Biogaran : cette vente potentielle qui inquiète le secteur des médicaments génériques

Biogaran : cette vente potentielle qui inquiète le secteur des médicaments génériques

Amoxiciline, paracétamol, ibuprofène… Autant de médicaments du quotidien, bien souvent commercialisés en France sous la marque Biogaran, le leader des médicaments génériques français qui produit pas moins de 900 références, et emploie 8 600 salariés. Mais il pourrait bientôt changer de nationalité. Selon des informations des Echos qui font suite aux révélations de “L’Informé”, le groupe Servier a déclenché l’an dernier la vente de Biogaran, et quatre potentiels racheteurs, dont deux Indiens, se seraient positionnés, faisant poindre des craintes de délocalisation de la production.

La marque française produit, en effet, à 50 % dans l’Hexagone, et à 90 % en Europe, mais ne dispose pas d’usines propres. Elle fait appel à des sous-traitants, ce qui faciliterait la tâche d’un acheteur souhaitant délocaliser, en ne renouvelant simplement pas les contrats.

Ventes à perte, taxes…

Parmi les médicaments distribués en France, environ 150 des 900 références sont vendues à marge négative, l’Etat encadrant les augmentations des prix des médicaments, et taxant le chiffre d’affaires lié à la vente des génériques. En septembre dernier, sur Franceinfo, Jérôme Wirotius, directeur général de Biogaran, tirait ainsi la sonnette d’alarme : “Nous avons alerté très fortement et très vivement les pouvoirs publics qu’on ne pourra pas, ni nous ni les autres laboratoires de génériques, faire une année de plus avec un contexte d’inflation et de nouvelles taxes qui sont aujourd’hui confiscatoires.”

La marque, qui fournit ainsi 32 % du marché français des génériques, souhaiterait s’internationaliser sur des marchés plus rentables que la France, où les génériques sont parmi les moins chers d’Europe. Cette vente est également en lien avec la volonté du groupe Servier de se concentrer sur le développement de médicaments innovants, dont l’oncologie.

Parmi les potentiels repreneurs, deux investisseurs financiers européens ont fait une offre, jugée trop faible : 700 millions d’euros seulement. Deux génériqueurs indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma pourraient ainsi être mieux positionnés pour une reprise. Un coup dur pour la sous-traitance pharmaceutique, dont plus de 8 000 emplois dépendant des fabrications de remède Biogaran. S’il souhaite bloquer la vente, le ministère de l’Économie pourra en revanche toujours invoquer la question de la souveraineté.

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