Asthme : cette découverte qui pourrait transformer le traitement des malades

Asthme : cette découverte qui pourrait transformer le traitement des malades

Pourra-t-on bientôt pleinement soigner l’asthme ou les allergies respiratoires ? C’est en tout cas l’espoir suscité par une équipe de chercheurs français du CNRS et de l’Inserm, travaillant à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale de l’université Toulouse III. Dans une étude codirigée par deux biologistes, Corinne Cayrol (CNRS) et Jean-Philippe Girard (Inserm), ces derniers expliquent avoir identifié “l’une des molécules responsables du déclenchement de l’inflammation à l’origine des maladies allergiques respiratoires, telles que l’asthme et la rhinite allergique”.

Concrètement, ces chercheurs ont identifié l’existence d’une molécule de type alarmine, appelée TL1A, émise par les poumons lorsque ces derniers sont exposés à un allergène (des champignons dans l’air ou encore le pollen). Alarmine, car c’est celle-ci qui envoie ensuite des vagues de signaux d’alarmes au système immunitaire, déclenchant une véritable “cascade de réactions en chaîne responsables de l’inflammation allergique”, explique l’étude.

“Une application qui peut être très rapide”

L’identification de cette molécule alarmine pourrait bien totalement transformer la manière de guérir les allergies respiratoires. “Si on arrive à bloquer ces signaux d’alarme, alors on peut réussir à bloquer toute la cascade qui en découle. Alors que si on bloque les effets plus tard, le traitement ne peut pas être aussi efficace”, confirme à L’Express le biologiste Jean-Philippe Girard, qui a co-dirigé l’étude.

Le CNRS et l’Inserm assurent ainsi dans leur étude que “dans quelques années, des traitements à base d’anticorps bloquant l’alarmine TL1A pourraient bénéficier aux patients souffrant d’asthme sévère ou d’autres maladies allergiques”. Un constat appuyé par Jean-Philippe Girard. “On est sur une découverte importante, avec une application qui peut être très rapide. Je ne veux surtout pas faire miroiter des choses, ce n’est pas mon rôle. Mais on sait déjà que ce type de traitement fonctionne déjà et qu’il n’est pas dangereux, car il est notamment utilisé au niveau de l’intestin, contre la maladie de Crohn. D’ici cinq ans, on peut légitimement penser que des patients atteints d’asthme sévères pourront être traités de cette façon”.

Un traitement encore coûteux

Mais le biologiste de l’Inserm veut néanmoins rester prudent : cette avancée est encore loin de vouloir dire que toutes les personnes touchées par des allergies respiratoires seront guéries dans la décennie. “Ces traitements coûteraient pour l’instant très cher. Ils seraient surtout réservés aux cas d’asthme sévères, qui risquent de mettre la vie du patient en danger, et qui résistent aux traitements déjà existants”, insiste Jean-Philippe Girard.

17 millions de Français sont concernés par des maladies allergiques, dont 4 millions par de l’asthme. Cette découverte s’adresserait donc pour l’instant surtout à ceux touchés par l’asthme sévère, soit 5 % des asthmatiques en France. “Les formes d’asthme les plus graves sont responsables de plusieurs centaines de décès tous les ans”, rappellent d’ailleurs le CNRS et l’Inserm. Même si le mécanisme resterait le même pour des allergies moins dangereuses. “A condition de trouver une molécule qui coûte bien moins cher”, conclut Jean-Philippe Girard.

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