Trêve à Gaza : qu’est-ce qui bloque encore les négociations entre Israël et le Hamas ?

Trêve à Gaza : qu’est-ce qui bloque encore les négociations entre Israël et le Hamas ?

“Il y a une très bonne proposition sur la table actuellement. Le Hamas doit dire oui”, martelait le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, lors de sa visite en Israël mercredi 1er mai, bien décidé à arracher “dès maintenant” une trêve à Gaza que les médiateurs tentent en vain de négocier depuis des mois. Fin novembre, une trêve d’une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens, ainsi que l’acheminement de convois d’aide internationaux. Depuis et malgré les négociations : plus rien.

Ce jeudi, Israël et les pays médiateurs – Qatar, Etats-Unis et Egypte – attendent toujours la réponse du Hamas à la dernière proposition en date, prévoyant une trêve de 40 jours ainsi que l’échange à nouveau d’otages israéliens enlevés le 7 octobre dernier contre des Palestiniens détenus par Israël. Et ce, alors qu’Israël se prépare, depuis des semaines, à attaquer la ville de Rafah située au sud du territoire enclavé, ou s’entassent près d’1,5 million de déplacés dans une situation humanitaire désastreuse.

Selon les Etats-Unis, Israël, parfois hésitant à s’engager dans des négociations, a fait durant les dernières semaines des concessions conséquentes. C’est désormais le Hamas qui semble récalcitrant. Pourquoi ça bloque encore ?

Les otages, dernier levier pour le Hamas

En apparence, les négociations reposent dans l’immédiat sur le nombre d’otages qu’il sera possible d’échanger. Le Hamas a refusé un premier deal, invoquant son incapacité à échanger 40 otages israéliens “toujours en vie, des femmes, des personnes âgées ou des malades”. Israël a finalement accepté de n’échanger que 33 otages contre davantage de prisonniers Palestiniens. Une concession qui ne semble pas suffire à convaincre le Hamas d’accepter l’offre.

Car en réalité, bien plus que le retour des prisonniers palestiniens, c’est la fin de la guerre et le retrait des troupes israéliennes que le Hamas espère obtenir sur le long terme. Sans cette assurance, libérer les otages israéliens reviendrait pour cette force considérablement affaiblie à abandonner son dernier levier dans les négociations. “Il s’agit d’une énigme bien connue au Moyen-Orient. Toutes les négociations de paix israélo-palestiniennes ont buté sur ce que les arbitres appellent : le statut final”, analyse ainsi le journaliste du quotidien américain le New York Times, David Leonhardt, dans la Newsletter “The Morning”. Une issue qu’Israël refuse, son Premier ministre, Benyamin Netanyahou, se disant déterminé à poursuivre l’offensive jusqu’à la “victoire totale” sur le mouvement islamiste, considéré comme une organisation terroriste et dont certains combattants seraient réfugiés à Rafah.

L’espoir d’un cessez-le-feu permanent, vraiment ?

Les négociateurs américains, eux, espèrent deux choses grâce à cette possible courte trêve : empêcher à tout prix l’offensive de Rafah, qui pourrait faire des milliers de morts supplémentaires parmi les civils, et pousser doucement les deux parties vers un cessez-le-feu permanent, encouragé notamment par la libération des derniers otages israéliens et par l’accentuation de la présence humanitaire dans la bande de Gaza. Et pouvoir ainsi enclencher la reconstruction du pays, en partenariat avec les nations arabes fortes de la région, comme l’Arabie saoudite, qui normaliseraient par la suite leurs relations diplomatiques avec Israël.

Mais l’espoir est lointain tant que le paradoxe persiste : le Hamas ne se risquera pas à libérer des otages israéliens sans l’assurance que ce geste mènera à la fin de la guerre, tandis que seule la libération de ces otages pourrait déclencher une trêve, et encourager, selon l’idéal des Etats-Unis, la possibilité d’un cessez-le-feu permanent de la part d’Israël. Un scénario de fin de la guerre imminente est peu plausible néanmoins, puisque Benyamin Netanyahou a réitéré sa promesse, mercredi 1er mai : Israël attaquera à terme la ville de Rafah pour anéantir le Hamas, “avec ou sans trêve”. Les Etats-Unis en sont conscients : en parallèle des échanges entre Blinken et Netanyahou, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est entretenu dans la nuit de mercredi à jeudi avec son homologue israélien Yoav Gallant concernant “le besoin pour toute éventuelle opération militaire à Rafah d’inclure un plan crédible pour évacuer les civils palestiniens sur place et maintenir un flot d’aide humanitaire”, selon le Pentagone.

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