Au Danemark, le “scandale de la frégate” interroge sur les capacités militaires du pays

Au Danemark, le “scandale de la frégate” interroge sur les capacités militaires du pays

La presse danoise est en boucle depuis quelques jours. Oubliés les sujets liés aux affaires courantes, “le scandale de la frégate” fait couler beaucoup d’encre, relève Courrier international. Le 3 avril, le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, a convoqué le chef d’état-major des armées pour le limoger. Comment en est-on arrivé là ? Retour en arrière, au 9 mars : ce jour-là, la frégate danoise est la cible de drones kamikazes dirigés par des rebelles houthistes. À l’origine, la mission du vaisseau était de sécuriser le trafic maritime, donc aucune surprise avec cet échange de tirs.

Officiellement, l’opération est un succès : quatre drones sont abattus. Ainsi, le royaume danois pense que la frégate s’en est sortie haut la main, aucun problème technique n’ayant été remonté à l’exécutif. Sauf que la presse nationale n’en est pas restée là : selon le média spécialisé Olfi, la frégate danoise “Iver Huitfeldt”, envoyée en mer Rouge pour protéger les navires commerciaux des attaques houthies, a connu une défaillance de son système de munitions lors d’une de ces attaques.

Le site d’informations révèle qu’à la suite d’un dysfonctionnement entre le radar et le système principal de gestion de combat, aucun missile n’a pu être tiré pendant la première demi-heure de l’attaque. Autre raté : la moitié des obus tirés auraient explosé près du tube ou avant d’atteindre leur cible. La marine n’a pas nié ses informations une fois qu’elles ont été divulguées. Problème, Troels Lund Poulsen assure ne pas avoir été mis au courant de ces incidents. Depuis, la sentence est tombée : le ministre libéral a déclaré au quotidien de centre droit Berlingske que le général Flemming Lentfer n’avait plus sa “confiance”, à la suite d’”une évaluation globale” de son action.

“Un appareil militaire usé”

Ce limogeage survient à un moment où le Danemark tente d’unir toutes ses forces contre l’ennemi russe à la suite de l’invasion en Ukraine. À noter que Copenhague, un des plus fidèles alliés de Kiev, a conclu fin février un accord de sécurité de dix ans avec le pays en guerre. Il est aussi le quatrième plus grand donateur d’aide militaire à l’Ukraine, selon l’Institut Kiel pour l’économie mondiale, basé en Allemagne. “La menace est non seulement réaliste, mais aussi terrifiante […] Elle ne peut être comparée à aucune des menaces auxquelles nous avons été confrontés ces derniers temps”, est-il écrit dans le média Olfi. Or, le journaliste John Dalby tire la sonnette d’alarme sur les capacités nationales : “Ici au Danemark, nous nous trouvons aujourd’hui avec un appareil militaire usé qui a été réduit et réduit pendant plus de vingt ans au point d’être sur le point de ne plus être utilisable.”

Alors que le royaume avait annoncé, le 13 mars 2024, augmenter de 5,43 milliards d’euros ses dépenses de défense lors des cinq prochaines, les journalistes et l’opinion publique se posent la question de savoir s’ils seront bien dépensés. “La menace a été entendue et des fonds importants devraient être ajoutés. La question est : avons-nous la bonne structure pour convertir ces ressources financières en capacités militaires ?”, interroge Olfi.

Des ratés en pagaille

La veille de ces révélations, le 4 avril, la navigation dans un détroit séparant deux grandes îles danoises avait été interrompue plusieurs heures en raison du risque de lancement d’un missile d’une frégate de la marine. La défaillance était survenue lors d’un test sur un missile à bord de la frégate “Niels Juel”, qui se trouvait dans le port de Korsør.

“Le problème s’est posé dans le cadre d’un test obligatoire où le lanceur a été activé” et n’a pu être désactivé pendant plusieurs heures, avait expliqué le commandement de la Défense danoise dans un communiqué. Tant que le propulseur n’était pas désactivé, il existait “un risque que le missile soit tiré et vole à quelques kilomètres de distance”, a ajouté la Marine danoise, précisant en revanche qu’il n’y avait aucune menace que le missile explose.

Alors quel avenir pour la Défense danoise ? Le pays scandinave, l’un des fondateurs de l’Otan, avait déjà annoncé l’an dernier tripler ses dépenses militaires sur dix ans. Le Danemark va aussi allonger le service militaire, qui passera de quatre à onze mois et sera désormais ouvert aux femmes. Copenhague veut devenir un géant militaire, mais encore faut-il qu’il ait les capacités.

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