“Nous, féministes universalistes, voulons gagner la bataille culturelle !”

“Nous, féministes universalistes, voulons gagner la bataille culturelle !”

Nous sommes pacifistes, non-violentes et non-violents, nous sommes pour le débat d’idées et la défense des opinions. Nous sommes pluriels et profondément attachés à l’unité de nos luttes. Notre plus belle arme est notre culture commune, celle qui nous lie dans nos combats au quotidien pour défendre, ici et ailleurs, la cause des femmes. Depuis le 7 octobre 2023, nous nous tenons, seuls, aux côtés des femmes israéliennes. Nous, progressistes de gauche, féministes et républicains appelons les féministes à ne pas choisir leur camp !

Lors des marches féministes organisées les 25 novembre et 8 mars, et alors que nous venions apporter notre soutien aux femmes israéliennes victimes de viols, nous avons été empêchées de manifester, exfiltrées ou violentées. Depuis #Metoo, nous, féministes, mettons en avant la présomption de véracité pour la parole des femmes victimes. Mais soudain, concernant le 7 octobre, certains mouvements de gauche contestent cette revendication commune du “on te croit” et remettent en question la parole des femmes israéliennes, en exigeant “des preuves”. Être féministe, c’est combattre les viols partout dans le monde, tous les viols, sans exception.

Nous sommes humanistes, nous combattons toutes les discriminations, la xénophobie, l’antisémitisme, toutes sortes de racismes comme nous devons lutter contre toutes les violences sexuelles, tous les viols et toutes les haines de l’autre. Le 12 avril 2024, l’Union européenne sanctionne enfin le Hamas pour “violences sexuelles généralisées” lors de l’attaque du 7 octobre contre Israël. Le rapport européen indique que al-Qassam, la branche armée du Hamas, et d’autres groupes armés palestiniens ont commis à l’encontre des civils de graves violations du droit international les 7 et 8 octobre : viols, agressions sexuelles et actes de torture nécessitent l’établissement de toutes les responsabilités, conformément au droit international. La réponse militaire d’Israël qui a suivi, les moyens et méthodes de guerre choisis par ce dernier, ont entraîné d’énormes souffrances pour le peuple palestinien. Ce même rapport souligne que des violations flagrantes du droit international ont été commises, notamment le meurtre de civils à grande échelle. Les femmes et les enfants ont particulièrement été touchés.

Aujourd’hui nous refusons de nous taire quand il s’agit d’invisibiliser des crimes de guerre qui visent nos sœurs, nos mères et nos filles. Le viol est une arme de guerre, reconnue et assumée par les ennemis des femmes, de la démocratie et de la laïcité. Que ce soit en France, en Somalie, en Ukraine, en Iran, en Afghanistan ou ailleurs dans le monde – JAMAIS – NULLE PART – Israël compris – nous ne pouvons le banaliser ou nous en accommoder.

“Parlons de gynocide et non de génocide”

Il y a 20 ans déjà, Antoinette Fouque écrivait : “Je ne me suis pas contentée, depuis trente ans, de recenser le catalogue du gynocide permanent qui se perpétue sur la planète. Je me suis efforcée d’en analyser les causes. Je pense qu’au fondement de cette haine envers les femmes, qui ravage l’espèce humaine, il y a l’envie primordiale, archaïque, universelle et radicalement déniée, de leur capacité procréatrice, de cette part spécifique qui, avec la gestation, leur échoit dans la production de l’espèce humaine. Cette envie, qui est la misogynie même, est la base de tout système d’exclusion de l’autre et la racine de tous les racismes, de toutes les exploitations.” (“Si c’est une femme”, in Il y a deux sexes. Essais de féminologie, édition revue et augmentée, Gallimard, 2004). A l’heure où certains convoquent la sémantique de la Shoah pour se draper dans de faux combats identitaires et faire écran, les mots sont là, le mal est posé, parlons de gynocide et non de génocide.

Féministes, universalistes et laïques, réveillons-nous ! Tel Jaurès qui appelait à une “République menée jusqu’au bout”, assumons de mener le combat féministe jusqu’au bout en combattant les violences sexuelles et sexistes en toutes circonstances et en tous lieux. Soyons aux côtés de toutes sans distinction : des Iraniennes qu’une caste d’obscurantistes religieux empêche de vivre libres, des Afghanes qui font face aux différents supplices du régime taliban, des Gambiennes dont le gouvernement veut de nouveau légaliser l’excision, des Israéliennes silenciées parce que juives, des Palestiennes prisent en étau entre le Hamas et la réplique du gouvernement israélien, des Congolaises violées et mutilées par volonté de destruction sociétale, des Européennes qui luttent pour faire reconnaître l’IVG dans tous les Etats membres, etc. Nous refusons le silence imposé aux femmes qui se battent pour vivre librement, penser, s’habiller et s’exprimer comme elles le souhaitent. Nous serons toujours aux côtés de celles qui subissent une domination au nom d’un Dieu, d’un pouvoir, d’un père ou d’un frère.

Nous refusons également que l’on fasse taire les voix qui s’élèvent. En dépit des attaques et des intimidations, face aux simplifications et aux mensonges des populistes mais fidèles à nos valeurs, soyons ce pilier résolument féministe, universaliste et humaniste. Nous serons toujours aux côtés de celles qui subissent et nous crions “Femme, Vie, Liberté”.

Cette tribune a été rédigée par Cécile Fadat, adjointe au Maire de Condat-sur-Vienne – Conseil National du PS ; Sadia Hadj-Abdelkader, conseillère municipale à Bègles ; Camille Vizioz-Brami, élue du 9e arrondissement de Paris – Secrétaire Fédérale en charge de l’engagement

Premiers signataires :

Laurence ROSSIGNOL/sénatrice du Val de Marne

Rachid TEMAL/sénateur du val d’Oise

Carole DELGA/présidente de la région Occitanie

Emmanuel GRÉGOIRE/1er adjoint à la Maire de Paris

Emma RAFOWICZ/présidente des JS

Michaël DELAFOSSE/maire de Montpellier

Halima DELIMI/représentante des instances nationales du PS

Nicolas MAYER-ROSSIGNOL/maire de Rouen

Gabrielle SIRY-HOUARI/membr edu bureau national du PS

Dylan BOUTIFLAT/secrétaire national à l’International

Yasmine AL JAÏ/secrétaire nationale en charge de l’égalité Femme/Homme

Bassem ASSEH/1er adjoint à la maire de Nantes

Laure BOTELLA/secrétaire nationale

Yannick TRIGANCE/secrétaire national en charge de l’éducation

Béatrice HAKNI-ROBIN/adjointe à la mairie de Rennes

Frédéric ORAIN/adjoint à la mairie de Blois

Eléonore SMADJA/adjointe à la mairie du 12e arrondissement de Paris

Aubin VERILHAC/secrétaire fédéral PS Drôme

Mahor CHICHE/conseiller de Paris du 19e arrondissement

Marie LE VERN/secrétaire nationale à la transition féministe

Et quelque 120 autres…

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *