Russie : urnes en feu, vote de Poutine… Une première journée électorale chaotique

Russie : urnes en feu, vote de Poutine… Une première journée électorale chaotique

Les bureaux de vote pour l’élection présidentielle russe ont ouvert ce vendredi 15 mars, pour une élection vouée à faire triompher très largement ce dimanche Vladimir Poutine pour un cinquième mandat, jusqu’en 2030.

Mais ce début d’élection a été marqué par de nombreux incidents, allant d’urnes électorales brûlées à une bombe ayant explosé en Ukraine occupée, où le scrutin a également été ouvert, malgré les condamnations de la communauté internationale. Et ce, alors que des combattants russes pro-Kiev poursuivent leurs attaques près de la frontière avec l’Ukraine. Retour sur ce premier jour d’une élection sans suspense.

Des incidents en nombre

Les attaques contre des bureaux de vote se sont multipliées ce vendredi. Une femme a ainsi été interpellée après avoir incendié un isoloir à Moscou, selon des médias russes, tandis qu’une deuxième, âgée de 20 ans, a tenté de jeter un cocktail Molotov sur un bureau de vote de Saint-Pétersbourg, d’après un responsable local.

Une personne a été interpellée pour avoir tenté de mettre le feu à une urne à Khanty-Mansisk en Sibérie et une autre pour avoir tenté d’allumer un pétard dans un bureau de vote de la région de Tcheliabinsk, non loin des monts Oural. Six personnes ont aussi été interpellées pour avoir versé du colorant dans les urnes près de la capitale russe, en Sibérie et dans les régions de Voronej (ouest), de Rostov-sur-le-Don (sus-ouest) et de Karatchaïévo-Tcherkessie, dans le Caucase.

Russian presidential elections: a woman tries to set ballot box on fire in the town of Kogalym, in the Urals.

She has been detained.

📹: Social media pic.twitter.com/2xDcZTbRgu

— Novaya Gazeta Europe (@novayagazeta_en) March 15, 2024

L’élection présidentielle russe a également été ouverte dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie, non sans incidents. Une bombe a notamment explosé sans faire de victimes devant un bureau de vote dans la région de Kherson. “A Skadovsk, un engin explosif improvisé a été placé dans une poubelle devant le bureau de vote. Il y a eu une détonation, pas de victime”, a indiqué sur Telegram la commission électorale régionale liée à l’occupation russe. Selon elle, les forces ukrainiennes ont aussi bombardé deux commissions électorales locales sans faire de victime.

La cheffe de la commission électorale, Ella Pamfilova, a affirmé que ces personnes agissaient pour de l’argent promis par “des salauds, de l’étranger”, alors que le parquet de Moscou avait mis en garde jeudi contre toute protestation, aucune critique ni opposition n’étant tolérée en Russie.

Vladimir Poutine a voté

Vladimir Poutine a d’ailleurs voté ce vendredi… en ligne lors du premier jour de ce scrutin présidentiel, comme l’a montré la télévision publique russe. Le maître du Kremlin apparaît sur ces images en train de marcher vers un bureau et de s’asseoir à un ordinateur devant deux drapeaux russes, avant que ne s’affiche un message “merci, vous avez voté avec succès” à l’écran.

Le président russe a promis que les frappes ukrainiennes contre le territoire russe, qui se sont multipliées ces derniers jours, ne resteraient pas “impunies”, et que les récentes incursions terrestres armées de combattants pro-Ukraine visaient à “perturber” le déroulement de la présidentielle vouée à le réélire triomphalement.

Toujours ce vendredi, au moins 16 personnes ont été tuées et une soixantaine blessées dans l’une des pires attaques de missiles russes sur Odessa, la grande ville portuaire du sud de l’Ukraine déjà deux fois prise pour cible ces derniers jours.

Des premières condamnations internationales

Ce scrutin joué d’avance a déjà suscité de premières condamnations internationales. Avec en premier lieu le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui “condamne” la tenue de la présidentielle russe “dans les régions d’Ukraine occupées” par la Russie, a indiqué vendredi son porte-parole. Ce dernier a rappelé que “la tentative illégale d’annexion de régions d’Ukraine n’a pas de validité en vertu du droit international”, a déclaré Stéphane Dujarric dans un communiqué, répétant l’attachement des Nations unies à l'”indépendance” et à l'”intégrité territoriale” de l’Ukraine. La diplomatie ukrainienne a de son côté exhorté la communauté internationale à rejeter cette “farce”.

Ce jeudi, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg avait également dénoncé une élection qui “ne sera ni libre, ni juste”. “Pour qu’il y ait une élection libre, il faut qu’il y ait le “pluralisme, plusieurs listes (de candidats), une discussion ouverte et une presse libre et indépendante”, ce qui n’est pas le cas en Russie, a ajouté le chef de l’Alliance atlantique.

Le président du Conseil européen Charles Michel a quant à lui “félicité” avec ironie vendredi Vladimir Poutine “pour sa victoire écrasante lors d’élections qui débutent aujourd’hui”. Un porte-parole du service diplomatique de l’Union européenne avait déjà jugé ce jeudi “très difficile” de considérer cette élection comme un scrutin “juste, libre et démocratique” dans lequel les électeurs russes auraient “vraiment le choix”, tout en soulignant que la décision de reconnaître ou pas ce scrutin appartenait aux 27 Etats membres de l’UE.

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