Russie : l’origine des “Jeux de l’amitié”, ces “contre-JO” relancés par Poutine

Russie : l’origine des “Jeux de l’amitié”, ces “contre-JO” relancés par Poutine

Alors que les athlètes russes n’auront pas le droit de participer aux Jeux olympiques de Paris 2024 sous le drapeau de leur pays, mais sous bannière neutre, la Russie a annoncé il y a quelques mois la création de “Jeux de l’amitié”. Une façon de “politiser le sport”, accuse le Comité international olympique (CIO) mardi 19 mars, durcissant le ton envers la Russie. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a vivement réagi à ces critiques, ce mercredi, en accusant le CIO de “néonazisme” et de “racisme”.

En quoi consistent vraiment ces Jeux ? La nouvelle compétition concurrente se déroulera dans un premier temps en septembre prochain, du 15 au 29. Suivra, comme pour les JO, une édition hivernale qui aura lieu en 2026 à Sotchi, qui avait accueilli les JO 2014. Ces jeux multisports ne sont en réalité pas nouveaux. Ils resurgissent quarante ans après leur première édition, organisée en 1984 par l’Union soviétique et huit autres pays, soit les Etats qui avaient boycotté les Jeux olympiques d’été de cette année-là à Los Angeles.

Selon l’agence de presse russe TASS, l’édition 2024 se tiendra ainsi à Moscou ainsi qu’à Ekaterinbourg, quatrième plus grande ville du pays située dans l’Oural. “Au total, 5 500 personnes devraient participer aux Jeux, qui offriront des prix en argent comprenant un total de 4,6 milliards de roubles. Les cérémonies d’ouverture et de clôture auront lieu à Moscou et une partie du programme aura lieu à Ekaterinbourg”, précise le média d’Etat.

Le site officiel détaille la liste des 35 sports qui seront pratiqués durant la compétition : natation, athlétisme, tir à l’arc, taekwondo, athlétisme… Mais aussi des épreuves plus originales, rock’n’roll acrobatique, padel, MMA ou encore échecs. Dotés d’un comité d’organisation, mais aussi d’une mascotte en forme de tigre, les Jeux de l’amitié seront présidés par Alexeï Sorokine, un ex-diplomate déjà en charge de la tenue de la Coupe du monde de football dans le pays en 2018.

Une “offensive diplomatique” sous forme de jeux sportifs

Le CIO ne reproche pas aux Russes de créer des compétitions multisports hors de son égide (il en existe déjà plusieurs à travers le monde) mais de le faire via “une offensive diplomatique très soutenue”, par des contacts directs avec “les gouvernements du monde entier”. “Afin de rendre leur motivation purement politique encore plus évidente, ces derniers contournent délibérément les organisations sportives de leurs pays cibles”, souligne l’instance, qui y voit une “tentative cynique” d’exploiter les athlètes “à des fins de propagande politique”, en violation de la Charte olympique.

Le sport, puissant outil de soft power, est effectivement utilisé ouvertement par la Russie qui en fait la vitrine d’un pays moderne et capable d’accueillir des événements d’envergure internationale. “La mission principale maintenant, à mon avis, n’est pas seulement de réagir avec diligence aux changements dans l’ordre sportif mondial […] mais, avant tout de déterminer le rôle et la place de la Russie dans la construction de l’avenir du sport”, indiquait d’ailleurs récemment le ministre russe des Sports, Oleg Matitsin.

Le CIO accuse aussi Moscou “d’un manque total de respect pour les normes mondiales de lutte contre le dopage et l’intégrité des compétitions”, puisque les Jeux de l’amitié sont dépourvus de programme antidopage dont l’Agence mondiale antidopage aurait pu attester le sérieux. Or, la Russie reste au cœur de la plus grande tricherie institutionnalisée de l’histoire sportive récente, qui a culminé lors des JO 2014 de Sotchi et a valu au pays de voir son hymne et ses couleurs officielles bannis des Jeux olympiques de Tokyo en 2021 puis des Jeux d’hiver de Pékin en 2022.

Cette nouvelle initiative s’ajoute aux Jeux du futur organisés à Kazan du 21 février au 3 mars, mêlant disciplines traditionnelles et e-sport, et aux “Jeux des BRICS” – acronyme des puissances émergentes autour du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, notamment – programmés dans la même ville du 12 au 23 juin, et qui doivent accueillir des “athlètes de plus de 50 pays”, selon les autorités russes.

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