Pourquoi Musk est en guerre contre un juge brésilien

Pourquoi Musk est en guerre contre un juge brésilien

Une bataille féroce s’est déclenchée entre un juge brésilien et le propriétaire du réseau social X (ex-Twitter), Elon Musk ce week-end. Tout commence samedi soir, lorsque Elon Musk entame une série d’attaques aiguisées sur son compte X contre Alexandre de Moraes, un magistrat brésilien. Le patron de Tesla, Space X et X accuse le magistrat de “censure” en raison de ses demandes répétées de blocage de comptes soupçonnés de propager de la désinformation au Brésil.

Quelques heures plus tard, Elon Musk va plus loin, assurant vouloir contester les décisions judiciaires prises par ce magistrat brésilien en “levant toutes les restrictions” qu’il a ordonnées. “Nous allons probablement perdre tous nos revenus au Brésil et devoir fermer nos bureaux là-bas. Mais les principes sont plus importants que le profit”, avait-il insisté. Durant tout le week-end, Musk n’arrête pas les invectives à l’encontre de son “nouvel adversaire”. Dimanche, il a par exemple affirmé que le juge Alexandre de Moraes devrait “démissionner ou être destitué” pour avoir “trahi de façon effrontée et réitérée la constitution et le peuple du Brésil”. Et d’ajouter : “Honte à toi Alexandre, honte à toi.”

Coming shortly, 𝕏 will publish everything demanded by @Alexandre and how those requests violate Brazilian law.

This judge has brazenly and repeatedly betrayed the constitution and people of Brazil. He should resign or be impeached.

Shame @Alexandre, shame.

— Elon Musk (@elonmusk) April 7, 2024

Une enquête ouverte

C’est ainsi que dimanche soir, le juge Alexandre de Moraes, de la Cour suprême du Brésil, a ordonné l’ouverture d’une enquête contre Elon Musk. Dans un arrêt judiciaire consulté par l’Agence France Presse, le magistrat a évoqué une supposée “instrumentalisation criminelle de X” de la part du milliardaire, qui est également patron de Space X et Tesla.

Il a également enjoint “le réseau social X de s’abstenir de désobéir à tout ordre judiciaire, y compris en réactivant un compte dont le blocage a été ordonné par la Cour suprême”, sous peine d’une amende de 100 000 réais (environ 18 300 euros) par profil réactivé. “Les réseaux sociaux ne sont pas des terres sans loi !”, a-t-il martelé, en lettres majuscules, dans son arrêt judiciaire. Alexandre de Moraes a ordonné lui-même ces dernières années le blocage de comptes sur X, certains étant soupçonnés de propager de la désinformation.

A travers ces invectives, Elon Musk s’est néanmoins attiré les bonnes faveurs de partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro, pointant des atteintes à la liberté d’expression. “J’espère qu’il a débuté quelque chose d’historique : le retour de la liberté dans notre pays”, a déclaré sur X le député Nikolas Ferreira, proche de l’ancien président.

Un juge controversé

Figure clivante, tyrannique pour certains et fervent défenseur de la démocratie pour d’autres, Alexandre de Moraes est un des onze membres de la Cour suprême brésilienne. Il préside également le Tribunal supérieur électoral (TSE).

Fer de lance de la lutte contre la désinformation au Brésil, il a ordonné le blocage de comptes de personnalités influentes sur les réseaux sociaux, la plupart d’entre elles étant des sympathisants de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022). Ce dernier a été déclaré inéligible en juin 2023 par le TSE présidé par Alexandre de Moraes, pour avoir disséminé de fausses informations sur le système électoral brésilien. Il est également ciblé par une enquête pour “tentative de coup d’Etat” après sa défaite électorale face au président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva en octobre 2022.

Peu après les premières attaques du patron de Tesla contre le juge samedi, Jorge Messias, l’Avocat général de l’Union, chargé de défendre les intérêts du gouvernement Lula, a appelé à “réguler de toute urgence les réseaux sociaux”. “Nous ne pouvons pas vivre dans une société où des milliardaires qui vivent à l’étranger contrôlent les réseaux sociaux et se montrent disposés à violer l’Etat de droit, en désobéissant à des ordres judiciaires et en menaçant nos autorités”, a-t-il ajouté sur X, sans citer nommément Elon Musk.

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