“Un gloubi-boulga raciste” : la polémique Aya Nakamura aux JO vue de l’étranger

“Un gloubi-boulga raciste” : la polémique Aya Nakamura aux JO vue de l’étranger

Depuis que L’Express a révélé qu’Emmanuel Macron songeait à faire chanter Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, la nouvelle a fait le tour des discussions et des débats, suscitant autant l’approbation pour certains que le rejet absolu chez d’autres.

De quoi parvenir jusqu’aux colonnes de la presse étrangère, qui observe avec une certaine ironie l’amplitude des débats et des commentaires sur une annonce… qui n’a rien d’officielle. “Peut-être, éventuellement, probablement : la chanteuse franco-malienne de pop urbaine et de R & B Aya Nakamura, 28 ans, devrait interpréter des chansons d’Edith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris le 26 juillet”, ironise le journal allemand Der Spiegel.

Même constat du côté du média suisse Blick, qui insiste sur le profil des détracteurs d’Aya Nakamura. “Le plus triste est que cette polémique sordide, à relents ouvertement racistes, ne repose pour l’heure sur rien d’autre qu’une information confidentielle parue dans un magazine, selon laquelle Emmanuel Macron aurait évoqué cette possibilité avec la chanteuse. Sans aucune confirmation officielle”.

“Refrain connu”

Ces derniers jours, Aya Nakamura est notamment l’une des cibles du parti d’extrême droite Reconquête et de sa tête de liste aux élections européennes Marion Maréchal. “Les bébés détectent la beauté. Ils ne votent pas pour le rap, ni pour la langue banale, ni pour Aya Nakamura mais pour Mozart !”, a pesté Eric Zemmour lors d’un meeting à Paris le week-end dernier, tandis qu’un groupuscule d’ultra-droite s’est affiché sur les réseaux sociaux portant une banderole “Ya pas moyen Aya – Ici c’est Paris – Pas le marché de Bamako”. Des propos dénoncés par certains membres du gouvernement, comme la ministre de la Culture Rachida Dati ou la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, ainsi que par le comité d’organisation des Jeux olympiques.

De son côté, le journal suisse Le Temps a chargé contre ce qu’il estime être un “gloubi-boulga raciste”. “C’en est trop pour Zemmour et ses trublions du parti Reconquête. Pas touche à ma France surannée qui fleure bon les années 40 et 50”, poursuit le quotidien helvétique.

“Pour la droite nationale-populiste et pour les réactionnaires de tous bords, la réponse est non. Basta Aya ! Les reproches ? Elle ne chante pas français et elle n’incarne pas la France. Refrain connu”, cinglent de leur côté les Suisses du journal Blick, qui rappellent que cette cérémonie d’ouverture ne vise pas à “célébrer la République ou la Nation, mais l’Olympisme né en Grèce et réhabilité, voici un siècle, par le baron Pierre de Coubertin.”

“Aya Nakamura a des points communs avec Edith Piaf”

La presse étrangère insiste également sur la figure d’Edith Piaf, “considérée comme une icône nationale” en France, résume le journal britannique The Times. “Aya Nakamura a des points communs avec [Edith Piaf], qui est vénérée en France comme une sorte de sainte nationale : toutes les deux sont issues de milieux modestes, toutes les deux ont réussi à percer artistiquement dans leur jeune âge”, insiste même le quotidien allemand Der Spiegel, qui pointe également que “les discours de haine contre Aya Nakamura proviennent surtout des milieux d’extrême droite.”

“Avec 12 millions d’auditeurs par mois sur Spotify, Aya Nakamura est considérée comme la chanteuse francophone la plus écoutée au monde. Son français se mêle aux expressions populaires du Mali et au langage de la rue du quartier de banlieue où elle a grandi, à Aulnay sous-Bois”, explique le journal italien Le Corriere della Sera. Tant que le comité d’organisation des JO (ou Emmanuel Macron lui-même, visiblement) ne tranchera pas, nul doute que les polémiques continueront d’être attisées.

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