Ukraine – Israël, même combat ! Par Eric Chol

Ukraine – Israël, même combat ! Par Eric Chol

Parmi les multiples erreurs commises par Benyamin Netanyahou figure en haut de liste son aveuglement sur le rapprochement engagé depuis plusieurs années entre Moscou et Téhéran. C’est ainsi que depuis son retour à la tête du gouvernement israélien en décembre 2022, Bibi a tout simplement refusé d’octroyer l’aide militaire souhaitée par les Ukrainiens. C’était ne pas comprendre qu’entre son pays et celui envahi par les troupes russes le 24 février 2022, il existe de nombreux points communs : après l’attaque iranienne du 13 avril sur le territoire hébreu, Volodymyr Zelensky ne s’est pas trompé en réclamant “une réponse mondiale unie face à la terreur de l’Iran et de la Russie”.

Kiev-Jérusalem, même combat, celui de deux démocraties, attaquées par cet axe du mal, “qui considère que l’hégémonie de l’Occident est révolue et qu’il est en mesure de lui infliger une défaite symbolique”, résume le géopoliticien Thomas Gomart (L’accélération de l’histoire, Taillandier, 2024). “L’Ukraine et Israël sont les phares d’un combat de plus en plus global contre la Russie, l’Iran, la Chine et la Corée du Nord, renchérit Sarah Feinberg, experte en défense à l’université de Tel Aviv, leurs succès opérationnels sont une enveloppe de sécurité pour l’Europe et les Etats-Unis.”

Le message a beau être clair, il passe sous les radars des capitales européennes ou des Etats-Unis. Avec pour résultat une concurrence exacerbée entre Israël et l’Ukraine en matière d’assistance militaire. Car depuis le 7 octobre, jour de l’attaque du Hamas contre Israël, les Etats-Unis et l’Europe ont multiplié leurs livraisons à l’Etat hébreu de roquettes, de batteries Patriot ou de pièces de rechange pour des chars, abandonnant dans les tranchées de Kharkiv ou d’Avdiivka les soldats ukrainiens.

Le résultat est là : privée d’obus ou de missiles de défense aérienne, jamais l’Ukraine n’a paru aussi vulnérable face à une offensive russe qui marque chaque jour des nouveaux points et asphyxie le pays en bleu et jaune. Divisé et sous influence des proches de Trump, le Congrès américain refuse toujours de lâcher cette fameuse enveloppe de 60 milliards de dollars, indispensable à la survie de l’armée ukrainienne. En revanche, les flux de munitions vers Israël, eux, ne faiblissent pas : selon les médias américains, outre l’aide militaire traditionnelle annuelle de 3,4 milliards de dollars, près de 100 autorisations de livraisons d’armes ont été recensées depuis le 7 octobre.

Faut-il vraiment choisir entre Israël et l’Ukraine ? “Il n’y a pas d’ordre de priorité”, explique Thomas Gomart, qui insiste : “cette simultanéité des crises renvoie les Européens à leurs grandes faiblesses stratégiques.” Des faiblesses sur lesquelles comptent la Russie et l’Iran pour pousser leurs pions et accroître leur influence auprès du fameux “Sud global”. En face, l’Occident est pourtant loin d’être démuni. Sonné par les éclairs des attaques iraniennes ou russes dans les cieux israéliens et ukrainiens, il n’a pas d’autre choix que de se mobiliser doublement s’il veut éviter la prochaine crise qui risquerait, elle, d’être nucléaire.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *