UE : à quoi pourrait ressembler la “force de réaction rapide” européenne ?

UE : à quoi pourrait ressembler la “force de réaction rapide” européenne ?

Une première pierre pour construire la future Europe de la défense voulue par Paris ? Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé ce vendredi 26 avril que la “force de réaction rapide” européenne, évoquée jeudi par Emmanuel Macron et destinée à des opérations de type évacuations de ressortissants de pays en crise, pourrait voir le jour en 2025. “C’est un sujet clé et sur lequel je souhaite qu’on puisse aboutir dès l’année prochaine, en étant très réactif et très rapide”, a-t-il déclaré lors d’un entretien sur France 2.

Le ministre des Armées a justifié ce projet par le fait qu’il y avait “beaucoup de crises sur lesquelles l’Otan n’est pas compétente et sur lesquelles la France, souvent, mène des opérations seule”.

Il a cité l’exemple de l’évacuation de ressortissants du Soudan l’an passé. “On a lancé une opération à Khartoum […], dans laquelle on a mis en place un pont aérien majeur avec des A400M, avec des bateaux. Il se trouve que c’était la France […] pratiquement seule”, a-t-il expliqué. Cette mission, baptisée Sagittaire, avait permis l’évacuation de près de 1 000 ressortissants de plus de 80 nationalités différentes, dont un peu plus de 200 ressortissants français. A partir du moment où les opérations de ce genre concernent de nombreux pays, il est naturel que ce fardeau, qui “a du prix, de la valeur”, soit partagé, a-t-il estimé.

“Vous avez des missions qui sont militarisées, mais dont l’Otan n’a pas à connaître pour plein de raisons et sur lesquelles on se dit aujourd’hui ’faisons-le en Europe’. Et ça pour nous, c’est du pragmatisme”. Cette force de réaction rapide, “de mise en sécurité de ressortissants européens, de citoyens portugais, italiens, allemands, français, on doit pouvoir la monter très rapidement”, a-t-il martelé.

Une force d’intervention de 5 000 soldats ?

Ce projet est en gestation depuis l’invasion de l’Ukraine par les Russes. “L’Union européenne doit se monter déterminée, rapide dans sa réaction aux crises et elle doit investir dans des capacités de défense en complémentarité avec l’Otan”, expliquait, dès mars 2022, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

Dans le cadre de sa “boussole stratégique”, un “livre blanc” visant à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense européenne jusqu’en 2030, l’UE envisage d’utiliser les Groupements tactiques crées en 2007 pour constituer une force de réaction de 5 000 militaires. “Les Groupements tactiques sont opérationnels, mais ils n’ont jamais été utilisés, faute de volonté politique et de moyens financiers”, déplorait alors en 2022 le service d’actions extérieures de l’UE. Paris pousse désormais pour concrétiser cette ambition dès l’année prochaine.

Emmanuel Macron a détaillé jeudi sa vision de l’Europe, évoquant essentiellement les domaines de la défense et des politiques économique et commerciale, après avoir dressé un bilan de l’Union européenne depuis 2017. “Nous sommes encore trop lents, pas assez ambitieux”, a-t-il affirmé, plaidant pour une “Europe puissance” qui “se fait respecter”, “assure sa sécurité” et reprend “son autonomie stratégique”.

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