40 PDG en speed dating, sept minutes pour convaincre : le succès du Top Afep

40 PDG en speed dating, sept minutes pour convaincre : le succès du Top Afep

Plus de 1 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires concentrés sous le même toit : il fallait bien une salle monumentale, au Palais d’Iéna, à Paris, pour accueillir, le 16 mars, la sixième édition du Top Afep. Organisée par l’Association française des entreprises privées, cette manifestation, unique en son genre, a rassemblé une quarantaine de PDG ou DG parmi les plus puissants de France.

Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Xavier Huillard (Vinci), Catherine MacGregor (Engie), Florent Menegaux (Michelin), Jean-Paul Agon (L’Oréal), Frédéric Arnault (LVMH) ou Sophie Bellon (Sodexo), tous ont répondu à l’invitation de Patricia Barbizet, la présidente de l’Afep, à venir discuter avec 300 dirigeants de PME ou d’ETI – entreprise de taille intermédiaire – triés sur le volet.

Un ballet millimétré : à l’heure précise mentionnée sur son carnet de bal, l’heureux élu s’assoit à la table du groupe qu’il a demandé à voir et présente son produit, son pitch ou sa requête. Face à lui, le grand patron, flanqué de deux ou trois collaborateurs, pas plus, écoute, questionne, prend des notes. Sept minutes plus tard, le gong retentit : au suivant !

Depuis la création de ce speed dating patronal, en 2018, Alexandre Bompard n’a pas manqué une édition. “Aucun de ces tête-à-tête ne ressemble au précédent, raconte le PDG de Carrefour entre deux sessions – il en assurera une vingtaine. Là, j’ai vu quelqu’un qui fait 700 000 euros de revenus. Juste après, j’enchaîne avec un autre qui pèse 200 millions. Certains de ces entrepreneurs figurent déjà parmi nos fournisseurs et veulent changer d’échelle. D’autres ont mis au point une innovation qu’ils aimeraient tester avec nous. Il y a ceux, enfin, qui cherchent un avis ou un conseil de ma part. Pour moi, c’est un bon moyen de capter comment le groupe est perçu et quels sont les sujets du moment dans notre écosystème.” En jean et sans cravate, comme la plupart de ses homologues, Alexandre Bompard résume l’ambiance étonnante qui se dégage de ce samedi matin, si peu conforme aux usages du CAC40 : “Rien n’est formaté.”

Stimulant et bouillonnant

A deux pas de là, Eric Vallat termine l’un de ses entretiens… par un selfie. “C’est un bon millésime, se réjouit le DG de Rémy Cointreau : sur les huit rencontres que je viens de boucler, sept d’entre elles devraient donner matière à discussion avec nos équipes. On nous a présenté beaucoup de solutions agroécologiques, avec du satellite, de la data… C’est très stimulant.”

Sabrina Soussan, la patronne de Suez, abonde : “Je sens une grande ébullition autour des enjeux qui nous concernent : le biométhane, le recyclage, le dessalement de l’eau… Dans un groupe industriel comme le nôtre, il est naturel de monter des partenariats avec des fournisseurs. Nous travaillons déjà avec des milliers de PME locales. C’est un échange dans les deux sens : elles nous apportent une brique technologique, que nous pouvons ensuite intégrer à une offre plus globale auprès des collectivités.”

Ancrage français

S’arrimer à un “gros” : Grégory Djiane, le président de Needle concept, en rêve. Cette société biarrote de 35 salariés et 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires est le seul fabricant tricolore de canules d’injection. Pour la médecine esthétique, son marché de niche historique. Et demain, pour des millions de vaccins, ambitionne son patron, qui découvre le Top Afep. Dans sa liste : Sanofi, ArcelorMittal… et Seb, “parce que c’est un exemple d’ancrage industriel” dans l’Hexagone.

“Pendant le Covid, on a vacciné tout le pays sans la moindre aiguille française, rappelle ce quadra, qui vient d’obtenir 10 millions d’euros du plan France 2030. Le leader mondial est un américain, Becton Dickinson. Les autres sont japonais, indiens ou chinois. Nous sommes en train de construire une nouvelle usine pour développer localement ce savoir-faire.” Eric Baudry, d’Intuis, une ETI spécialisée dans les pompes à chaleur, est venu, lui, pour Saint-Gobain et Engie. Mais pas seulement : “J’ai pu croiser en trois heures une vingtaine de PME de notre univers. En période normale, ça m’aurait pris un mois un demi.” Une formule express, qui séduit : avec près d’un millier de candidatures, l’édition 2024 a battu tous les records.

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