“Taxe lapin”, bonne ou mauvaise idée ? Ce qu’en disent les médecins

“Taxe lapin”, bonne ou mauvaise idée ? Ce qu’en disent les médecins

La mesure fait déjà débat dans le monde médical. Samedi, le Premier ministre, Gabriel Attal, a déclaré vouloir que certains rendez-vous médicaux non honorés soient à l’avenir sanctionnés d’une pénalité financière de 5 euros à la charge du patient fautif. Le chef du gouvernement avait déjà annoncé lors de sa déclaration de politique générale sa volonté de mettre en place cette sanction dite “taxe lapin”. Celle-ci s’inscrit dans une batterie de mesures présentées samedi pour tenter de répondre à la crise du système de soins de ville, avec la volonté de récupérer 15 à 20 millions de créneaux médicaux.

Selon l’Ordre des médecins et certains syndicats comme l’UFML, ces “lapins” représentent 27 millions de consultations perdues chaque année. Dans la profession, les avis divergent et certains n’hésitent pas à pointer les limites que pourrait avoir une telle mesure.

Un dispositif difficile à mettre en place ?

Le Premier ministre souhaite que l’application de cette taxe se fasse à l’appréciation de chaque médecin, qui devra juger si les raisons de l’annulation du rendez-vous par le patient sont légitimes ou pas. Dans le dernier cas, le patient pourrait alors se voir imposer une taxe de 5 euros. Beaucoup s’interrogent sur la faisabilité de la mesure. “Ça ne veut rien dire, c’est une taxe qu’on prélève”, a lancé ce lundi matin sur RMC Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France. “Ça ne peut pas fonctionner, la finalité de tout ça, c’est la case de la Sécurité sociale et, là, on a tout à y perdre”, a-t-il fustigé.

De son côté, le gouvernement a assuré que la mise en place de cette “taxe lapin” était “techniquement tout à fait faisable”, selon Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé et la Prévention. Invité de Franceinfo, il a expliqué “que les patients qui prendront rendez-vous laisseront leurs coordonnées bancaires sur les plateformes de réservation” (comme Doctolib). Sinon, les médecins seront autorisés à prendre les coordonnés bancaires par téléphone ou à régler leur taxe au cours de leur prochain rendez-vous.

Toujours une pénurie de médecins généralistes

C’est “une somme qui peut sembler forte pour certains, insuffisante pour d’autres, en tout cas, la santé n’est pas gratuite”, s’est défendue la ministre de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin sur la matinale de RTL. L’objectif est de “responsabiliser les patients”, à l’heure “où de nombreux Français ont des difficultés à accéder aux soins”, martèle le gouvernement.

Au micro de France Bleu, Luc Duquesnel, médecin généraliste a, lui, dit préférer “éduquer les gens plutôt que de dire aux professionnels “vous allez taxer les gens”, ce qui va tendre les relations avec nos patients”. Le président de la branche généraliste de la Confédération des syndicats médicaux français estime que le manque de rendez-vous médicaux est surtout dû au déficit d’étudiants en médecine voulant devenir généralistes. Le président de France assos santé, Gérard Raymond, s’est dit lui dit complètement opposé à cette taxe sur Franceinfo. Loin d’être une mesure de “responsabilisation des patients”, c’est une tentative de “culpabilisation”, selon lui, ajoutant qu’il y a un risque de détournement. Le praticien “regardera à la fin du mois et se dira : “Il me manque quelques sous, donc je vais faire des déclarations de “taxe lapin””.

Le gouvernement souhaite que cette mesure puisse être mise en place dès le 1er janvier 2025. Parmi ses autres mesures annoncées la semaine dernière, Gabriel Attal entend aussi expérimenter dans certains départements, à partir de janvier 2025, l’accès en direct aux spécialistes sans passer par un généraliste, à rebours de la règle actuelle.

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