La France vend aujourd’hui plus d’armes que la Russie

La France vend aujourd’hui plus d’armes que la Russie

Avec une augmentation de près de 50 % de ses exportations entre 2014-2018 et 2019-2023, la France se hisse au deuxième rang des exportateurs mondiaux d’armes. C’est ce que révèle un rapport du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) publié ce lundi 11 mars.

“La France profite de la forte demande mondiale pour dynamiser son industrie d’armement par le biais des exportations”, observe Katarina Djokic, chercheuse au Sipri, qui constate que Paris a “particulièrement réussi à vendre ses avions de combat hors d’Europe”.

Net recul des exportations russes

Une première pour l’Hexagone qui devance ainsi la Russie, rétrogradée à la troisième position. Et pour cause, entre les deux périodes quinquennales évaluées, les exportations de Moscou accusent une chute de 53 %. Une forte baisse qui se traduit aussi bien en volume, qu’en nombre de pays importateurs. En 2019, trente et un pays importaient des armes en provenance de Russie. En 2023, ils n’étaient plus que douze.

Par ailleurs, la part de la Russie dans le total des importations de ses clients enregistre elle aussi une forte diminution. L’Inde, qui constitue aujourd’hui encore le premier importateur d’armes au monde, en est l’exemple criant. Car bien que la Russie demeure son principal fournisseur, 2019-2023 est “la première période quinquennale depuis 1960-1964 au cours de laquelle les livraisons de la Russie, ou de l’Union soviétique avant 1991, (ont représenté) moins de la moitié des importations d’armes en Inde”, note le rapport.

En outre, la Russie pâtit “d’importants changements dans les politiques (mises en place) par leur principal client, la Chine”, décrypte Katarina Djokic pour l’AFP. Et pour cause, si Pékin représente aujourd’hui encore 21 % des exportations russes, l’empire du Milieu mise avant tout sur le développement de sa propre production d’armes. Ce qui laisse présager une diminution à court et moyen terme, des importations chinoises en provenance de Russie.

Guerre en Ukraine, véritable “game changer”

Evidemment, le conflit russo-ukrainien a considérablement rebattu les cartes. Sur les cinq dernières années, Kiev est devenu le plus grand importateur européen d’armes, et le quatrième du monde. Un bond qui explique ainsi le doublement des importations d’armes en Europe sur la même période, avec une hausse atteignant 94 % par rapport à 2014-2018.

Il faut dire que depuis février 2022, pas moins de trente pays ont fourni des aides militaires à l’Ukraine. Au premier rang desquels, les Etats-Unis, dont la part dans les importations d’armes sur le Vieux Continent ne cesse de s’accroître. Sur les cinq dernières années, 55 % des armes importées par les Etats européens provenaient des Etats-Unis, contre 35 % sur la période 2014-2018.

Pour Dan Smith, directeur du Sipri, plusieurs raisons expliquent cette préférence des Etats européens membres de l’OTAN pour les Etats-Unis. Tout d’abord, il y a le souci de maintenir des relations transatlantiques. Viennent ensuite les questions “plus techniques, militaires et liées aux coûts”, explique-t-il. La plupart des pays européens sont notamment partenaires dans le développement d’équipements militaires, à l’instar de l’avion de chasse F-35, ajoute Katarina Djokic auprès de nos confrères de l’AFP.

Les Etats-Unis, leader mondial

C’est donc sans surprise que sur les cinq dernières années, les exportations d’armes sont en hausse de 17 % outre-Atlantique. Une augmentation qui permet à Washington de conserver sa position de leader sur le marché mondial des armes. “Leur part dans le total des exportations mondiales d’armes est notamment passée de 34 % à 42 %” entre les deux périodes examinées.

“Les États-Unis ont accru leur rôle de fournisseur mondial d’armes – aspect important de leur politique étrangère – en exportant plus d’armes vers plus de pays qu’ils ne l’ont jamais fait par le passé”, souligne Mathew George, directeur du programme “Transferts d’armes” du Sipri. “Cela se produit à un moment où la domination économique et géopolitique des États-Unis est remise en cause par les puissances émergentes”.

Davantage encore depuis que Washington s’est octroyé le rôle de premier fournisseur d’armes à Israël, empêtré dans une guerre contre le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre dernier. “Nous voyons dans certains États européens une pression de la part de différents acteurs ou États pour limiter la fourniture d’armes à Israël dans le cadre de ses opérations (militaires) à Gaza en raison de violations potentielles du droit humanitaire international”, assure Zain Hussain, chercheur au Sipri.

En pleine campagne présidentielle américaine, le soutien de la Maison-Blanche à Israël, qualifié par de nombreux observateurs “d’inconditionnel”, a notamment été vu d’un mauvais oeil par une partie de l’électorat démocrate. À tel point que Joe Biden s’est vu contraint de durcir le ton. Le président américain a dit samedi que Benyamin Netanyahou “faisait plus de mal que de bien à Israël” par sa conduite de la guerre à Gaza.

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