Tentes, matelas, couvertures… Quand Amazon se convertit à l’humanitaire

Tentes, matelas, couvertures… Quand Amazon se convertit à l’humanitaire

Au fond d’un vaste entrepôt gris posé dans la campagne allemande, des rayonnages s’élèvent à une dizaine de mètres. Sur cinq niveaux, des palettes de cartons remplis de tentes, de matelas, de couvertures… Mais aussi des produits de nettoyage, d’entretien et des kits d’hygiène. Le 13 mars, sur son site logistique de Rheinberg, Amazon a inauguré son premier centre européen dédié à l’aide aux victimes. Un dispositif stratégiquement situé à proximité des aéroports de Cologne et de Düsseldorf, et qui doit permettre d’envoyer en 72 heures des colis de première nécessité en cas de catastrophes en Europe ou en Afrique du Nord.

“Les articles que nous stockons ici correspondent à ce que nous avons appris de nos interventions précédentes”, explique Bettina Stix, la directrice du programme de réponse humanitaire d’Amazon. Depuis que la firme américaine au 1,5 million de salariés dans le monde s’est lancée dans l’humanitaire il y a quelques années, sa logistique hors norme a permis de délivrer près de 24 millions d’articles, en réponse à 145 situations d’urgence. “Au moment de l’invasion de l’Ukraine, nous avons mis en place deux centres de distribution temporaires, en République tchèque et en Pologne. On a vu combien il était important d’avoir du matériel prépositionné pour pouvoir aller très vite dans l’acheminement”, explique un responsable, qui ajoute : “Nous cherchons à appliquer à l’aide humanitaire l’approche qui fait notre réputation dans la vente au détail”.

Redorer son blason vert

Une initiative privée que les ONG accueillent bien volontiers. “Les besoins humanitaires dans le monde sont tels que les gouvernements ne peuvent pas tout financer. Il est donc important de bénéficier du soutien du secteur marchand, en subventions ou en biens et services”, assure Jeannette Camarillo, la directrice de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), un programme dépendant des Nations unies.

Chacun son rôle néanmoins, insiste-t-on chez Amazon. “Nous faisons quelque chose de complètement différent des organisations humanitaires avec lesquelles nous travaillons en partenariat. Ils sont sur le terrain, en contact direct avec les victimes. Notre action reste circonscrite à la chaîne d’approvisionnement”, précise Bettina Stix. L’entreprise calibre son discours et assure n’envoyer que des produits nécessaires, après consultation des ONG sur place : la Croix Rouge, l’OIM, mais aussi Save the Children, qui défend les droits de l’enfant à travers le monde.

Les employés de ce nouveau hub allemand ne devraient en tout cas pas chômer. Entre les conflits armés et les événements météorologiques extrêmes, les sollicitations ne cessent d’augmenter. Ces derniers temps, les équipes du géant américain se sont mobilisées pour venir en aide aux populations en Turquie, au Nord de la Syrie, mais aussi en Allemagne, lors des inondations qui ont ravagé les villages de la vallée de l’Ahr. “Nous assistons à de plus en plus de catastrophes naturelles provoquées par le changement climatique”, souligne Bettina Stix. L’occasion pour Amazon de redorer son blason vert, écorné par l’impact de son activité sur les émissions globales de CO2. Avec une empreinte carbone estimée à 71,27 millions de tonnes en 2022, en baisse de 0,4 % seulement sur un an, le distributeur reste à des années-lumière de son objectif “Net Zéro” affiché pour 2040.

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