Actions : les clés pour faire les bons choix en 2024

Actions : les clés pour faire les bons choix en 2024

Bonne surprise ! 2023 ne présageait rien de bon et pourtant, ce fut un excellent cru boursier pour les grosses capitalisations en général et plus particulièrement pour les géants américains des technologies. Résultat : l’indice Nasdaq des valeurs technologiques a bondi de 43,4 %, quand le Dow Jones, beaucoup plus large, gagnait 13,7 %. Un optimisme qui s’est également propagé sur le Vieux Continent. L’indice parisien CAC 40, tout comme son homologue de la zone euro, l’Euro Stoxx 50, ont respectivement progressé de 16,5 % et de 19,2 %.

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Pourtant, sur le plan géopolitique, de multiples tensions malmènent la planète. Le conflit armé entre Israël et le Hamas se poursuit depuis plusieurs mois, au risque de déstabiliser toute la région. Alliés du Hamas, les rebelles Houthis du Yemen menacent les navires marchands dans le détroit de Bab-el-Mandeb, un axe maritime majeur en direction du canal de Suez. Si leurs attaques devaient perdurer, elles pourraient renchérir le coût du fret et contrarier la baisse actuelle de l’inflation.

D’autre part, tout laisse à penser que la guerre entre l’Ukraine et la Russie va durer et que l’aide des pays occidentaux à Kiev va devoir se prolonger dans le temps. Enfin, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis restent vives et l’élection présidentielle américaine programmée le 5 novembre ne fait qu’accroître les incertitudes.

Sur le plan économique aussi, l’imprévisibilité reste de mise, même si le pic inflationniste semble désormais derrière nous. “La croissance est proche de zéro en Europe et elle devrait ralentir sensiblement aux Etats-Unis, rapporte Eric Bleines, directeur général de Swiss Life Gestion Privée. Si l’inflation continue de décliner sur ces deux continents et si les banques centrales décident de baisser leurs taux directeurs, les marchés devraient globalement s’orienter à la hausse.” Un phénomène qui permettrait d’entretenir ce mouvement. “Jusqu’à présent, reprend Eric Bleines, cette hausse était alimentée par une poignée de géants américains des technologies, pionniers de l’intelligence artificielle, comme Alphabet, Amazon, Apple, Meta Platforms, Microsoft, NVIDIA et Tesla.”

Le spectre de la récession

A l’inverse, d’autres facteurs pourraient continuer d’alimenter l’inflation sur le long terme. C’est notamment le cas de la transition énergétique, car produire vert coûte plus cher. Il en va de même de la démondialisation, qui privilégie les productions plus locales, mais également plus onéreuses. Enfin, le vieillissement de la population occidentale entraîne une diminution du nombre d’actifs sur le marché du travail, ce qui crée des goulets d’étranglement, lesquels favorisent à leur tour les hausses de salaires pour les emplois qualifiés.

Une autre source de questionnement concerne le niveau des marges des entreprises. En 2023, les sociétés ont fait preuve d’adaptabilité et de réactivité, affichant des résultats en augmentation, ce qui a permis la bonne tenue de la Bourse. Mais en sera-t-il de même en 2024 ? Le spectre d’une récession, même temporaire, affecterait évidemment leur performance opérationnelle. “A cela s’ajoutent des interrogations sur le refinancement de la dette des Etats et des entreprises, observe Eric Bleines. En effet, beaucoup d’obligations ont été émises en 2020, à des taux très faibles, à un moment où, en raison du Covid, il fallait relancer la croissance et la production. Elles arrivent à échéance en 2024 et en 2025. Or elles seront pour la plupart remboursées via l’émission de nouvelles obligations, mais à des taux beaucoup plus élevés, ce qui augmentera les charges financières des sociétés et se répercutera sur leurs résultats.” Dans de telles conditions, quelle sera la réaction des marchés financiers ?

Dans cet environnement instable, il est important de privilégier des entreprises solides financièrement, bien gérées, positionnées sur des marchés dynamiques, offrant de la visibilité quant à leurs performances futures et affichant une croissance constante de leurs résultats. Le groupe Air Liquide en offre un excellent exemple. Produisant des gaz pour l’industrie et le secteur de la santé, cette société est pilotée par une direction aguerrie. Sur 30 ans, son bénéfice net par action a enregistré une croissance moyenne annuelle de 6,8 %. Il en est de même pour des valeurs comme Vinci, spécialisée dans les concessions, l’énergie et la construction ; TotalEnergies, acteur incontournable dans le domaine de l’énergie, et LVMH, groupe de luxe disposant d’une riche palette de marques prestigieuses.

Selon les observateurs, deux thèmes particuliers pourraient se révéler porteurs, à commencer par celui de la sécurité. Avec l’accroissement des tensions internationales, celle-ci est au cœur des préoccupations, ce qui favorise les entreprises performantes dans la cybersécurité et la défense comme Thales, Dassault et Airbus. Difficile par ailleurs de rester à l’écart du déploiement de l’intelligence artificielle (IA). Cette innovation majeure devrait révolutionner nos vies et le monde du travail. Même si leur cours est monté en flèche en 2023, les géants mondiaux promoteurs de l’IA, à l’image d’Amazon, de Microsoft ou d’Alphabet, offrent plus que jamais de belles perspectives de croissance pour la décennie à venir.

N’oubliez pas les PME !

Il y a aussi une carte à jouer dans les domaines d’activité ayant souffert momentanément de la conjoncture. Logiquement, ils devraient en effet reprendre des couleurs en 2024. C’est notamment le cas du secteur des vins et des spiritueux, avec des firmes comme Pernod Ricard et Rémy Cointreau, qui ont “trinqué” à cause de la baisse de la consommation d’alcool en Chine et de la stratégie commerciale de déstockage de leurs clients aux Etats-Unis. Les foncières cotées pourraient elles aussi rebondir. “Particulièrement sanctionnées en 2023 par les marchés, elles ont commencé à se redresser, stimulées par les perspectives de baisse des taux d’intérêt, constate Guillaume Buhours, analyste et gérant de fonds chez Gay-Lussac Gestion. Mais il faut se montrer sélectif et privilégier celles qui sont positionnées sur un marché porteur, comme celui des plateformes de logistique.”

Par ailleurs, les groupes bancaires comme BNP Paribas et Société Générale profitent du niveau des taux d’intérêt, plus élevés que par le passé. Elles devraient donc afficher de bons résultats en 2024 dans la mesure où elles améliorent leurs marges sur les crédits octroyés aux entreprises et aux particuliers. Même chose pour les assureurs, comme Axa, qui placent désormais leurs liquidités à des taux de rémunération nettement plus intéressants.

Enfin, les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire devraient elles aussi rebondir lorsque la baisse des taux d’intérêt sera effective. L’indice CAC PME a en effet dévissé de 21 % en 2023, soit un différentiel de près de 40 points avec le CAC 40, où l’on retrouve les sociétés les plus importantes. “La décote des valeurs moyennes par rapport aux grandes capitalisations est historiquement élevée et injustifiée, souligne Guillaume Buhours. Elle est comparable à celle enregistrée en 2008-2009 alors que la santé financière et les perspectives de croissance des PME sont bien meilleures aujourd’hui qu’à cette époque.”

Dans ce contexte, le calendrier sera crucial et conditionnera la qualité du millésime boursier 2024. Plus la baisse des taux interviendra rapidement, plus la Bourse virera au vert.

Un article du dossier spécial de L’Express “Investir en 2024 : les bonnes stratégies face un environnement incertain”, publié dans l’hebdo du 15 février

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