lloyd Austin a indiqué que le déploiement russe ne posait pas de “problème significatif (…) en terme de protection de nos forces”. “La base aérienne 101, où sont nos forces, est une base des forces aériennes nigériennes qui est située à côté de l’aéroport international dans la capitale. Les Russes sont dans un bâtiment séparé et n’ont pas accès aux forces américaines ni à nos équipements”, a-t-il dit lors d’une conférence à Hawaï.

Le déploiement russe dans la base aérienne, située dans la capitale Niamey, place en effet les soldats russes et américains dans une situation de proximité, au moment même où Washington et Moscou sont en farouche désaccord sur la guerre en Ukraine, et où les Etats-Unis ont validé un nouveau plan de soutien à l’armée ukrainienne de plus de 61 milliards de dollars. Interrogé lors d’un point presse à Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n’a ni confirmé ni démenti la présence russe dans la base, indiquant simplement que Moscou développait ses relations avec les pays africains dans tous les domaines, y compris militaire.

Ancien partenaire clé des Etats-Unis

Le régime militaire du Niger avait dénoncé en mars l’accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que celui-ci avait été “imposé unilatéralement” par Washington et que la présence américaine était désormais “illégale”. Jusqu’au coup d’Etat de l’été dernier, le Niger était en effet un partenaire clé de l’armée américaine dans la lutte anti-djihadiste au Sahel. Washington a investi plusieurs centaines de millions de dollars pour former les forces nigériennes. Mais aussi pour développer la base militaire d’Agadez, au nord du Niger, où ils disposaient notamment d’une importante base de drones, construite pour environ 100 millions de dollars.

Face à la demande de la junte, mi-avril, les Etats-Unis avaient finalement accepté de retirer du pays leurs près de 1 000 soldats restants sur le sol du Niger. Des discussions entre les deux pays sont toujours en cours concernant les modalités de ce retrait, a indiqué la semaine dernière le chef du commandement militaire américain pour l’Afrique.

Après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la junte militaire nigérien avait également rapidement exigé le départ des soldats de l’ancienne puissance coloniale française, particulièrement ciblée par le nouveau régime. Il s’est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des militaires et confrontés à la violence jihadiste, perpétrée par des groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. En avril, des instructeurs russes sont arrivés à Niamey tandis que les autorités du pays réceptionnaient leur première livraison de matériel militaire russe.

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