SNCF : le gouvernement met la pression sur les grévistes

SNCF : le gouvernement met la pression sur les grévistes

C’est un mouvement social qui ne passe pas auprès de l’opinion. Depuis plusieurs jours, l’annonce d’un mouvement de grève des contrôleurs SNCF suscite une vive opposition. D’après un sondage Elabe réalisé pour BFMTV et publié ce mercredi 14 février, seuls 9 % des Français soutiennent le mouvement, et plus d’un Français sur deux s’y oppose catégoriquement.

Sans surprise, la réaction du gouvernement épouse les contours de l’opinion. Ainsi, comme la majorité des Français, le nouveau ministre des Transports Patrice Vergriete martèle ne pas comprendre ce mouvement. “Je suis assez surpris par cette grève car il a été proposé par la direction des primes et des augmentations de salaires qui feraient tout de même envie à bon nombre de nos concitoyens”, évacue-t-il au micro de Franceinfo ce mercredi.

Et le successeur de Clément Beaune de rappeler que “la catégorie mobilisée” a obtenu “des augmentations de salaires de 17 % en deux ans”. Soit l’équivalent de 500 euros en plus par mois. Ce, sans compter les primes de 400 euros promises aux contrôleurs en décembre et en mars par la direction de la compagnie ferroviaire.

Sentiment de décalage avec le mouvement des agriculteurs

Dans la même lignée, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu estime qu’il “n’est ni digne, ni responsable” d’empêcher des “centaines de milliers de Français de partir en vacances et de se retrouver”. Et de conclure : “La question n’est pas le droit de grève, mais de savoir jusqu’où on n’en abuse pas.”

Autant d’éléments qui passent mal en plein week-end de chassé-croisé des vacances. “Une forme d’habitude, relève Gabriel Attal, à chaque période de vacances qui arrivent, d’avoir l’annonce d’un mouvement de grève”. Et le Premier ministre en personne d’asséner : “Les Français savent que la grève est un droit”, mais “aussi que travailler est un devoir.” En déplacement ce jeudi matin dans la Marne, Gabriel Attal a notamment encouragé le pouvoir législatif à se saisir du débat sur le droit de grève.

Ce jeudi, l’appel du Premier ministre trouve un écho à droite, où l’heure est à l’indignation collective face à un mouvement qui prend les “Français en otage”. La formule qui exaspère à gauche est signée Eric Ciotti et reprise. Par le président de Sénat Gérard Larcher notamment, qui déplore que la grève, censée “être l’arme ultime” soit devenue “un instrument de la négociation”. Face à cette “surenchère permanente”, le député LR des Alpes-Maritimes s’engage ainsi à déposer “un texte législatif”.

Au Rassemblement national, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer ces remises en cause. Au micro de France Info, le vice-président du RN et député du Nord Sébastien Chenu a déclaré ne pas être favorable ce qu’on interdise le droit de grève dans notre pays”, assurant qu’il “ne reprochera jamais à des gens qui se lèvent tôt d’essayer de défendre leur pouvoir d’achat”.

Vers une restriction du droit de grève

Au Palais du Luxembourg, sénateurs républicains et centristes semblent faire légion autour d’une évolution du droit de grève, garanti par la Constitution. Au travers d’une proposition de loi déposée par le patron de l’Union des démocrates indépendants (UDI) Hervé Marseille. Le texte prévoit entre autres, d’octroyer au gouvernement un capital annuel de 60 jours d’interdiction de grève, réparti par décret dans une limite de quinze jours par période d’interdiction. Texte que Gérard Larcher souhaite faire inscrire au plus vite à l’ordre du jour de la chambre haute.

Les sénateurs n’en sont toutefois pas à leur coup d’essai. Ces dernières années, plusieurs propositions de lois ont été déposées en vue de durcir la loi de 2007 sur le service minimum dans les transports, mais aucune n’a connu d’issue favorable. Deux mois après un épisode de grève en plein week-end de Noël qui avait laissé 200 000 voyageurs sur le carreau, le sénateur LR des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudulier avait notamment proposé d’interdire l’exercice du droit de grève à la SNCF, la RATP et dans les avions “la veille, le lendemain et le jour même d’un jour férié, ainsi que les deux premiers et deux derniers jours de chaque période de vacances scolaires”.

Une initiative “équilibrée entre deux libertés fondamentales, celle de faire grève et celle de circuler”, qui visait avant tout à répondre à une “exaspération légitime et compréhensible des Français”, a-t-il fait valoir ce mardi. A l’approche des Jeux olympiques, Stéphane Rudulier redoute cette année, plus que jamais, des “chantages des syndicats” qui renverraient une image “catastrophique” de la France.

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