Aides à l’apprentissage : un coup de rabot qui interroge

Aides à l’apprentissage : un coup de rabot qui interroge

“Année après année, le développement de l’alternance fait ses preuves, légitimant plus que jamais l’objectif d’un million d’apprentis par an”. Dans un communiqué publié le 30 décembre dernier, Olivier Dussopt, alors encore ministre du Travail, annonçait que l’aide de 6 000 euros pour l’embauche d’un alternant en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage serait reconduite pour l’année 2024. Ce prolongement d’une mesure actée en 2020 avait alors été accueilli avec soulagement par les entreprises.

C’était compter sans le marasme budgétaire dans lequel se trouve l’exécutif depuis maintenant plusieurs mois. Pressé de serrer la vis des finances publiques, le gouvernement a publié ce mercredi 1er mai un décret qui vient tout bonnement supprimer ce soutien financier pour les contrats de professionnalisation. Un coup de rabot décidé dans le cadre du plan d’économies de 10 milliards d’euros dévoilé en février par Bruno Le Maire. “Cette aide a été mise en place de manière exceptionnelle pendant le Covid”, se justifie le cabinet de la ministre du Travail, Catherine Vautrin.

13% des alternants

Destiné aux jeunes de 16 à 25 ans, mais également aux demandeurs d’emploi de plus 26 ans, ainsi qu’aux bénéficiaires des minima sociaux, ce contrat d’alternance a pour principale visée l’insertion professionnelle, quand le contrat d’apprentissage cible plutôt l’obtention d’un diplôme d’Etat. Certes les contrats de professionnalisation ne représentent que 13 % du total – 120 998 en 2022, contre 829 600 contrats d’apprentissage -, pour autant cette décision vient à rebours des objectifs élevés fixés par Emmanuel Macron, à savoir un million d’apprentis par an en 2027. D’autant que la percée du dispositif a déjà connu un net coup de frein l’an dernier, passant d’une progression de 14,2 % en 2022 à 2,9 % en 2023, d’après les chiffres dévoilés par l’Elysée au début de l’année.

La suppression du coup de pouce pour les contrats de professionnalisation devrait contrarier les plans du chef de l’Etat. Le nombre d’alternants pourrait même baisser cette année pour la première fois depuis 2015. Les entreprises et le patronat sont déjà montés au créneau pour exprimer leurs inquiétudes. Dans l’enseignement supérieur, on craint que cette coupe budgétaire n’en annonce d’autres. Les aides aux contrats d’apprentissage sont-elles dans le viseur? “On n’y touchera pas en 2024”, promet-on rue de Grenelle, sans s’engager pour la suite. Il faut dire que les critiques de ce mécanisme, remis en selle par Emmanuel Macron depuis 2018, n’ont cessé de se multiplier. En juillet 2023, la Cour des comptes avait jeté un pavé dans la mare, son rapport pointant le “coût très élevé” de cette politique, 16,8 milliards d’euros en 2022. Encore une fois, le gouvernement se retrouve dans une impasse. Entre le million d’apprentis et les milliards d’euros à économiser, il va pourtant falloir choisir.

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