Panneaux solaires : quand la France vote une loi qui profite aux industriels… chinois

Panneaux solaires : quand la France vote une loi qui profite aux industriels… chinois

Faut-il y voir une simple erreur de précipitation ? Ou plutôt la conséquence d’un empilement d’annonces qui se fracassent sur des contraintes de production ? Alors que Bruno Le Maire, le patron de Bercy, et le ministre délégué en charge de l’Industrie et de l’Energie Roland Lescure vantaient il y a quelques jours les grandes ambitions de la France en matière de photovoltaïque, la grande distribution tire la sonnette d’alarme. Le motif d’inquiétude ? Le timing imposé par l’exécutif pour équiper tous les parkings des zones commerciales d’ombrières recouvertes de panneaux solaires. Certes, les Auchan, Carrefour, Leclerc et consorts sont prêts à jouer le jeu du virage vert. Mais si les délais ne sont pas rallongés, ce sont les industriels chinois avec leurs équipements ultra compétitifs qui tireront les marrons du feu. Ubuesque ? Assurément. Anecdotique ? Pas vraiment, puisqu’il s’agit de recouvrir près de 35 millions de mètres carrés de parkings. Un investissement estimé à près de 11 milliards d’euros par la grande distribution.

Pour comprendre ce nouveau pataquès, il faut remonter en mars 2023 lorsque l’Assemblée nationale adopte la loi APER – loi pour l’accélération de la production d’énergies renouvelables – qui doit permettre de créer les conditions pour doper les énergies vertes dans l’Hexagone. Parmi le chapelet d’articles, l’un d’eux concerne l’obligation d’ici à 2028 de couvrir par des ombrières solaires la moitié des zones de stationnement supérieures à 1 500 mètres carrés. Premier hic : la surface retenue englobe également les allées de circulation, et pas seulement les places, ce qui reviendrait à recouvrir l’ensemble des parkings. Deuxième hic : les délais. Pour les plus grands parkings – soit 18 millions de mètres carrés -, les équipements doivent être en place d’ici à 2026. C’est-à-dire quasiment demain, le temps de lancer les appels d’offre, d’y répondre et d’effectuer les travaux.

Surcapacités chinoises

Problème : seuls les groupes chinois sont en capacité aujourd’hui de répondre à de tels volumes de commandes. Des industriels biberonnés aux subventions de Pékin, croulant sous les surcapacités de production et qui ont choisi d’inonder l’Europe avec des équipements dont les tarifs ont chuté de moitié en l’espace d’un an, laminant de fait les derniers survivants français de l’industrie photovoltaïque. Hasard du calendrier, ce 18 avril, alors que Systovi, une petite usine d’assemblage de modules solaires près de Nantes fermait ses portes, l’entreprise Carbon, qui ambitionne de devenir le leader européen du photovoltaïque, annonçait avoir enfin déposé le permis de construire de sa future giga-usine près de Fos-Sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Des panneaux “Made in France” qui, si tout se passe bien, sortiront de l’usine fin 2026. Trop tard, donc, pour profiter de la manne des commandes de la grande distribution. A moins de revoir la loi.

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