Plan de table, discussions et malaise : les coulisses du déjeuner des best-sellers de L’Express

Plan de table, discussions et malaise : les coulisses du déjeuner des best-sellers de L’Express

Mélissa Da Costa sur le point d’accoucher, Agnès Martin-Lugand, victime d’un tracteur sur une voie ferrée près de Saint-Malo, Neige Sinno, chez elle, au Mexique, Florent Pagny, chez lui aussi, mais en Patagonie, Panayotis Pascot, en plein tournage, Eric-Emmanuel Schmitt, malade, à Bruxelles… Des excuses en béton, s’il en est. Reste que, mercredi 7 février, les best-sellers de l’année 2023 ont été une vingtaine à réussir à braver les éléments pour s’acheminer vers le palace parisien du Royal Monceau. Tout comme un ancien et futur best-seller, Joël Dicker, présent en tant qu’éditeur (Rosie & Wolfe) et dont le prochain roman, Un animal sauvage, tiré à 450 000 exemplaires (!), sort le 27 février.

12h50. Clic-clic, la photo de groupe est dans la boîte, avec, cette année, 10 femmes sur 22 auteurs. Signe des temps et de l’explosion de la romance… Sorj Chalandon, un “vieux de la vieille” de ces agapes, s’inquiète : “Je ne connais pas grand monde.” Il va devoir s’y faire, Maud Ankaoua, Morgane Moncomble, Nine Gorman, Marie Alhinho, Chloé Wallerand, Camille Creati n’étant pas près de quitter le devant de la scène éditoriale.

Si jeunes et déjà best-sellers

“Miracle”, la crème des éditeurs a été réunie pour ce 25e déjeuner de L’Express. En effet, les patrons des grands groupes sont là (Denis Olivennes et Marie-Christine Conchon pour Editis, Stéphanie Ferran pour Hachette Livre, Gilles Haéri pour Albin Michel, Sophie de Closets pour Flammarion, Karina Hocine pour Gallimard…), qu’il a fallu délicatement dispatcher autour d’Alain Weill, propriétaire et président de L’Express, et d’Eric Chol, directeur de la rédaction. Comme l’a dit ce dernier dans son mot d’introduction, “en cette époque de grands mouvements des plaques tectoniques du monde de l’édition, il était aussi difficile d’organiser le plan de table de ce déjeuner que de remplir la feuille de match du gouvernement”. Mission accomplie, pas d’esclandre à l’horizon, juste quelques rumeurs autour du mercato et de l’atterrissage chez Fayard de Lise Boëll, ex-patronne de Plon et protégée du nouveau propriétaire d’Hachette, Vincent Bolloré.

Le Dr Jimmy Mohamed à la rescousse

Autres propos, dans un genre différent : Amélie Nothomb, la recordwoman de ces déjeuners déclare son admiration à Giuliano da Empoli, l’auteur du Mage du Kremlin (Gallimard). Et d’engager une longue conversation sur leurs processus créatifs respectifs pour en arriver à la conclusion qu’ils sont parfaitement opposés : discipline de fer, côté belge, et éparpillement, côté italo-suisse. Mais ce dernier est inquiet : il a appris dans L’Express que Jean-Christophe Rufin s’était nourri d’une de leurs conversations pour écrire son dernier roman, D’or et de jungle, tout juste sorti. Or da Empoli travaille justement en ce moment sur cette même question des coups d’Etat numériques… Quant au capitaine de police nantais Jean-François Pasques, il n’en revient pas d’être en si bonne compagnie, alors que, le lendemain, à 8 heures, il se retrouvera à nouveau à gérer des gardes à vue. Près de lui, un habitué, Michel Bussi, s’enquiert de l’univers de la romance auprès de deux jeunettes, Morgane Moncomble et Camille Creati, et semble découvrir un nouveau monde. La première sort en mars le tome 3 de sa saga, Seasons, et n’a que quelques semaines pour écrire le quatrième volet, dont la parution est prévue en juin. Après quoi elle s’autorisera un break d’un an en… Corée du Sud.

Non loin de là, à la table du Prix Goncourt Jean-Baptiste Andrea, on ne parle guère d’écriture, mais on écoute avec grand intérêt les conseils de l’infatigable Dr Jimmy Mohamed, qui a enchaîné dès potron-minet passages radio et télé à l’occasion de la sortie, chez Flammarion, de son nouveau bréviaire, Zéro contrainte pour rester jeune (après Zéro contrainte pour maigrir). Une recette qui semble fonctionner… Et autant de préconisations qui ravissent cette table de végétariens, de Cédric Sapin-Defour, l’heureux auteur de Son odeur après la pluie (Stock), à Jean-Baptiste Andrea et, donc, Jimmy Mohamed.

13h55. Alors que les autres convives (les carnivores) s’apprêtent à attaquer la volaille après le saumon, branle-bas de combat : le patron des éditions Perrin, Benoît Yvert, a un petit malaise. Y a-t-il un médecin dans la salle ? Jimmy Mohamed accourt, lui prodigue les premiers soins. Rien de grave, mais l’urgentiste tient à appeler le Samu. On ne les reverra plus, le premier étant rentré chez lui tranquillement et le second, parti à sa tournée des télés, sans avoir touché à son risotto – finalement, on se dit qu’il n’est pas si difficile de maigrir… Pendant ce temps-là, le Goncourt Jean-Baptiste Andrea fustige une étude commandée par le Syndicat national de l’édition sur la répartition des revenus entre éditeurs et auteurs, qui conclut que «25% du chiffre d’affaires net d’une maison d’édition revient aux auteurs», tandis que «18% est conservé par l’éditeur, une fois ses coûts directs assumés». Pour « calmer le jeu », Franck Thilliez, qui s’y connaît en romans policiers (La Faille, Fleuve éditions), imagine un scénario des plus machiavéliques autour de l’édition, d’un médecin débordé et d’un saumon empoisonné. On lui propose un titre : “Quand le saumon lettré se rebiffe”.

NEW3789 Dejeuner Best-sellers

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